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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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incongruités !
    « Napoléon tira cinq fois au milieu des chiens. Il est inconcevable qu’il n’en tue pas. C’est le moindre de ses soucis. Il manqua trois fois, toucha deux, et, au dernier coup, sur la tête du cerf, celui-ci disparut dans l’eau.
    — Eh bien, me dit-il, avez-vous jamais vu une aussi belle chasse ? Hein ?
    — Jamais, Sire.
    « On remonte à cheval et, au grand galop, on regagne Compiègne. »
    Le lendemain, Napoléon, écrivant à Marie-Louise, lui parla de cette chasse. Par pure galanterie, il ne paraît pas la trouver aussi « belle » : « J’ai fait hier Une très belle chasse, cependant elle m’a paru insipide. Tout ce qui n’est pas vous ne m’intéresse plus. Je sens qu’il ne me manquera plus rien lorsque je vous aurai ici. »
    Aussi, est-ce comme un amant qui court à son premier rendez-vous d’amour que, ce mardi 27, il traverse Soissons au grand galop de sa voiture...
    Sous la même pluie, le cortège de Marie-Louise, venant de Strasbourg, roule, lui aussi, vers Soissons. Le coeur de la blonde archiduchesse bat à se rompre... mais de crainte et d’angoisse. Relit-elle, pour se tranquilliser, les lettres que Napoléon lui a adressées ? Dans la première, il l’a appelée Ma Cousine, dans la seconde, Madame ma Soeur et dans la troisième Ma Soeur, trois lettres assurément protocolaires, mais cependant écrites avec autant de gentillesse... que de fautes d’orthographe : « Serez-vous assez bonne pour être sensible à tout ce que je sens en entendant dire partout tant de bien de votre personne et de ces belles qualités qui vont vous faire adorer par mes peuples ? »
    Elle lui avait répondu – sans en penser, bien sûr, le premier mot : « Je voudrais être fleur de laurier pour vous approcher de plus près. »... Ces lauriers cueillis sur les champs de bataille autrichiens.
    Il lui avait presque écrit des lettres d’amoureux : « Que j’aurai de bonheur à vous voir et à vous dire tout ce que j’éprouve d’affectueux ! Le télégraphe m’a dit hier que vous étiez enrhumée. Je vous en conjure, soignez-vous. J’ai été ce matin chasser ; je vous envoie les quatre premiers faisans que j’ai tués comme signe de redevance bien dû à la souveraine de toutes mes plus secrètes pensées. Pourquoi ne suis-je pas à la place du page, à prêter le serment d’hommage lige, un genou à terre, mes mains dans les vôtres ; toutefois, recevez-le en idée. En idée aussi je couvre de baisers vos belles mains... »
    Assise dans le carrosse envoyé par son impérial fiancé, ayant près d’elle l’insupportable Caroline Murat qui ne cesse de vouloir en imposer à « cette petite », Marie-Louise poursuit le chemin qui la rapproche de « l’Ogre »...
    Bien souvent, depuis le mardi 13 mars, jour de son départ de Vienne, des larmes sont tombées deses yeux d’un bleu clair de faïence et ont roulé sur ses joues pleines et roses. Sa bouche s’est contractée pour ne pas éclater en sanglots, cette bouche dont la lèvre inférieure pend peu joliment – cette fameuse lippe autrichienne que les Habsbourg se passent fièrement de génération en génération depuis Philippe le Beau et Charles Quint, et qui a résisté aux multiples croisements de sang.
    La « remise », copiée sur celle de Marie-Antoinette, s’est déroulée à Braunau, à la frontière de la Confédération du Rhin. L’Empereur a couvert sa nouvelle épouse de joyaux et de robes, mais pas plus les présents que les lettres enflammées n’ont eu raison de ses craintes et n’ont calmé son désespoir : elle va s’asseoir sur un trône dont est descendue sa grand-tante pour monter à l’échafaud. Et elle se trouve mariée avec celui qui symbolise la Révolution et qui, par deux fois déjà, entrant en vainqueur dans Vienne a dépecé, à grands coups d’épée, l’empire des Habsbourg !
    Assurément, en roulant sous la pluie vers Soissons, pense-t-elle à la grandeur de son sacrifice... Soudain les deux hussards bleus et mauves, qui précèdent le cortège, font signe au carrosse de s’arrêter. On se trouve devant la petite église de Courcelles. Un valet de pied ouvre précipitamment la portière, abaisse le marchepied. Marie-Louise n’a pas le temps de poser une question. Au même moment, le chambellan de service– M. de Seyssel – crie :
    — L’Empereur !
    Napoléon est devant elle et l’embrasse. Napoléon et sa redingote grise ruisselante –

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