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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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informateurs, ont été apposés, ici et là dans Paris, rappelant la maxime : « Le silence des peuples est la leçon des rois. »
    Il convoque Fouché dès son retour aux Tuileries. Mais le ministre de la Police générale, comme à son habitude, se défend, glisse d’un argument à l’autre.
    — Malgré la fusion des Gaulois et des Francs, dit-il, nous sommes toujours le même peuple ; nous sommes toujours ces anciens Gaulois qu’on représentait comme ne pouvant supporter ni la liberté ni l’oppression.
    Quel est ce galimatias ? Fouché croit-il qu’il va se sortir de ce mauvais pas par des considérations historiques ?
    — Que voulez-vous dire ?
    — Que les Parisiens ont cru voir dans les dernières dispositions du gouvernement la perte totale de la liberté et une tendance trop visible au pouvoir absolu.
    Napoléon prise avec une sorte de rage. Il connaît cette accusation de pouvoir tyrannique. Elle est stupide. Ce gouvernement, ici, dans cette France, ne peut pas être despotique, parce qu’il n’y a pour l’appuyer ni système féodal, ni corps intermédiaire, ni préjugé.
    Et Fouché le sait bien.
    — Je ne gouvernerai pas six semaines dans ce vide de la paix, reprend Napoléon, si, au lieu d’être le maître, je n’étais qu’un simulacre d’autorité.
    Il déteste le mince sourire de Fouché, son calme, sa prétention.
    — Soyez à la fois paternel, affable, fort et juste, dit Fouché, et vous reconquerrez aisément ce que vous semblez avoir perdu.
    Napoléon s’éloigne, lance :
    — Il y a de la bizarrerie et du caprice dans ce que l’on appelle l’opinion publique.
    Il est sur le seuil de la porte.
    — Je saurai la rendre meilleure, dit-il d’une voix forte.

Cinquième partie
    On peut tuer le peuple français, mais non l’intimider
    Septembre 1802 – Décembre 1803

18.
    Ils sont assis autour de lui dans le salon du château de Mortefontaine, la demeure de Joseph. Les croisées sont ouvertes sur la forêt de Senlis qui commence, en ce début du mois de septembre, à roussir.
    Napoléon se lève, quitte le cercle, mais d’un signe il exige que Lucien, Joseph, Talleyrand, Roederer, Lebrun, Cambacérès continuent de parler.
    Il passe sur la terrasse. L’air est doux, chargé des odeurs de la futaie. Il n’entend plus que les éclats de voix de Lucien. À l’exception de Talleyrand qui est resté silencieux, tous les autres ont accablé Fouché. Ministre trop puissant, jacobin masqué, homme secret qui tient les fils de toutes les conspirations, adversaire du Consulat à vie, obstacle à toute évolution ultérieure.
    Ce sont Joseph et Lucien qui ont insisté sur ce dernier point. Et Napoléon s’est contenté d’écouter.
    Il sait bien ce à quoi ils pensent tous.
    À l’après-moi !
    Lucien a même conseillé à Joséphine de se rendre à Plombières en emportant les médecines de ce bon vieux docteur Corvisart. « Allons, ma soeur, prouvez au consul qu’il se trompe, a-t-il dit, et donnez-nous vite un petit césarien. » Il aurait même ajouté – Joséphine l’a rapporté pour que Napoléon la rassure : « Eh bien, si vous ne voulez pas ou si vous ne pouvez pas, il faut que Napoléon ait un enfant d’une autre femme et que vous l’adoptiez, car il faut assurer l’hérédité ; c’est dans votre intérêt, vous devez savoir pourquoi. »
    Même Élisa, la soeur du Premier consul, dont Fouché murmure qu’elle est dévorée « par le double hoquet de l’amour et de l’ambition » – Élisa, qui se laisse conduire par les phrases ampoulées de Fontanes, son poète et amant –, s’est mise elle aussi à harceler Joséphine.
    À celle-ci qui répondait qu’elle avait eu deux enfants, Élisa a rétorqué de sa voix aiguë :
    — Mais, ma soeur, vous étiez jeune alors !
    Et Joséphine de fondre en larmes. Napoléon a lancé :
    — Ne savez-vous pas, Élisa, que toute vérité n’est pas bonne à dire ?
    Et Joséphine de sangloter.
     
    Napoléon donne un coup de cravache sur un massif de fleurs qui couronne une amphore disposée à l’angle de la terrasse.
    Souvent, quand il est pris dans des situations qu’il ne peut ou ne veut encore dénouer, il laisse sa colère jaillir. Il saccage le jardin, il casse un vase de porcelaine. Il lui est même arrivé, le matin, de renverser d’un coup de pied Roustam qui peinait à lui enfiler une botte ou se trompait de pied.
    Il rentre dans le salon. Roederer se tourne vers lui.
    Ils

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