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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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avait demandé de rapporter.
    — Hum, oui, madame. Je les garde sur un petit anneau
séparé ; tenez. Mais je tiens à souligner que sur les instructions
expresses de dame Costa, je ne suis pas entré dans ces pièces, sinon pour m’assurer
que l’humidité ou les souris n’avaient pas…
    — Cela n’a aucune importance. Je ne regarderai pas la
poussière.
    Il en fut plus soulagé qu’il n’aurait pu le dire, car il lui
aurait été impossible de convaincre sa femme ou sa nièce de faire le ménage
dans ces pièces. Elles étaient en effet convaincues que ces lieux étaient
hantés, et il aurait manqué de tact en insinuant, quelles que fussent les
formes qu’il y eût mises, que le beau-frère de dame Donati était un hôte
indésirable.
    Pour des gens arrivés depuis si peu de temps en ville, ses
hôtes déployaient une intense activité. Le voyage ne paraissait avoir en rien
entamé leur énergie.
    Peu après le retour de la jolie femme de chambre, elle-même
et la fille de M me  Donati, tout enveloppée de voiles, partirent
pour quelque mystérieuse expédition en compagnie de l’imposant valet. Avec son
bonnet noir porté serré, il ressemblait de manière frappante et quelque peu
effrayante à l’homme qui, sous peu, se placerait derrière Leandro Bandini sur l’échafaud
que l’on dressait sur la grand-place.
    La première réaction de Cosima devant le rôle qu’on lui
proposait avait été un violent refus.
    — Jamais, jamais, jamais ! Comment moi, une Di Torre,
pourrais-je faire une chose pareille ? Comment même pouvez-vous me le
demander ? Jamais. Je refuse.
    Dans le silence qui s’ensuivit, elle avait senti le poids
des regards perplexes pesant sur elle, tandis que ses joues brûlaient d’une
indignation sans doute légitime. Elle s’était attendue à voir Benno abonder en
son sens, mais la seule chose que sut faire ce malappris fut de se gratter la
barbe d’un air absorbé. L’unique réponse audible à son éclat fut le
fredonnement désapprobateur de Sigismondo, plus grave encore que la voix qu’elle
lui connaissait.
    — Je pensais bien que vous refuseriez, dit-il. Je leur
avais dit que vous ne vous y résoudriez jamais. Nous devons penser à autre
chose.
    Pendant un moment personne ne prononça un mot, et la
respiration de Cosima s’apaisa. C’est alors qu’Angelo, se redressant dans sa
robe de laine verte comme s’il avait étudié toute sa vie la gestuelle féminine,
parla de sa voix légère et incisive :
    — Nous risquons notre vie ici, et vous, vous refusez de
risquer votre amour-propre. Or vous êtes tirée d’affaire, alors que Leandro
Bandini ne l’est pas encore.
    Barley s’emporta.
    — S’avez-vous quelle mort l’attend, madame ?
    Savez-vous ce qu’on fait à un traître ? On commence par…
    — Non, fît Sigismondo en levant la main.
    Cosima remarqua que Barley se taisait aussitôt.
    — Tu ne peux pas comprendre ce que ressent cette dame. Un
Di Torre refuserait un verre d’eau à un Bandini, fût-il environné des flammes
de l’enfer. Ce jeune homme est innocent du crime dont on l’accuse. Il n’a fait
aucun mal à dame Cosima. Il est voué à une mort affreuse, mais, en tant que Di
Torre, elle ne peut que s’en réjouir.
    — Ce n’est pas vrai.
    Elle avait senti qu’elle rougissait à nouveau ; elle était
si furieuse qu’elle en aurait pleuré.
    — Je ferai ce que vous me demandez. Personne ne pourra
dire qu’une Di Torre est dépourvue de charité chrétienne.
    Elle ignorait alors ce que cela signifierait pour elle.
    Toute sa vie, on lui avait pour ainsi dire interdit de sortir
au-dehors, sauf pour aller entendre la messe dans l’église voisine de la maison
de son père, quand on ne l’obligeait pas à y assister dans la chapelle de
famille.
    À présent voilà qu’elle marchait dans la rue, loin de chez
elle. Elle était heureuse d’avoir été confiée aux soins du jeune homme habillé
en femme qui la suivait à deux pas derrière elle, pendant que la carrure
massive de Barley la précédait. Depuis qu’elle avait quitté la maison de son
père moins d’une semaine auparavant, elle avait vécu plus d’expériences
incroyables qu’elle n’aurait cru possible. Elle se trouvait à présent mêlée à une
foule de gens ordinaires, dans le brouhaha et l’agitation d’une place publique,
où des mendiants exhibaient moignons et plaies hideuses, où des enfants se disputaient
un quignon de pain ramassé dans la

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