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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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encore. »
    La mort a pris Napoléon-Charles. Le destin a imposé sa loi. Le comte Léon ne sera pas mon héritier. Mais si je n’ai pas de fils, à quoi servent toutes ces pierres que j’entasse pour un palais impérial qui sera sans héritier ?
    Même ma soeur Caroline anticipe ma mort .
    Et ces rues illuminées, ces acclamations, ces courbettes et ces flatteries, et même ce cours de la rente qui flambe, jamais aussi haut depuis le début du règne, 93 francs – que deviendraient-ils à l’annonce de la mort de l’Empereur ?
    Il se sent seul dans ce déluge d’hommages qui jaillissent de toutes parts. Il n’est grisé ni par les lampions qui illuminent Paris, le 15 août, pour célébrer la Saint-Napoléon, ses trente-huit ans, ni par les compliments des courtisans.
     
    Il sort dans la nuit d’été, en compagnie du seul Duroc. Il veut se mêler au peuple des promeneurs qui, ce 15 août, jour de fête, se pressent dans les jardins des Tuileries. Personne ne le remarque, mais on acclame son nom, il voit ce peuple désintéressé qui applaudit à ses victoires.
    Ce peuple le rassure. Il rit quand Duroc lui rapporte ce mot de Fouché sur le nouveau titre de Talleyrand, vice-Grand Électeur. « Il n’y avait que ce vice-là qui lui manquât, dans le nombre cela ne paraîtra pas », a dit le ministre de la Police générale.
    Un univers sépare de ce peuple les Fouché et les Talleyrand !
    Il pense à ce qu’il dira le lendemain au Corps législatif. « Dans tout ce que j’ai fait, j’ai eu uniquement en vue le bonheur de mes peuples, plus cher à mes yeux que ma propre gloire… Français, votre conduite dans ces derniers temps a augmenté mon estime et l’opinion que j’avais de votre caractère. Je me suis senti fier d’être le premier parmi vous. »
    Il aime ce pays, ce peuple. Il est ému. Il faut qu’il se confie. Il rentre aux Tuileries, et, seul dans son cabinet de travail, il écrit.
    « Ma douce et chère Marie,
    « Toi qui aimes tant ton pays, tu comprendras avec quelle joie je me retrouve en France, après presque un an d’absence. Cette joie serait entière si tu étais ici, mais je t’ai dans mon coeur.
    « L’Assomption est ta fête et mon anniversaire de naissance : c’est une double raison pour que nos âmes soient à l’unisson ce jour-là. Tu m’as certainement écrit comme je le fais en t’envoyant mes souhaits ; ce sont les premiers, faisons des voeux pour que bien d’autres les suivent, pendant beaucoup d’années.
    « Au revoir, ma douce amie, tu viendras me rejoindre. Ce sera bientôt, quand les affaires me laisseront la liberté de t’appeler.
    « Crois à mon inaltérable affection.
    « N. »
    Mais il sait bien que les « affaires » ne s’interrompent jamais et que, s’il veut retrouver un jour Marie Walewska, ce sera en volant quelques instants à ses journées d’Empereur. Il songe même parfois que jamais plus elle et lui ne vivront des moments d’intimité aussi paisibles que ceux passés au château de Finckenstein.
    Ici, à Paris, les audiences se succèdent, les dépêches s’accumulent et il faut visiter les travaux entrepris au Louvre ou ceux du pont d’Austerlitz. Il faut passer les troupes en revue, écrire au roi de Wurtemberg pour lui confirmer que le mariage entre sa fille Catherine et Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, aura lieu le 22 août.
    Il faut constamment être sur ses gardes.
    Il apprend que les Autrichiens recrutent de nouvelles troupes. Il convoque Champagny, le nouveau ministre des Relations extérieures. « Je désire que vous écriviez à M. de Metternich une lettre confidentielle, douce, mesurée », mais précise. « Quel esprit de vertige s’est emparé des esprits de Vienne ? direz-vous. Vous mettez toute la population sous les armes, vos princes parcourent les champs comme des chevaliers errants… et le moyen d’empêcher que cela ne tourne en crise ? »
    Il est songeur, après le départ de Champagny.
    Il a la sensation d’être contraint de courir d’un bout à l’autre de l’Europe pour fermer les portes de la guerre. Elles battent, et, quand l’une est close, l’autre se rouvre et les croisées s’entrechoquent.
    L’Autriche s’arme déjà. L’Angleterre masse une flotte devant Copenhague pour contraindre les navires danois à rejoindre l’Angleterre. La Prusse refuse de payer les contributions qu’elle doit. Et le Portugal ne ferme pas ses ports aux marchandises

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