[Napoléon 3] L'empereur des rois
les deux dynasties, rendant inaltérable ce traité. À moins que le bel allié de Saint-Pétersbourg ne consente à donner sa jeune soeur. L’Autriche, alors, serait prise dans un étau, et bien contrainte de respecter le traité.
Champagny, un instant silencieux, reprend : il a obtenu une contribution de 85 millions au lieu des 75 millions fixés par l’Empereur.
— Mais c’est admirable, cela ! Si Talleyrand avait été à votre place, il m’aurait bien donné mes 75 millions mais il aurait mis les 10 autres dans sa poche !
Le dimanche 15 octobre, dit-il, quand le traité aura été ratifié, il fera tirer le canon à la pointe du Prater, pour célébrer l’événement, la paix.
Toute la journée du dimanche, il entend, portés par le vent, les acclamations et les chants des Viennois qui célèbrent la paix.
Le lundi 16 octobre 1809, au moment de quitter le château de Schönbrunn, il se tourne vers le général Rapp.
— Sachez comment il est mort, demande-t-il.
Staps a été condamné à la peine capitale pour espionnage et il doit être exécuté ce lundi.
L’automne est beau, sur les routes d’Allemagne.
Le samedi 21, il arrive à Munich.
Il chasse dans les forêts des environs de la ville. Le pas des chevaux est étouffé par l’épais matelas de feuilles mortes. Il ne traque pas le gibier, le laissant s’enfuir, indifférent aux aboiements des chiens et aux cris des rabatteurs.
Il n’a en tête que le rapport de Rapp.
— Staps, a raconté Rapp, a refusé le repas qu’on lui proposait, disant qu’il lui restait encore assez de force pour marcher jusqu’au supplice. Il a tressailli quand on lui a annoncé que la paix était faite. Il a dit : « Ô mon Dieu, je Te remercie. Voilà donc la paix faite et je ne suis pas un assassin. »
À 4 heures du matin, le dimanche 22 octobre 1809, Napoléon griffonne quelques mots pour Joséphine.
« Mon amie, je pars dans une heure, je me fais une fête de te revoir et j’attends ce moment avec impatience. Je serai arrivé à Fontainebleau du 26 au 27. Tu peux t’y rendre avec quelques dames.
« Napoléon »
Quand lui parlera-t-il ?
1 - Cinquante centimètres environ.
Huitième partie
La politique n’a pas de coeur,
elle n’a que de la tête
27 octobre 1809 – 20 mars 1811
29.
Où est-elle ? Napoléon cherche Joséphine des yeux. Il saute de sa berline de voyage, s’arrête un instant au bas du grand escalier du château de Fontainebleau. Le grand maréchal du palais, Duroc, qui a quitté Schönbrunn quelques heures avant lui, vient à sa rencontre. Des aides de camp et des officiers l’entourent. Où est-elle ? Il lui avait demandé d’être présente avec les dames de la cour, mais elle a préféré ses aises, comme à son habitude.
Il est vrai que le jour commence à peine à se lever, ce jeudi 26 octobre 1809.
Napoléon aperçoit l’archichancelier Cambacérès, l’entraîne et, tout en marchant vers son cabinet de travail, le félicite pour sa ponctualité et commence à l’interroger. Qu’en est-il de l’opinion ? Pourquoi a-t-on été si lent à repousser le débarquement anglais dans l’île de Walcheren ? Quelle folie que d’avoir osé nommer Bernadotte à la tête des Gardes nationales chargées de cette tâche !
Bernadotte est un incapable, soucieux de ses petites intrigues et malade de jalousie et d’ambition. C’est Fouché, n’est-ce pas, qui l’a désigné ? Que sait-on à Paris de ce jeune Frédéric Staps, de ce fanatique, de ce fou qui voulait me poignarder ?
Napoléon s’arrête devant Cambacérès, debout au milieu du cabinet de travail.
Il ne craint pas la mort, dit-il. Les poignards ou les boulets, le poison seront impuissants contre lui, car il a un destin à accomplir.
Il s’assied. Il observe longuement Cambacérès. Cet homme avisé, prudent, reste le plus souvent silencieux. Il a toujours soutenu Joséphine. Il s’est, chaque fois que le bruit en a couru, montré hostile au divorce. C’est l’adversaire de Fouché.
Il craint une réaction de l’opinion si l’Empereur épouse une descendante de la dynastie des Habsbourg, une Autrichienne, ou une héritière de la dynastie des Romanov.
Où est l’Impératrice ? interroge à nouveau Napoléon.
Les souverains viennent à moi, les armées et les places fortes capitulent, les maréchaux et les ministres m’attendent à l’aube, et cette vieille femme n’est point capable de me
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