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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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28 où je vois que tu es fort affligée. J’espère que la nouvelle de l’armistice pour deux mois que le télégraphe de Mayence t’aura apprise t’aura fait plaisir.
    « Mes affaires vont bien. Ma santé est bonne. Ménage-toi. Donne deux baisers sur les yeux de mon fils, et aime bien ton fidèle
    « Nap. »
     
    « Je me rendrai pendant le temps de l’armistice à Dresde pour être plus près de toi. »

12.
    Il avance au pas sur cette route qui va de Neumarkt à Dresde. Il tient distrairement les rênes. Il se laisse porter par le balancement du cheval. Ses pensées vont et viennent.
    Il entend des cris. Des soldats descendent en courant des collines, glissent sur les pentes des talus. « Vive l’Empereur ! » lancent-ils.
    Il ne répond pas à leurs acclamations. Elles sont comme une rumeur lointaine qui trouble ses pensées. Depuis que l’armistice est conclu, il hésite. Peut-être a-t-il eu tort de ne pas poursuivre l’ennemi jusqu’à la Vistule. Peut-être s’est-il laissé convaincre malgré lui par ces aboyeurs de la paix à n’importe quel prix que sont Berthier, Caulaincourt, et tous les autres qui chevauchent derrière lui.
    Chaque soir, à l’étape, ils le pressent de rentrer le plus vite possible à Dresde, de prendre une voiture, de galoper avec un équipage et d’épargner ainsi sa fatigue. Ils n’aiment plus chevaucher de trois heures du matin à la nuit tombée, se retrouver dans des bivouacs de fortune et prendre encore plusieurs heures durant, sous la dictée, ses ordres.
    Ils veulent tous la paix, pour leur repos. Et ils transforment leur fatigue en grande politique.
    Il refuse. Il rentre à cheval. Les aubes sont fraîches. Les journées longues. Il voit les soldats et on le voit. Parfois, la population d’une ville l’entoure et l’acclame. Ainsi, ce mardi 8 juin à Görlitz, quand, à la pointe du jour, au moment où il allait partir, le feu a pris dans un faubourg et qu’il a donné des ordres aux troupes pour qu’elles luttent contre l’incendie. Et il a fait verser six mille francs de secours aux sinistrés.
     
    Il s’arrête à Bautzen. Les maisons sont encore pleines de blessés. La ville tout entière semble geindre.
    Dans la petite pièce où il a rétabli son cabinet de travail pour la nuit, on lui communique un rapport du maréchal Soult et du général Pradel, le grand prévôt de l’armée. On compterait plus de deux mille soldats blessés à la main droite, des mutilés volontaires selon le rapport. Pradel demande un châtiment exemplaire pour tous ces hommes.
    Il a vu ces jeunes soldats, courageux mais souvent désemparés. Il imagine les pelotons d’exécution qu’on lui demande de réunir. La répression n’est juste que si elle est utile. Il convoque Larrey, le chirurgien en chef. Il connaît le dévouement et la franchise de l’homme. Il l’interroge.
    — Sire, crie aussitôt Larrey, ces enfants sont innocents, on vous trompe !
    Napoléon, le visage penché, écoute. Les soldats, selon Larrey, se blessent involontairement avec leur fusil et blessent souvent leurs camarades placés devant eux dans les formations en carré. Larrey parle avec conviction, avance des témoignages, des preuves.
    Napoléon s’arrête devant lui.
    — On vous portera mes ordres, dit-il.
    Puis il fait quelques pas, ajoute :
    — Un souverain est bien heureux d’avoir affaire à un homme tel que vous.
    Il ordonne qu’on accorde à Larrey six mille francs en or, une pension de l’État de trois mille livres et une miniature sertie de diamants.
     
    Tout voir. Tout savoir. Tout décider.
    De combien d’hommes comme Larrey dispose-t-il encore ? Lannes, Bessières, Duroc, tant d’autres, morts. Et cette dépêche qu’il vient de recevoir et qui rapporte que, dans son gouvernement des provinces illyriennes, Junot a été saisi de crises de démence !
    Il se souvient. C’était le siège de Toulon .
    Il était capitaine. Junot, sergent.
    Ce jeune homme inconnu avait dit en riant, quand un obus avait recouvert de terre l’ordre que je lui dictais : « Tant mieux, nous n’avions pas de sable pour sécher l’encre ! » Junot, dans les jours de misère à Paris, partageant avec moi ses ressources, Junot avec moi à Saint-Jean-d’Acre. Junot que j’assurais, en quittant l’Égypte, « de la tendre amitié que je lui ai vouée » .
    C’étaient les mots que j’employais. Junot, fou, qui s’est présenté au grand bal qu’il a organisé à

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