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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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à nouveau dans le jardin de la Malmaison. Il accueille le banquier Laffitte.
    — Ce n’est pas à moi précisément que les puissances font la guerre, dit-il. C’est à la Révolution. Elles n’ont jamais vu en moi que le représentant, l’homme de la Révolution.
    Il soupire.
    — Il me tarde de quitter la France. Qu’on me donne les deux frégates que j’ai demandées et je pars à l’instant pour Rochefort.
    Puis il entraîne Laffitte. Il a confiance dans cet homme, qui administre la Banque de France, et qui, il le sait, a géré le trésor de Louis XVIII. Que peut-on sans argent ? Rien. Il faut donc parler d’argent.
    — Je ne sais pas encore ce qui m’est réservé, dit-il. Je suis encore en bonne santé et j’ai encore quinze années devant moi. Je dors et je m’éveille quand je veux, je peux monter à cheval quatre heures durant et travailler dix heures par jour. Ma nourriture ne coûte pas cher. Avec un louis par jour, je peux vivre très bien n’importe où. Nous verrons bien.
    Il s’assied. Il a fait porter à Laffitte trois millions en or, pris dans le trésor des Tuileries, puis il lui confie huit cent mille francs en espèces, et ce qui reste du trésor de l’île d’Elbe. Pas loin de cinq millions en tout, n’est-ce pas ? D’un geste, il refuse le reçu du banquier. Il a confiance, répète-t-il. Il faudra, avec cette somme, pourvoir les frères, la mère, les gens de la Maison impériale, les époux Bertrand, les valets. Cent mille francs pour Jérôme et pour Madame Mère, sept cent mille pour Joseph, deux cent cinquante mille à Lucien. Et ne pas oublier Hortense, Marie Walewska, Mme Pellapra, Mme Duchâtel.
     
    Elles viennent l’une après l’autre à la Malmaison, ces femmes de ma vie. Marie pleure, pousse son fils, mon fils, vers moi .
    Il embrasse l’enfant. Il doit contenir ce flot d’émotion qui l’étouffe.
    Voici Léon, mon autre fils, avec son tuteur. Neuf ans déjà depuis qu’une nuit sa mère Éléonore Denuelle de La Plaigne est venue vers moi .
    Toute ma vie qui se concentre. Et manquent ma femme et mon fils légitime .
    Il s’éloigne dans les allées du parc, revient vers Hortense, murmure :
    — Que c’est beau, la Malmaison. N’est-ce pas, Hortense, qu’il serait heureux d’y pouvoir rester ?
    Il s’assied, silencieux.
    Un officier de la Garde nationale arrive, hors d’haleine. Les Prussiens de Blücher approchent. Ils peuvent tenter un coup de main contre la Malmaison.
    Il rit :
    — Je me suis laissé tourner.
    Puis il rentre à pas lents. Prisonnier des Prussiens, jamais. Il tend à Marchand un petit flacon rempli d’un liquide rouge que le docteur Corvisart lui a donné.
    — Arrange-toi pour que je l’aie sur moi, soit en l’attachant à ma veste, soit à une autre partie de mes vêtements, toujours de manière que je puisse m’en saisir facilement.
    Il voit l’expression affolée de Marchand. Il lui pince l’oreille. Il ne veut pas mourir s’il peut vivre une autre vie, murmure-t-il. Mais emprisonné ici, sur le sol de France, cela ne peut être. À cette humiliation-là il préfère la mort. Il veut choisir son sort. Et qu’ensuite les choses aillent comme elles pourront.
    Ce sera ma destinée .
     
    Il entend des cris : « Vive l’Empereur ! » Un régiment de ligne longe le parc de la Malmaison. Les tambours roulent. Les voix s’amplifient. Un officier entre, explique que l’armée de Blücher s’est avancée vers Paris, seule, sans attendre les troupes anglaises.
    Seule.
    On pourrait battre Blücher. Napoléon se précipite vers son cabinet de travail, examine les cartes :
    — La France ne doit pas être soumise par une poignée de Prussiens ! lance-t-il au général Becker, qui a été chargé par Fouché de commander les soldats de la Garde affectée à l’Empereur. Je puis encore arrêter l’ennemi, et donner au gouvernement le temps de négocier avec les puissances.
    Il fait de grands pas, parle sur un ton enflammé.
    — Après, je partirai pour les États-Unis afin d’y accomplir ma destinée.
    Il interpelle Becker.
    — Qu’on me rende le commandement de l’armée, non comme Empereur, mais comme général. J’écraserai l’étranger devant Paris. Allez porter ma demande à la commission de gouvernement, expliquez-lui bien que je ne songe pas à reprendre le pouvoir.
    Il tend le bras.
    — Je promets, foi de soldat, de citoyen et de Français, de partir pour l’Amérique le jour même

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