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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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impériale. Il a appris la liaison de Caroline et Junot le jour même de son arrivée à Paris. Elle doit cesser immédiatement.
    — Je veux, répète-t-il.
    Depuis sa première audience, hier, mardi 28 juillet à 8 heures, ici, au château de Saint-Cloud, il a prononcé presque à chaque instant ces deux mots. Il veut, et il n’est plus question que l’on discute ses ordres.
    Il a décidé, déjà, de supprimer le tribunat. À quoi sert cette assemblée de bavards qui discutent de projets de loi ?
    Il a décidé de changer de ministres. Il veut en finir avec Talleyrand. Il l’a observé, à Tilsit, se conduisant non comme un ministre des Relations extérieures aux ordres de son Empereur, mais comme un prince ayant sa cour, gardant ses distances, le regard ironique. Mais il y a plus grave. Ce ministre est à vendre, toujours.
    — C’est un homme à talents, dit Napoléon à Cambacérès en lui annonçant le changement de ministère. Mais on ne peut rien faire avec lui qu’en le payant. Les rois de Bavière et de Wurtemberg m’ont fait tant de plaintes sur sa rapacité que je lui retire son portefeuille.
    Il sera vice-Grand Électeur, avec 495 000 francs par an ! Et Champagny le remplacera. Berthier est fait vice-connétable, et Clarke devient ministre de la Guerre.
    Je veux .
     
    Il faut tenir les ministres en main. Ce ne sont que des exécutants.
    Mais il faut par cet exemple qu’on sache que tout le monde doit se soumettre. Durant ces dix mois d’absence impériale, on a pris de mauvaises habitudes. On a même espéré ici et là voir mourir l’Empereur ! Il en est sûr.
    Napoléon regarde Caroline. Il la devine, cette ambitieuse. Il ne lui suffit pas d’être la grande-duchesse de Berg. Si elle s’est emparée du coeur de ce brave Junot, c’est sans doute qu’elle espérait, dans l’hypothèse où Napoléon disparaîtrait, pouvoir compter sur cet amant passionné pour pousser Murat à la tête de l’Empire.
     
    Il y a aussi d’autres petits complots qui se trament dans les salons du faubourg Saint-Germain, ceux de l’ancienne noblesse.
    — On s’appelle encore duc, marquis, baron, on a repris ses armes et ses livrées, dit Napoléon à Cambacérès. Il était facile de prévoir que, si l’on ne remplaçait pas ces habitudes anciennes par des institutions nouvelles, elles ne tarderaient pas à renaître.
    Il entraîne Cambacérès dans les galeries du château en le prenant par le bras.
    — Je veux créer une noblesse d’Empire, l’exécution de ce système est le seul moyen de déraciner entièrement l’ancienne noblesse.
     
    Maintenant il est seul dans ce grand salon du château de Saint-Cloud où la chaleur de ce mercredi 29 juillet 1807 est déjà accablante. L’été est radieux.
    Napoléon va et vient à pas lents dans ce château qu’il aime, où il retrouve ses habitudes, l’odeur de la forêt voisine.
    Il se regarde dans les miroirs qui décorent les galeries. Il a grossi durant ces dix mois en campagne, loin de France. Son visage est rond. Il a encore perdu des cheveux. Il ressemble à un empereur romain.
    Il prend une prise.
    L’on joue à Paris, en son honneur, Le Retour de Trajan . Flagorneries, il le sait. On l’y acclame. Les rues sont illuminées.
    Il a voulu parcourir les quartiers de la capitale. Il est descendu de voiture au Palais-Royal, il a marché là où autrefois il était enivré par le parfum des femmes.
    On le reconnaît. On crie : « Vive l’Empereur ! » Il est pensif tout à coup.
     
    Il n’a pas voulu, malgré les pleurnicheries de Joséphine, retrouver le lit conjugal, la chambre commune abandonnée depuis plusieurs années déjà.
    Dès la deuxième nuit, il s’est rendu chez Éléonore Denuelle. Elle est toujours désirable et coquette, mais avec une sorte d’insolence et d’autorité déplaisantes.
    Elle a écarté le voile de gaze qui cache le berceau et il a vu l’enfant, le comte Léon, un bébé d’un peu plus de six mois, qui dort.
    L’émotion, tout à coup, a envahi Napoléon. Ce fils est le sien, à n’en pas douter. Il le voit, il le sent. Il touche sa tête ronde.
    Il se souvient de Napoléon-Charles, de la joie qu’il éprouvait à jouer avec le fils d’Hortense et de Louis sur la terrasse de Saint-Cloud, de cette même sensation de ressemblance qu’il éprouve aujourd’hui.
    Il avait souvent dit : « Je me reconnais dans cet enfant… Celui-là sera digne de me succéder, il pourra me surpasser

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