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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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de l’homme, Leandro
projeta Cosima contre Sigismondo, qui parvint, en se contorsionnant, à retenir
le corps inanimé.
    Avec un regard apeuré vers l’obscurité d’où ils venaient, Cosima
s’aplatit le plus possible contre la muraille, ce qui permit à Sigismondo de
lui passer devant. Elle vit alors Angelo retirer son couteau, l’essuyer à la
robe de l’homme et le remettre là d’où il l’avait sorti. Le beau visage encadré
de tresses blondes n’exprimait ni colère ni satisfaction mais, malgré son calme,
il avait la respiration rapide  – et avait agi avec plus de rapidité
encore.
    Le silence retomba. Sigismondo, l’oreille aux aguets, écoutait.
Aucun changement dans le brouhaha qu’ils avaient perçu au-delà du mur.
    — Où pouvons-nous le cacher ? chuchota-t-il au nain.
On ne doit pas le retrouver.
    — Mais… c’est le secrétaire de mon père, fit Leandro. Que…
    — On verra ça plus tard. Durgan ?
    Le nain, dont la bouche arborait une moue pensive, hocha la
tête et indiqua la direction dans laquelle ils se dirigeaient. Angelo éteignit
la torche tombée à terre et poussa Cosima et Leandro en avant, à la suite de
Sigismondo qui portait le cadavre. La lumière de la lanterne de Sigismondo
 – qu’il avait prise à Piero  – fermait la marche, tenue d’une main
ferme par Angelo.
    — Mais il allait… fit Leandro.
    Surprise de l’entendre parler, Cosima ne fut en revanche pas
étonnée qu’Angelo, dans un langage de palefrenier, lui dise de la boucler.
    Durgan s’arrêta et obtura sa lanterne, aussitôt imité par
Angelo. Une fois de plus ils se retrouvèrent dans le noir, mais bientôt une
porte s’ouvrit devant eux. Une sorte de voile était suspendu en travers de l’embrasure,
masquant la lumière. Cosima s’aperçut qu’il s’agissait d’une tapisserie. La
silhouette de Durgan s’y découpa tandis qu’il jetait un coup d’œil dans l’espace
éclairé s’ouvrant derrière. Il souleva le tissu et leur fit signe.
    Ils traversèrent en toute hâte un couloir brillamment illuminé
de flambeaux. Cosima avait la gorge serrée et chaque centimètre carré de son
corps paraissait être conscient de la terrible visibilité de celui-ci. Elle s’attendait
à tout instant à entendre crier un garde.
    Ils s’engouffrèrent dans un long escalier qui descendait de
l’autre côté puis, arrivés à un palier où se dressaient deux colonnes encadrant
une statue, Durgan parut se volatiliser. Sigismondo, avançant en crabe, se faufila
entre le socle de la statue et la colonne. Cosima remarqua que Leandro l’aurait
laissée passer la première, mais Angelo le poussa dans l’étroit espace.
    C’est sa présence à lui qui aurait pu les trahir. Une petite
porte s’ouvrait derrière le socle et il s’y glissa.
    Cosima le suivit, puis Angelo, et Durgan rouvrit sa lanterne.
Ils découvrirent à leurs pieds une volée très pentue de marches en mauvais état,
qu’ils entreprirent de descendre.
    L’escalier commençait en pierres de taille et finissait par
des degrés creusés dans le rocher. La lanterne d’Angelo ne les aidait guère, ils
descendaient parmi un ballet d’ombres mouvantes. À un moment, Sigismondo trébucha
et une pierre dégringola bruyamment dans le noir. Ils progressaient pas à pas, dans
une atmosphère de plus en plus oppressante. Il faisait à nouveau froid.
    Cosima dérapa, Leandro lui prit la main pour l’aider.
    La sienne était forte et douce ; un Bandini n’aurait
pas dû avoir des mains agréables au toucher.
    Elle regretta de ne pas avoir mis des chaussures plus épaisses.
Les arêtes rugueuses des marches de pierre lui blessaient les pieds.
    Ils atteignirent une surface plane. Le nain alla de l’avant
et l’odeur indiqua à Cosima qu’ils devaient se trouver à nouveau près du donjon.
Durgan s’arrêta et, levant sa lanterne, leur montra une grille circulaire encastrée
dans le sol.
    Sigismondo posa le cadavre vêtu de sa robe bleue sanguinolente
et se mit au travail. Il dut envelopper ses mains dans ses larges manches afin
de pouvoir décoincer la grille rouillée. Il lui fallut plusieurs minutes pour dégager
entièrement l’orifice, mais moins d’une seconde pour précipiter le cadavre dans
les ténèbres.
    Après un long silence, ils entendirent un choc sourd loin
au-dessous d’eux.
    Si le sol avait été sec, Cosima se serait volontiers assise
pendant que Sigismondo remettait la grille en place. Elle redoutait d’avoir

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