Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
secourir
et de servir. Nous ne demandons aucune rémunération. Que Dieu soit loué de vous
avoir épargné la vie, sans parler de vos économies.
    Sœur Ancilla commença à dire qu’en vérité les brigands
étaient un danger pour tous, puisque d’autres… et peut-être aurait-elle parlé
de l’autre voyageuse, si proche, mais la voix calme et uniforme de mère Luca l’en
empêcha.
    — Je vais vous faire porter une boisson carminative afin
de renforcer vos énergies vitales. Vous voudrez sans doute vous laver : on
vous apportera de l’eau chaude en attendant votre manger.
    Sur quoi elle sortit, suivie, après un instant de perplexité,
par sœur Ancilla, à qui mère Luca avait épargné d’inutiles paroles.
    Il était primordial que la veuve ait le temps d’utiliser l’eau
chaude avant qu’une sœur ne se présente avec la nourriture. Ce qu’elle devait
faire dans l’intervalle exigeait de la célérité, de l’habileté, le retrait
momentané du voile, et un couteau affûté comme un rasoir. Quand la sœur
converse revint, avec du pain, une demi-volaille froide et du vin, et abaissa
le volet pour laisser entrer la lumière, la veuve reposait sur son lit, rhabillée,
et la voilette rabattue sur des joues rasées de près.
    L’air épuisé, elle exprima d’une voix faible son anxiété sur
la manière dont son valet prenait soin de son cheval. Elle se sentait
responsable de cet idiot et serait heureuse de voir de ses yeux comment il
allait. La sœur converse suggéra d’un air dubitatif qu’on pourrait peut-être
autoriser le valet de Madame à venir jusqu’à l’entrée de l’infirmerie, si
Madame avait la force de marcher jusque-là. La veuve exprima sa totale confiance
en son rétablissement grâce aux bons soins de mère Luca, et suggéra que l’on
pourrait peut-être faire venir son valet pendant le repas de midi, de façon à
heurter le moins possible de pieux regards.
    La sœur converse admirait deux médailles de pèlerinage que
la veuve avait placées à côté de son lit, l’une provenant de Sainte-Godelive, à
Gand, et l’autre de Saint-Hubert, à Bruxelles ; elle se chargea de parler
du valet à sœur Ancilla. Sœur Benedicta déclinait rapidement, et les drogues
qui apaisaient sa douleur demandaient tout le talent de mère Luca dans le
dosage délicat qui lui permettrait de remettre en toute conscience son âme
entre les mains de Dieu.
    Sœur Giuseppe et la veuve se signèrent à cette pensée. Puis
la sœur s’en alla, consciente qu’elle était restée plus longtemps que
nécessaire avec leur nouvelle patiente qui, en dépit du pathétique de sa
condition, était quelque peu déconcertante.
    Ce fut après la tournée de mère Luca, juste avant tierce, que
la veuve tenta sa chance et quitta sa cellule.
    Le couloir venait d’être lavé et le sol était encore humide.
La veuve réfléchit un instant avant d’y laisser ses empreintes dont la taille
était susceptible de la trahir, mais elle espérait que les pavés sécheraient
avant qu’on les remarque, ou bien que ses traces seraient effacées par le
frottement de ses jupes. Elle alla d’abord jusqu’à la madone, s’immobilisa de
nouveau, dressant l’oreille. Elle devait prendre des risques.
    Cosima était seule, et moins hébétée que la veille.
    Elle sourit et, même si sa voix était faible et anxieuse, elle
parla.
    — Etes-vous venue prier pour moi, ma sœur ?
    Vais-je de mal en pis ?
    — Tu vas très bien, Cosima. Ce qui te rend malade, c’est
la boisson que te donne mère Luca. C’est elle qui t’endort et te trouble l’esprit.
    Cosima écarquilla les yeux.
    — Mère Luca dit que j’ai besoin de sommeil, pour me
remettre de ce qui est arrivé, et de mon mal  – la fièvre.
    — Je crois que tu n’as jamais eu de fièvre. Cela ne t’étonne
pas que ton père n’ait envoyé ni lettre ni message ?
    Les doigts de Cosima s’agitèrent entre les mains qui les
serraient.
    — La mère dit qu’elle lui a fait parvenir des nouvelles.
Il sait que je suis en sécurité.
    — Dans sa villa de campagne ? Non. Il croit que tu
as été enlevée par ses ennemis. Il ignore où tu te trouves.
    Cosima se frotta les yeux comme pour se débarrasser de
toiles d’araignée.
    — Je ne comprends pas. On m’a tirée des griffes de brigands.
    — Une ruse ! Les sœurs le croient peut-être, mais
tout a été arrangé pour t’éloigner de ton père afin de le faire souffrir.
    Les yeux de Cosima, à

Weitere Kostenlose Bücher