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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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vers lui.
    — Moi, je crois que celui qui a tué la duchesse haïssait
le duc, qu’il le haïssait de tout son cœur, et qu’il a manigancé son coup de
façon à embrouiller le plus possible les choses, pour que l’on accuse le duc d’assassinat,
pour que les Di Torre et les Bandini continuent à se déchirer et conduisent
Rocca à la ruine. Imaginons qu’un agent du duc Francisco se trouve à Rocca, c’est
exactement le genre de chose qu’il adorerait fomenter.
    Sur quoi Benno hocha la tête d’un air irrévocable, sans se
douter qu’aux yeux de deux de ses auditeurs, il venait de passer du statut de
benêt à celui d’interlocuteur valable. Le fredonnement qu’émit Sigismondo était
aussi profond que celui d’une abeille butinant.
    — Allons, Martin. Raconte-nous ta version des faits après
que tu t’es fait virer par le duc.
    — Ugo Bandini m’a engagé pour retrouver Cosima Di Torre ;
le duc lui avait ordonné de la lui ramener, même si l’autre jurait ses grands
dieux qu’il n’avait aucune idée d’où elle se trouvait. Il m’a donc chargé de la
récupérer, afin de prouver au duc que c’est Di Torre qui la cachait quelque
part.
    — S’attendait-il vraiment à ce que le duc le croie si tu
ramenais la fille en disant que tu l’avais retrouvée au milieu d’un champ, sans
l’ombre d’un Bandini nulle part ?
    — Un homme dont le fils et héritier est promis à un garrottage
public n’est guère sensible à la logique.
    Pour sauver son rejeton, il était prêt à conclure un pacte
avec le Diable.
    — Et il t’a trouvé, plaisanta Barley en lui expédiant une
bourrade affectueuse que Sigismondo amortit sans mal. Le pauvre crétin. Remarque
que je le comprends.
    Mais alors, et le duc Francisco ? Où est sa main dans tout
ça ?
    — Bandini a changé d’avis. Tout d’abord, il se rongeait
les sangs ; il était prêt à me couvrir d’or pour que je retrouve la dame
et qu’il puisse marchander la vie de son fils. C’est alors que son intendant
est venu lui chuchoter quelque chose à l’oreille, et Bandini s’est absenté, me
laissant seul près d’une heure. Quand il est revenu, il m’a tenu un tout autre
discours et m’a remis en rechignant juste assez d’argent pour que je débarrasse
le plancher au plus vite. Sur le moment, je me suis dit qu’il agissait ainsi
parce qu’il venait d’apprendre où se trouvait la dame. À présent, c’est moi qui ai changé d’avis.
    Sigismondo prit quelques noix dans la main que lui tendait
Barley.
    — Comment l’avait-il appris ? Comment l’as-tu retrouvée ?
    — Peut-être bien en suivant une fausse piste. Les seuls
visiteurs à s’être présentés chez lui pendant que j’y étais étaient des nonnes
de Castelnuovo ; nous nous y sommes rendus. Pendant que j’échafaudais un
plan pour faire sortir dame Cosima du couvent, Benno, qui, comme vous le savez,
est un peu idiot, logeait dans les écuries ; et il a été intrigué par deux
hommes qui n’avaient guère à y faire. Ils semblaient attendre les ordres de
mère Luca, l’infirmière du couvent. Comme tu peux le constater, notre Benno a
un peu l’allure d’un ballot de vieilles frusques, et c’est en tant que tel qu’il
a pu surprendre les ordres qu’elle donnait aux deux lascars ; ces ordres
provenaient du duc Francisco. Ils devaient faire savoir à Bandini que « le
loup serait à la porte » le jour de la Saint-Romualdo. Ils devaient transmettre
le même message à une autre personne, dont ils turent le nom, ainsi qu’à Jacopo
Di Torre.
    Barley frappa dans ses mains, ce qui fit sursauter Benno.
    — Je vois ! Tu as raison, ce vieux renard de Francisco
trompe tout son monde. Di Torre et Bandini font ce qu’il veut afin de protéger
leurs enfants ; il fait passer le duc Ludovico pour un assassin et le
peuple de Rocca le croit ; mais le loup à la porte ?
    — Mon vieux maître n’est plus obligé de se plier à sa
volonté, fit Benno. Nous avons récupéré dame Cosima.
    — Di Torre l’ignore, lui fit remarquer Sigismondo en
prenant son verre posé à terre. C’est une des raisons pour lesquelles nous
devons aller à Rocca.
    — Donne-nous-en une autre, répliqua Barley en cherchant
des yeux une noix qu’il avait laissée tomber. Je préfère savoir pourquoi je vais
mourir.
    — Nous avons dame Cosima, mais Leandro Bandini croupit
toujours dans les cachots du palais. Tant qu’il y est, la vie d’Ugo Bandini et,
ce qui est

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