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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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à
refaire en sens inverse le chemin qu’ils venaient de parcourir. Durgan, cependant,
les entraîna dans une autre direction. Ils gravirent bientôt une longue rampe
inclinée, incurvée comme si elle longeait une enceinte circulaire. La pierre en
était lisse, preuve qu’elle avait dû être autrefois beaucoup empruntée, mais
leurs pas y soulevaient à présent de la poussière. L’air se rafraîchit. Incrédule,
Cosima huma une odeur d’encens. Ils atteignirent un replat, où Durgan tira une
porte qui s’ouvrit sur le vaste sol de marbre et la voûte sonore de
Sainte-Agnès.

 
CHAPITRE XIX
« Vous voulez que mon père commette une trahison ? »
    Ils avaient débouché à proximité d’un autel latéral.
    Cosima remit prestement ses voiles. Elle vit Sigismondo se pencher
pour parler à Durgan, puis la porte se referma et redevint invisible.
    Des fidèles qui venaient d’assister à complies quittaient, seuls
ou par groupes, le vaste édifice. Sigismondo rassembla ses compagnons. Ils
devaient veiller à rester dans l’ombre car ici, Leandro et lui ne pouvaient se
couvrir la tête. Il demanda à Leandro d’enlacer Cosima et de le suivre tout en
penchant son visage vers elle. Il se mit en route à pas lents, son capuchon remonté
haut autour du cou.
    — Ne pouvons-nous aller plus vite ? fit Cosima.
    — Allez-y, si vous tenez tant à attirer l’attention, marmonna
Angelo qui marchait sur ses talons.
    Une fois dehors  – avait-elle jamais autant apprécié l’obscurité ?
– les hommes remirent leur capuchon. La sinistre silhouette de l’échafaud se
dressait non loin. Ils le dépassèrent. Sigismondo accéléra l’allure. Après le vaste
espace découvert, ils pénétrèrent dans le dédale des rues ; Angelo
veillait à ce que sa lanterne n’éclaire que le sol à leurs pieds. Le froid
saisit Cosima, qui frissonna. Personne ne parlait. La petite troupe s’arrêta devant
une porte dont le seuil, auquel manquait une marche, s’élevait à hauteur de
genou. Sigismondo toqua au panneau selon un code convenu. La porte s’ouvrit sur
l’obscurité. Il se retourna et, sans cérémonie, saisit Cosima par les hanches
pour la poser sur le seuil. Des mains anonymes la réceptionnèrent, et elle reconnut
l’odeur de Benno. Il l’éloigna de la porte pour laisser entrer les autres.
    On fit de la lumière, on s’engagea dans un petit escalier. Cosima
dut s’arrêter et retirer son voile pour voir où elle posait les pieds. Après
avoir traversé un palier jonché de débris de plâtre, ils entrèrent dans une grande
pièce éclairée par de grosses chandelles, où un homme corpulent se leva d’un
fauteuil installé près d’un brasero ; Cosima vit l’incrédulité se peindre
sur son visage tandis qu’il faisait un pas en avant. Leandro se précipita vers
lui.
    Les deux hommes s’étreignirent, s’exclamèrent, se tinrent à
bout de bras pour se regarder, s’étreignirent et s’embrassèrent à nouveau. Enfin
ils se souvinrent qu’ils n’étaient pas seuls.
    — Ah, père, voici mon vaillant sauveur !
    Leandro s’approcha de Cosima et lui saisit le poignet, avec
grande liberté sembla-t-il soudain dans cette ambiance domestique et familiale,
même si au cours de leur aventure ils s’étaient tenu la main à plusieurs reprises
sans se poser de questions. Le jeune homme la conduisit vers son père.
    — Une courageuse dame ! Elle a joué son rôle à la
perfection. Ce que tu lui as payé pour le faire ne saurait suffire.
    Cosima s’immobilisa aussitôt. Leandro se retourna, elle
dégagea ses doigts de sa main et, tandis que le mot payé dansait dans sa
tête, le gifla à toute volée. Leandro chancela, les yeux ahuris, la joue
rougissante. Bandini et Angelo voulurent parler, mais elle les devança :
    —  Je suis une Di Torre !
    Leur surprise fut à son comble. Ugo Bandini aspira en
gémissant une goulée d’air, son fils ressembla quelques instants à la
caricature du jeune homme surpris que Cosima avait vue dans l’ouvrage de
physiognomonie de son père.
    — Je suis Cosima Di Torre, précisa-t-elle en augmentant
encore leur étonnement. J’ai agi comme je l’ai fait parce qu’on m’avait sauvée
et que vous étiez toujours en danger. Si vous osez penser une seule seconde que
moi ou quiconque dans ma famille puisse être payé pour rendre quelque service
que ce soit, vous…
    — Dame Cosima…
    La voix d’Ugo Bandini, masculine et puissante, domina
déloyalement la

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