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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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improvisait les détails qu’il faisait exécuter sous ses yeux. Il était dans une agitation de futur jeune marié, dans une impatience fiévreuse d’amoureux de premier amour, qui transformait à tous les regards le profond législateur, le grand politique, le géant de la guerre. Après l’avoir vu si glorieux de la victoire de Marengo, de celle d’Austerlitz, de celle de Friedland, de celle de Wagram, il était précieux de le saisir, de le surprendre dans ce négligé, dans cet abandon, dans cette abdication momentanée de sa puissante nature. »
    Un jour il prend un soulier particulièrement petit et en donna un coup « par forme de caresse » sur la joue de son valet de chambre :
    — Voyez, Constant, voilà un soulier de bon augure. Avez-vous vu beaucoup de pieds comme celui-là ? C’est à prendre dans la main !
    Durant l’attente fébrile du maître, les courriers affluaient à Compiègne. L’un des plus remarqués fut, assurément, celui de l’empereur François. Il s’agissait, au vrai, d’un courrier extraordinaire : le prince autrichien de Clary-et-Aldringen qui laissera de son entrevue cette lettre fort pittoresque : « A 8 heures du matin, j’étais à Compiègne. Je descends à l’auberge et mets mon uniforme petit chocolat (de la Landwehr) avec des bas blancs, parce que l’ambassadeur avait décidé qu’il n’y avait aucun inconvénient à cela et que, d’ailleurs, mon uniforme rouge n’était pas prêt. Entre nous, excepté ma coquetterie qui en souffrait, et beaucoup, je n’étais pas fâché de paraître dans cet habit. (En 1809, la Landwehr avait infligé beaucoup de pertes à la Grande Armée). Je cherche Duroc. On me mène dans un immense salon où se tenaient des chambellans, rouge et argent, des généraux, bleu et or, qui tous, fort étonnés de voir une figure comme la mienne dans ce sanctuaire de cour, me regardent wie die Kuh ein neues Thor (« comme la vache regarde une porte neuve »). J’avoue que j’eus un cruel moment d’embarras. Enfin, on me renvoie à l’appartement de ce grand maréchal Duroc, où il devait être » et vint bientôtaprès. Il fut extrêmement poli et, après un quart d’heure d’attente, me conduisit dans un salon où je me trouvai en face...
    « De qui ?...
    « Viennent ici tous Ses titres, si vous voulez...
    « J’avais arrangé une petite harangue, d’une éloquence simple, mâle et touchante, qui commençait par : « L’Empereur, mon maître, m’a chargé, etc., etc. »
    « Il ne me laisse pas achever, prend mon paquet, mes lettres et me questionne sur mon voyage :
    — Quel jour êtes-vous parti ?
    — Le 13, Sire, deux heures avant l’Impératrice.
    — Avez-vous trouvé de mauvais chemins ?
    « Et autres questions de ce genre.
    « Ensuite, il me dit :
    — J’ai des nouvelles de l’Impératrice par le télégraphe. Elle est aujourd’hui à... – je ne sais plus où. Elle sera ici tel et tel jour.
    « Il me demande des nouvelles de mon impératrice, puis :
    — Vous êtes parent du prince de Ligne ?
    — C’est mon grand-père, Sire.
    — Comment se porte le prince de Ligne ? Sa campagne, près de Vienne, a un peu souffert par nous.
    — Oui, Sire, un peu.
    — J’ai vu une princesse de Clary, à Vienne. Est-ce votre mère ?
    — Oui, Sire.
    — Quel est cet uniforme-là ?
    — Sire, c’est celui d’un des corps francs de Bohême.
    — Ah ! de la Landwehr !
    « J’avais voulu esquiver ce mot-là.
    — Oui, Sire.
    — Vous avez servi pendant la dernière guerre ?
    — J’ai été à l’armée de Bohême.
    — Avez-vous fait d’autres campagnes ?
    — Non, Sire. Je n’ai servi que dans cette guerre-là.
    — Vous vous reposerez ici. Je vous verrai encore.
    « Petite mine, il se tourne, et j’étais encore à faire des révérences qu’il lisait déjà mes lettres.
    « Me revoilà dans le salon de service. Je questionne :
    — L’Empereur m’a dit : Vous vous reposerez ! Je vous verrai encore. Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Ma foi, monsieur, que vous devez rester à Compiègne jusqu’à ce qu’on vous dise de vous en aller.
    « Ah ! ah ! Et moi qui comptais repartir sur-le-champ, arriver à Paris pour le bal de ce soir chez l’ambassadeur ! Qu’est-ce que j’ai à faire ?
    — Rien, monsieur, vous vous promènerez avec nous dans ce salon.
    « Alors un grand général, sec et poli, me dit :
    — Monsieur, voulez-vous venir

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