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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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aperçoit dans la lumière dorée les dômes, les clochers, les palais.
    Un aide de camp arrive au galop. La ville est vide. Un officier d’état-major russe a demandé une suspension d’armes. La ville, a-t-il dit, est remplie de soldats russes ivres. L’officier a recommandé les blessés à la clémence de l’Empereur.
    Ce silence qui monte de la ville étreint Napoléon.
    Il nomme le général Durosnel gouverneur de Moscou. Il faut que Durosnel occupe les bâtiments publics et fasse respecter l’ordre.
    Mais ce silence qui recouvre la ville l’angoisse.
    Il chevauche lentement jusqu’à la barrière de l’enceinte. Les aides de camp arrivent. Ils n’ont rencontré aucune députation de notables. Moscou est un désert où l’on ne croise que quelques malheureux hirsutes, sales, vêtus de peaux de mouton, des bagnards sans doute évadés des prisons.
    Napoléon fait quelques pas au-delà de la barrière.
    Il est à Moscou et il n’éprouve aucune joie.

Deuxième partie
    Je suis dans l’obscur de tout
    14 septembre 1812 – 5 décembre 1812

5.
    Il a un haut-le-coeur en entrant dans cette auberge du faubourg de Dorogomilov où il doit passer la nuit du 14 septembre 1812. Il regarde un instant les fourriers et les chasseurs de son escorte qui s’affairent, versent du vinaigre et de l’alcool qu’ils font brûler pour chasser cette odeur de pourriture qui flotte dans les pièces.
    Il enrage. Il ne peut refouler cette inquiétude sourde qui en même temps le ronge.
    Où sont les représentants de cette ville ? Même au Caire, ils se sont présentés à lui, ils ont reconnu sa victoire, son autorité. Il a pu dialoguer avec eux.
    Mais comment négocier la paix si personne n’est là pour m’écouter et me répondre ?
    Il ressort. Le froid est vif. Mais il est surtout saisi par le silence que viennent parfois déchirer quelques détonations.
    Il s’avance vers le grand maréchal Duroc qui revient d’une reconnaissance dans le centre de Moscou. Les soldats qui l’accompagnent poussent devant eux quelques habitants qui parlent français. Ils ont l’air égaré. Ils ne savent rien. Ils auraient dû quitter la ville comme la majeure partie de la population, expliquent-ils. Certains ne s’y sont pas résolus, pour protéger leurs biens. Un groupe gesticule. Il s’agit d’acteurs français et italiens qui jouent depuis des années à Moscou. Pourquoi auraient-ils suivi l’armée de Koutousov ?
    Leur angoisse et leur peur sont contagieuses. On les protégera, dit Napoléon.
    Il interroge Duroc. Toutes les autorités de la ville ont disparu. Dans le Kremlin, des malfaiteurs se sont barricadés et tirent sur les avant-gardes de Murat.
    — Tous ces malheureux sont ivres, ajoute Duroc, et refusent d’entendre raison.
    — Que l’on ouvre les portes à coups de canon, s’exclame Napoléon, et que l’on chasse tout ce qui s’y trouve !
    Il rentre dans l’auberge, commence à dicter des ordres, à écouter les rapports des officiers qui viennent d’effectuer des patrouilles dans la ville. Les rues sont désertes, mais ici et là des individus ivres se glissent dans les maisons, tirent sur les soldats.
    — Voilà donc comment les Russes font la guerre ! dit-il. La civilisation de Pétersbourg nous a trompés, lance-t-il, ce sont toujours des Scythes !
     
    Le mardi 15 septembre, il se réveille à l’aube avec la même rage et la même inquiétude. Tout en s’habillant, il écoute les rapports de la nuit. Le bazar a pris feu vers onze heures. Cette grande place entourée de galeries abritant de nombreuses boutiques a été entièrement détruite, sans que, dans la nuit, on ait pu lutter contre l’incendie.
    Il questionne longuement le maréchal Mortier et le général Durosnel. La fatigue creuse leurs traits. Leur visage et leurs mains sont encore noircis par la fumée. Ils n’ont pas trouvé de pompes, disent-ils. Des habitants et les soldats ont pillé les boutiques et les maisons. Deux autres incendies ont éclaté dans des faubourgs éloignés.
    Les Russes oseraient-ils brûler Moscou ?
    Il imagine un instant cette possibilité. Mais il la repousse. Ce sont sans doute les bivouacs des soldats qui ont mis le feu aux maisons de bois.
    Il faut lancer de nouvelles patrouilles. Le maréchal Mortier, qui commande la Jeune Garde, remplacera Durosnel dans les fonctions de gouverneur de la ville.
     
    Il est impatient de la visiter. Mais dès les premières rues le silence et le vide

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