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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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présent grands ouverts, étaient
apeurés. Elle fit un effort pour se redresser.
    — Je dois avertir mère Luca. Elle m’aidera.
    — Mère Luca n’est pas ton amie.
    — Qui êtes-vous ? Comment savez-vous tout cela ?
Comment est-ce possible ?
    Elle retomba sur les oreillers, le souffle court, éperdue. La
veuve tourna la tête en entendant un lointain bruit de porte, puis parla en
toute hâte en se gardant de rendre à sa voix son timbre naturel.
    — Je suis Caterina, la cousine de ton père. J’ai assisté
à ton baptême. La croix que tu portes, c’est moi qui te l’ai donnée. Ton
serviteur Benno est ici, et ensemble nous te ramènerons à ton père. Mais si tu
désires le revoir, tu dois faire ce que je te dis, et ne parler à personne, ni
de moi, ni de ce que je t’ai dit…
    — Benno ? Comment est-il arrivé ici ? Est-ce
Père qui l’envoie ?
    — Ne parle à personne de ce que je t’ai dit. À personne.
    La veuve se leva et posa son index sur les lèvres de la
jeune fille. Elle eut à peine le temps de se glisser dans le couloir. De retour
du dortoir, mère Luca et sœur Ancilla trouvèrent la veuve agenouillée devant la
madone.
    — Vous êtes rétablie, ma fille, à ce que je vois.
    Mère Luca avait les mains enfoncées dans les manches, et ses
yeux, si tristes sous le pli des paupières, détaillaient avec attention sa
patiente.
    — Oh, ma mère, merci à Notre-Dame de vous avoir fait
venir. Je ne savais comment regagner mon lit sans secours. J’ai pensé que je
pourrais prier ici, et demander l’aide de Notre-Dame pour me rétablir ; c’était
de la folie. Je ne peux même pas me relever.
    Elle tendit les bras et les deux sœurs l’aidèrent ; mais
elle se releva plus grâce aux muscles de ses jambes qu’elles ne crurent : elles
eurent l’impression qu’elle s’appuyait de tout son poids sur elles. Les
murmures étouffés se poursuivirent d’une voix faiblissante tandis que, soutenue
par les deux sœurs, elle traînait des pieds jusqu’à sa cellule.
    — Mon cher mari avait un amour particulier pour la Vierge…
Il avait son nom sur les lèvres quand il a expiré… J’ai si peur…
    — De quoi avez-vous peur ?
    Mère Luca, qui voulut prendre le pouls de la veuve, en fut
empêchée lorsque cette dernière, joignant brusquement les mains, les porta à sa
bouche.
    — De mourir. Je me sens si faible.
    — Mais non, vous n’allez pas mourir, ma fille. Il est
vrai que vous êtes faible, mais c’est fréquent lorsqu’on a frôlé un grand
danger.
    Elle tendit de nouveau le bras vers le pouls de la malade, mais
celle-ci trébucha ; à cet instant une nonne parut dans l’embrasure de la
porte.
    — Mère Luca. Sœur Benedicta.
    Mère Luca n’hésita pas.
    — Reposez-vous, ma fille. Ne sortez pas de votre cellule.
Je vais vous faire porter une potion.
    Sans qu’elle eût à la hausser, sa voix était de toute évidence
habituée à ce qu’on lui obéisse, et elle recelait une pointe d’irritation. On
devait empêcher la veuve de se promener à sa guise. Cette grosse niaise était
un peu trop encombrante.
    Pendant l’heure suivante, toute l’attention de mère Luca fut
retenue par l’agonie de sœur Benedicta. Les autres soucis passèrent au second
plan. Elle envoya sœur Giuseppe donner son médicament à la jeune fille et lui
ordonna de revenir le plus vite possible ; on devait maintenir sœur
Benedicta dans la seule position qui pour l’instant allégeait sa souffrance. Mère
Luca devait se rendre au dispensaire. Que sœur Ancilla aille informer la
révérende mère. Que l’on persuade sœur Benedicta d’avaler la potion plus forte
qu’on lui avait préparée. Aux yeux expérimentés de mère Luca, cette soirée
devrait voir sœur Benedicta se séparer dans la joie de son corps tourmenté. Ce
soir, le Seigneur, dans Sa grande miséricorde, pourrait, comme il le faisait souvent,
accorder une totale résorption de la douleur afin que la nonne puisse quitter
cette vie de façon convenable. À ce moment-là, le père Vincenzio serait présent.
    La veuve devait passer devant la porte de la cellule de sœur
Benedicta pour atteindre celle de Cosima. La lumière de l’après-midi inondait
le couloir et la porte de la sœur agonisante était entrouverte. La silhouette massive
la dépassa sans bruit et, comme l’autre fois, s’arrêta devant l’autel pour s’assurer
que personne ne l’avait remarquée. Enfin, un doigt sur les lèvres, elle

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