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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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C’est le général Solignac, que j’ai toujours ignoré, méprisé même, bien qu’il fût avec moi au 18 Brumaire, mais que j’ai destitué pour ses malversations, son refus de rendre les comptes de son armée, et que voici, lui, m’apportant un ultimatum des Chambres. On me donne une heure pour abdiquer, sinon ce sera la déchéance !
    Il ne répond pas à Solignac. On ignore un homme comme lui.
    Il marche dans le cabinet de travail. Voici Lucien qui gesticule, qui rappelle le 18 Brumaire, où la situation était bien plus difficile qu’aujourd’hui.
    — Vous avez tous les pouvoirs ! crie Lucien. L’étranger marche sur Paris. Jamais dictature militaire ne fut plus légitime.
    Napoléon s’approche de Lucien, le prend par le bras. Il faudrait vouloir. Et il ne veut plus.
    — Mon cher Lucien, dit-il d’une voix calme, presque avec l’indifférence de quelqu’un qui regarde les événements de loin, il est vrai qu’au 18 Brumaire nous n’avions pour nous que le salut du peuple. Aujourd’hui, nous avons tous les droits, mais je ne dois pas en user.
    Fouché entre.
    Je méprise ce personnage de toutes les intrigues. Terroriste, régicide, âme de la conspiration contre Robespierre, maître de la Police, ce ministre m’a trahi autant qu’il l’a pu. Et maintenant il vient exiger mon abdication .
    — Eh bien, qu’il en soit comme ils veulent, dit Napoléon. L’avenir dira s’ils ont ainsi mieux servi la France. Ils vont être satisfaits.
    Il se tourne :
    — Prince Lucien, écrivez, dit-il.
    Il commence à marcher tout en dictant calmement. Il n’est plus pressé. Il a atteint le rivage. Il regarde l’océan aux flots déchaînés qu’il a traversé pour arriver à ce point de sa vie.
    « Français, en commençant la guerre pour soutenir l’indépendance nationale, dicte-t-il, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés, et sur le concours de toutes les autorités nationales. J’étais fondé à espérer le succès. Les circonstances me paraissent changées. »
    Il regarde l’un après l’autre ces dignitaires, ces ministres qui l’entourent.
    « Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France », dit-il avant de s’interrompre.
    Mais il hausse les épaules.
    Que comprennent-ils de moi ?
    « Puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, reprend-il, et n’en avoir voulu réellement qu’à ma personne. Ma vie politique est terminée et je proclame mon fils, sous le nom de Napoléon II, Empereur des Français. L’intérêt que je porte à mon fils m’engage à inviter les Chambres à organiser sans délai la régence par une loi.
    « Unissez-vous pour le salut public et pour rester une nation indépendante. »
     
    C’est fait. Il les regarde partir.
    Ils se pressent pour aller porter la bonne nouvelle. Bien sûr, ils n’organiseront pas la régence. Qui se soucie, à part moi, de mon fils ? Et que suis-je pour lui ? Ils oublieront le roi de Rome pour se soumettre aux vainqueurs. Ils se rallieront donc tous aux Bourbons .
    On lui rapporte les manoeuvres de Fouché, de La Fayette. Seul à la Chambre des pairs, La Bédoyère a osé parler en sa faveur. « Malheur à ces généraux vils qui l’ont déjà abandonné, pressés de recevoir la loi des étrangers, a-t-il dit. Où sont donc leurs serments ? Il est donc décidé qu’on n’entendra jamais dans cette enceinte que des paroles basses ? »
    Pauvre La Bédoyère ! Trop courageux pour ces habiles qui veulent me voir partir, parce qu’ils craignent que le peuple ne se lève .
    Il écoute encore. Ce sont toujours les mêmes cris qui montent des rues : « Vive Napoléon », « À bas les Bourbons ». Il marche dans le palais désert. Il reconnaît la silhouette de Davout, maréchal, prince d’Eckmühl, duc d’Auerstaedt, qui vient au nom de l’Assemblée me sommer de quitter les lieux .
    — Où veut-on que j’aille ?
    Puis il tend le bras vers le jardin.
    — Vous entendez ces cris. Si je voulais me mettre à la tête de ce peuple, qui a l’instinct des vraies nécessités de la patrie, j’en aurais bientôt fini avec tous ces gens qui n’ont eu du courage contre moi que quand ils m’ont vu sans défense ! On veut que je parte ?
    Il a un mouvement de tout le corps pour exprimer son mépris.
    — Cela ne me coûtera pas plus que le reste. Fouché trompe tout le monde et sera le dernier trompé, et pris dans ses propres filets ! De sa main,

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