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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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en sais gré de bien bon coeur. Mais si l’empereur d’Autriche veut changer de système, il aurait mieux valu ne pas faire ce mariage, dont je dois me repentir dans ce moment-ci.
    Il a osé dire cela, remettre en cause son union avec Marie-Louise. Il s’éloigne du comte de Bubna.
    — Ce qui me tient le plus à coeur, reprend-il, c’est le sort du roi de Rome. Je ne veux pas rendre le sang autrichien plus odieux à la France. Les longues guerres entre la France et l’Autriche ont fait germer des ressentiments. Vous savez…
    Il revient vers Bubna.
    — … que l’Impératrice, comme princesse autrichienne, n’était point aimée à son arrivée en France. À peine commence-t-elle à gagner l’opinion publique par son amabilité, ses vertus, que vous voulez me forcer à donner des manifestes qui irriteront la nation. Certes, on ne me reproche pas d’avoir le coeur trop aimant, mais si j’aime quelqu’un au monde, c’est ma femme. Quelle que soit l’issue que prenne cette guerre, elle influera sur le sort du roi de Rome. C’est sous ce rapport-là qu’une guerre contre l’Autriche m’est odieuse.
    Au moment où le comte Bubna quitte le salon, Napoléon s’approche de lui.
    Cet homme a-t-il compris ma détermination ?
    — Je suis décidé à mourir, s’il le faut, à la tête de ce que la France a d’hommes généreux, plutôt que de devenir la risée des Anglais et de faire triompher mes ennemis.
     
    Mourir ?
    Ce mot lui revient, cette année 1813. C’est la partie du tout ou rien.
    Il reste longuement debout dans le grand salon éclairé par des dizaines de chandeliers, puis, appuyé à une petite table, il écrit quelques lignes à Marie-Louise : « J’ai vu ce soir le général Bubna et lui ai dit ce que je pensais. J’espère qu’ils y songeront à deux fois. Dans tous les cas, tu ne dois pas trop t’en affecter. Ils se feront rosser en règle, tous. Adieu, mon amie. Aime-moi comme je t’aime. Tout à toi.
     
    « Napoléon. »
     
    Il faut quitter Dresde, aller là où sont les avant-postes, traverser les villages et les villes en cendres, incendiés par les boulets. Tout en chevauchant, il demande à son grand écuyer Caulaincourt de le rejoindre sur cette éminence qui domine les bords de la Spree. Les Prussiens et les Russes sont retranchés à l’est de Bautzen, dans ces ravins et ces collines verdoyantes.
    Il se tourne vers Caulaincourt.
    — Voyez Alexandre, dit-il. En connaissant ses vues, on finira par s’entendre.
    Il tire sur les rênes afin que son cheval ne s’écarte pas de celui de Caulaincourt. Il observe ces collines que les hommes devront gravir sous la mitraille. Et il sera avec eux.
    Si cela pouvait s’interrompre !
    — Mon intention, au surplus, est de faire à Alexandre un pont d’or pour le délivrer des intrigues de Metternich, ajoute-t-il. Si j’ai des sacrifices à faire, j’aime mieux que ce soit au profit de l’empereur Alexandre, qui me fait bonne guerre, et du roi de Prusse auquel la Russie s’intéresse, qu’au profit de l’Autriche, qui a trahi l’alliance et qui, sous le titre de médiateur, veut s’arroger le droit de disposer de tout, après avoir la part de ce qui lui convient.
    Caulaincourt s’incline. Il a le visage épanoui de l’homme qui a entendu ce qu’il souhaitait. Ils sont tous comme lui autour de moi. Berthier, les généraux, et peut-être même Duroc, mon grand maréchal du Palais, le plus fidèle. Ils sont las. Ils veulent la paix. Ils veulent jouir de leurs biens. Peut-être à n’importe quel prix. Ils craignent de mourir sans avoir profité de leurs richesses accumulées .
    — J’attends, dit Napoléon.
    Caulaincourt s’élance.
     
    Le temps change, ce mercredi 19 mai 1813. La pluie tombe quand Caulaincourt arrive, apportant la réponse d’Alexandre. Il n’y aura ni armistice ni paix. Le tsar la refuse.
    — Tous ces gens-là seront plus accommodants lorsque j’aurai remporté une nouvelle victoire, dit Napoléon.
    Il donne des ordres toute la nuit. On contraindra l’ennemi à dégarnir sa droite en l’attaquant à gauche. Mais l’assaut principal sera porté à droite, cependant que le maréchal Ney passera la Spree et se rabattra sur les arrières de l’ennemi.
    La pluie est torrentielle maintenant. Il se réveille. On se battra ce jeudi 20 mai 1813 sous l’orage. Il est avec l’avant-garde, dans la mitraille et les boulets. Il entre dans Bautzen. Il dort à même la terre, quelques

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