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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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assiette
avec un morceau de pain.
    — Mais, te connaissant, je sais qu’une chose au moins
est vraie : les secrets du palais n’en sont plus pour toi.
    — Le duc me faisait confiance ; mais il fait plus
encore confiance à son frère. C’est le seigneur Paolo qui a eu peur que j’en
aie trop appris.
    — Voilà un homme bon s’il en est ! s’exclama la veuve.
J’ai fait dire une messe à Sainte-Agnès l’année dernière pour l’anniversaire de
la mort de Federico, expliqua-t-elle en se signant, et le seigneur Paolo m’a abordée
sous le porche avant que je parte. Imaginez cet homme jouissant d’une haute
position à la cour et s’arrêtant au milieu de la foule pour parler à une veuve
éplorée ; et je vous assure que c’était des paroles douces et
réconfortantes, pas des banalités. Et quand il s’est éloigné, je me suis
aperçue qu’il avait traversé la moitié de la cathédrale pour venir me voir :
ses gens l’attendaient devant la porte menant au palais. « N’est-ce pas le
seigneur Paolo qui vous a parlé ? » a remarqué quelqu’un. On dit qu’il
répand la charité autour de lui. Je me souviens que ce jour-là, en rentrant chez
moi à pied, nous avons été retardés par une violente bagarre sur la place
opposant des hommes de Di Torre à des partisans de Bandini, au beau milieu des
étals du marché  – ces pauvres gens s’empressaient de remballer leurs
marchandises pour les préserver, mais des poteries de qualité furent brisées et
écrasées, de beaux tissus piétinés, j’ai même ramassé un petit enfant à moitié
mort avec un bras cassé. Je vois que j’ai un farouche partisan des Di Torre à
côté de moi, conclut-elle en tapotant à nouveau la main de la nonne, mais Rocca
ne prospérera jamais tant que ces deux familles se feront la guerre.
    — Pour cela, il faudrait que le duc bannisse les Bandini !
    La nonne parut surprise que les autres rient de sa farouche
réplique.
    — Selon une des rumeurs qui courent, Jacopo Di Torre
aurait fait assassiner la duchesse en s’arrangeant pour qu’on retrouve le fils
Bandini à côté d’elle.
    Pendant un instant, la nonne eut un air horrifié.
    — Les rumeurs, les rumeurs… fit Sigismondo. La vérité
gît au fond du puits, et je dois dire qu’on l’y a précipitée il y a fort
longtemps.
    La porte s’ouvrit devant des serviteurs apportant de nouveaux
plats : beignets de pomme, beignets de potiron, compote de mûres et petits
biscuits. La servante, qui débarrassait les plats précédents, contourna prudemment
Angelo, qu’elle considérait d’un regard à la fois méfiant et fasciné. Lorsque
la porte se referma, Sigismondo poursuivit à l’adresse de celui-ci :
    — Une chose dont nous pouvons être sûrs, c’est que l’homme
qui a engagé Barley n’est pas le même que celui qui t’a engagé, puisque tu l’as
tué entretemps. Mais est-ce la même personne qui agit derrière ces deux-là ?
    Sigismondo eut un large et doux sourire avant de reprendre :
    — En tout cas, cette personne n’engage que des étrangers.
Mais nous verrons cela demain. Ce soir, jouissons de notre compagnie, du bon
vin et de la bonne chère.
    — Et je bois à notre hôtesse. Puisse-t-elle vivre en paix
jusqu’à la fin de ses jours.
    Barley leva son verre à nouveau plein et s’inclina devant la
veuve. Celle-ci, après avoir marmonné que la paix n’était pas toujours synonyme
de gaieté, se mit à hocher la tête pendant que chaque convive levait son verre
et proposait à son tour un toast semblable à celui de Barley. La belle-sœur
lâcha un bruyant hoquet dans le bref silence qui s’instaura pendant qu’on
vidait les verres.
    — Oh ! Vous demande pardon… pas l’habitude d’un vin
aussi fort…
    Barley balaya du regard le sol autour de lui.
    — Qu’est-ce que c’était que ce bruit ? Un pet de souris ?
Ce vin est excellent, madame. Il n’y a rien à lui reprocher.
    C’est à la suite de cette dernière remarque que la veuve
proposa de laisser les hommes à leurs libations pendant qu’elle-même
accompagnerait sa belle-sœur jusqu’à sa chambre. Sigismondo ayant déclaré que Benno
s’occuperait de les servir, la veuve envoya également les servantes se coucher.
    Comme elle le lui avait demandé, Benno monta une nouvelle
fiasque de vin. On remit du bois dans le feu, on moucha une des chandelles et
chacun se rapprocha de la cheminée. Barley apporta la corbeille d’argent emplie
de

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