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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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qui voulait récupérer son argent, mais nous savons
que c’est un autre homme qui l’a engagé, et celui-là pourrait très bien
reconnaître en lui le danseur qui jouait l’Homme sauvage.
    Il se tut pendant qu’Angelo levait les yeux au ciel et, de
la main, faisait le geste non de se trancher la gorge mais, à la surprise de
Benno, de s’ouvrir le ventre.
    — Il répandra ses tripes sur l’échafaud en compagnie du
fils Bandini.
    Barley s’interrompit pour séparer les morceaux de cerneaux
des fragments de coquille et les enfouir dans sa barbe.
    — Et puis, il y a moi, poursuivit-il d’un air assombri.
J’étais censé te supprimer, ne l’oublie pas. Si je ne reviens pas avec ta tête
dans un sac, je risque de perdre la mienne. Et je ne passe pas inaperçu non
plus. La mort m’attend moi aussi à Rocca.
    — La mort attend chacun de nous, même le plus vaillant
des Écossais ; mais avec certains, elle est obligée d’être plus patiente
qu’avec d’autres.
    Sigismondo tendit son verre à Benno pour qu’il le remplisse,
puis poursuivit :
    — Et comme je suis officiellement un traître, n’importe
qui peut me faire mon affaire à Rocca. Nous devons guetter l’instant où notre
vigilante mort s’autorisera un bâillement et en profiter pour lui passer devant
sur la pointe des pieds.
    La vision de Sigismondo et Barley passant sur la pointe des
pieds devant quoi que ce fût, armé ou non d’une faux, fit silencieusement
glousser Angelo.
    Benno, en revanche, entretenait un autre motif d’inquiétude.
    — Qu’est-ce qu’on fera de dame Cosima ? Tout le monde
doit être à sa recherche, non ? Maintenant que vous avez ligoté la nonne
et tout ça.
    Barley et Angelo se tournèrent vers Sigismondo qui sourit en
se caressant le menton.
    —  Ligoté la nonne ? Je reconnais bien là
mon Martin ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Était-ce la jolie
nonne avec qui nous avons dîné ? Je la ligoterais bien de mes mains si
elle n’avait pas cet air de vouloir mordre. Qui est dame Cosima ?
    — C’est elle, dame Cosima. La nonne que j’ai ligotée
était mère Luca, l’infirmière du couvent de Castelnuovo. Elle rechignait à
perdre sa patiente par d’autres moyens que naturels. Ce sont ses vêtements que
vous avez vus pendant le dîner.
    — Tu l’as attachée et déshabillée  ? L’infirmière
du grand couvent de bénédictines sur la colline, près de la frontière ? Sur
les terres du duc Francisco ? Martin, tu as le chic pour créer des
problèmes.
    Barley abattit sa patte sur l’épaule de Sigismondo et se
pencha pour le dévisager d’un air admiratif.
    — Non content de te faire remarquer à Rocca, tu vas
chatouiller les narines d’un autre duc. Même en ayant autant de vies qu’un chat,
tu n’arriverais pas à les épuiser toutes.
    Angelo remua sur la peau de loup et, le reflet des flammes
dansant sur son visage, leva la tête.
    — Si vous êtes l’agent du duc Francisco, pourquoi violez-vous
ses nonnes ?
    Barley, choqué, intervint :
    — Il n’a pas parlé de viol…
    — Qui est cette dame Cosima déguisée en nonne ? C’est
celle qui a été enlevée par des brigands ?
    — Par les Bandini. C’est ce qu’on raconte à Rocca.
    — Ce qu’on raconte à Rocca ! s’exclama Sigismondo
avec un fredonnement cynique qui alla s’amplifiant. Les gens racontent n’importe
quoi à Rocca. Ils racontent ce qu’on leur dit de raconter, à Rocca ! Demandez
donc à un Bandini : il vous jurera que Di Torre a enlevé sa propre fille
pour faire accuser les Bandini, puis qu’il a tué la duchesse à coups de couteau,
qu’il a vêtu Leandro Bandini du costume de l’Homme sauvage, puis l’a assommé et
laissé sur le lit de la duchesse.
    Angelo s’était redressé, les yeux gris étrécis.
    — Vraiment ? Ce serait donc Di Torre qui m’a engagé ?
    Une certaine intonation de sa voix indiquait qu’il était
prêt à retourner à Rocca poignard en main dès qu’il saurait qui avait engagé l’assassin
et lui-même.
    Une réponse inattendue se fit entendre de la bouche de Benno.
    — Le seigneur Di Torre ? fit-il, poussé moins par
la conviction que par la volonté instinctive de protéger le père de dame Cosima.
Il ne ferait pas une chose pareille, pas mon vieux maître, non, c’est
impossible. Il n’aurait jamais poignardé la duchesse. Pas même pour mettre un
Bandini en difficulté.
    Il jeta un regard circulaire aux visages tournés

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