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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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où j’aurai battu l’ennemi.
    Becker approuve, s’élance.
    Je peux encore convaincre les hommes de bonne foi .
    Napoléon passe dans la bibliothèque. Il attend.
    Mais à Paris, qui peut accepter sa proposition ? Il marche lentement. Les Fouché, les Lanjuinais et même Davout accepteraient-ils aujourd’hui ce qu’ils ont déjà rejeté hier ? Il reçoit Joseph, qui va quitter la France pour les États-Unis.
    — S’ils refusent ma proposition, dit Napoléon, je n’ai plus qu’à partir !
    Il appelle le grand maréchal du Palais, annonce son intention.
    — Donnez des ordres. Quand ils seront exécutés, venez me prévenir.
     
    Becker est de retour. Il dit qu’à Paris la foule continue d’acclamer le nom de Napoléon. Mais la commission gouvernementale a rejeté la proposition de l’Empereur.
    — Ces gens-là ne connaissent ni l’état des choses ni celui des esprits, murmure Napoléon.
    Il quitte lentement son uniforme, revêt un frac marron et une culotte bleue. Il coiffe un chapeau rond. Il se regarde dans un miroir. Voilà l’homme de la nouvelle vie.
    Partir, maintenant, le plus vite possible. Hortense pleure. Des généraux tempêtent, réclament de l’argent. Qu’on les paie, lance-t-il. Puis il va vers les siens. Adieu, ma mère. Adieu, mon fils.
    Il entre dans la chambre de Joséphine.
    Si loin, si proche, ce temps-là.
    Et d’un pas rapide il se dirige vers la voiture.
    Il est dix-sept heures trente, le jeudi 29 juin 1815.
     
    Becker et Savary assis en face de lui, Bertrand installé à sa gauche baissent les yeux quand ils croisent son regard. Aucun d’eux ne parle.
    À Rambouillet, Napoléon décide tout à coup de dormir au château. Il étouffe. L’air est lourd. Qui sait si des assassins n’attendent pas son passage sur les routes forestières ? Tant de gens rêvent de sa mort. Il veut aller au bout de sa nouvelle vie.
    Le matin, lorsqu’il paraît, la foule est là, contre les grilles du château. Et les cris s’élèvent : « Vive l’Empereur ! »
    Le dimanche matin 2 juillet, à Niort où il vient de passer la nuit, la foule a envahi les rues. On l’a reconnu. Les hussards qui tiennent garnison en ville manifestent à leur tour.
    Il reconnaît le général Lallemand, un ancien d’Italie et d’Égypte, qui explique d’une voix haletante que l’on peut rassembler les troupes des généraux Lamarque et Clausel en Bretagne et en Vendée et ainsi ouvrir un front.
    Il détourne la tête. Ces plans qu’on lui propose, ces cris qu’il entend, ces hussards qui saluent sabre au clair, ce préfet dévoué, tout cela comme un reflet déjà lointain de son pouvoir, une dernière image. Mais à se laisser prendre à ce mirage, il finirait, lui, l’Empereur, en hors-la-loi.
    — Je ne suis plus rien, et je ne peux plus rien, dit-il.
    Il quittera Niort demain, lundi 3 juillet à quatre heures.
    Le soir, vers vingt heures, il entre dans Rochefort. Il aperçoit dans la rade les deux frégates françaises, la Saale et la Méduse , qui doivent assurer son passage vers les États-Unis.
    Et, au large, il découvre les navires anglais placés de manière à empêcher toute sortie de la rade. Leurs coques massives se découpent sur le crépuscule.
    Sans l’aide de la fortune, rien ne se déroule jamais comme on l’espère.
    1 - Le sport répandu en Angleterre et qui symbolise pour les Français d’alors la violence et la vulgarité.

32.
    Il s’est assis dans les appartements de la préfecture maritime de Rochefort. En 1808, il a séjourné là. Il était au sommet de sa gloire et de sa puissance. Qu’est-il maintenant ?
    Il écoute le préfet maritime Casimir de Bonnefous. Cet homme qu’il a nommé l’a, bien sûr, comme presque tous, trahi.
    Il s’est rallié à Louis XVIII et a accueilli dans ce lieu même le duc d’Angoulême, qui tentait de dresser en mars 1815 les populations de l’Ouest contre moi. Quelle confiance lui accorder ? Il sera l’instrument docile des décisions prises à Paris. Et que veut-on faire de moi ? Me laisser gagner l’Amérique ? Les Alliés n’ont pas délivré de sauf-conduit. Et il faudrait forcer cette croisière anglaise qui, avec ses navires, tient les passes. Et pourquoi les traîtres de Paris ne souhaiteraient-ils pas mon naufrage et ma mort ou mon arrestation ? Talleyrand est devenu Premier ministre de Louis XVIII ! Et Fouché, son ministre de la Police ! Qu’attendre de ces hommes-là, que j’ai percés à

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