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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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pièces d’or, symbole du rachat de la femme–,mais quel n’est pas l’étonnement des invités demeurés dans la Galerie, lorsqu’ils voient, au retour, la physionomie du maître tout à l’heure si radieuse, devenue sombre et menaçante. Que s’est-il donc passé ?
    Dès son arrivée dans le Salon carré, Napoléon s’est aperçu que, sur vingt-sept cardinaux conviés, douze seulement se trouvaient présents. Les prélats italiens, alors en résidence forcée à Paris, avaient préféré demeurer chez eux, désapprouvant ainsi par leur attitude les conclusions de l’Officialité de Paris. Pour eux, la seconde union de l’Empereur se trouvait être une manière de sacrilège. Napoléon était devenu bigame. L’héritier futur serait un bâtard ! Et, de plus, le marié étant excommunié, n’avait pas le droit de recevoir le sacrement du mariage !
    — Ah ! les sots ! murmure l’Empereur, je vois où ils veulent en venir : protester contre la légitimité de ma race, ébranler ma dynastie ! Ah ! les sots !
    Napoléon se contente, lors de la réception du surlendemain, de chasser les récalcitrants des Tuileries. Leurs voitures ayant disparu, on verra errer les prélats dans la cour du Carrousel, revêtus de la pourpre cardinalice. L’outrage ne paraîtra pas assez sévère aux yeux de l’Empereur qui voudra ensuite les faire passer en jugement... Mais il ne mettra pas ses menaces à exécution.
    L’attitude des prélats italiens – ce sera celle, quatre ans plus tard, du Vatican – arrangera d’ailleurs un jour les affaires de Metternich, qui pourra faire croire à la fille de son maître que son mariage avec Napoléon était frappé de nullité. Mais, ce 2 avril 1810, l’intérêt de l’Autriche est tout autre. Il faut monnayer le sacrifice et plaire au vainqueur. Le soir, alors que Paris brille de mille feux, sous un ciel devenu clair, le Chancelier, venu de Vienne pour la célébration du mariage, s’avance un verre de Champagne à la main sur le balcon d’un des salons du Conseil d’État où a eu lieu le dîner et crie, tel un héraut :
    — Je bois au roi de Rome !
    Toast pour le moins surprenant dans la bouche du premier ministre de l’ex-empereur du Saint-Empire romain germanique, de l’Empereur qui, avant d’être couronné, sous le nom de François I er d’Autriche, avait porté lui-même – comme ses pères – le titre de roi des Romains.
    Metternich expliqua son attitude servile à son souverain :
    — L’avantage le plus considérable que nous soyons en droit de tirer du mariage d’une fille de Votre Majesté avec l’empereur des Français est d’avoir changé notre situation désespérée, notre complète désorganisation à l’intérieur comme au-dehors, en un état de repos. Dans ces conjonctures, tous les efforts du gouvernement doivent tendre à remettre en ordre et à rétablir nos forces qui étaient tombées si bas au moment de la dernière paix et, par eux, à rassembler ces mêmes forces pour tous les cas qui peuvent se présenter dans l’avenir.
    Metternich envoie à Savone l’un de ses collaborateurs, le chevalier de Lebzeltern, afin d’essayer d’aplanir les obstacles séparant le Pape et l’Empereur. Il reviendra bredouille. « Pie VII, rapporta le chevalier, a vu avec peine la fière et antique maison de Habsbourg donner l’une de ses princesses à un soldat de fortune, à un souverain sur lequel pesait une excommunication de l’Église. C’était à ses yeux proclamer que notre cour n’attachait aucune valeur à cet acte solennel. Il est également blessé de n’avoir reçu aucune communication du mariage ; mais il l’est bien davantage de n’avoir pas même été interpellé relativement au divorce de l’Empereur... »
    Pourquoi cette « interpellation », alors que Napoléon était certain de recevoir, à la demande qu’il aurait adressée, un refus du prisonnier de Savone ? Le Pape aura un jour le dernier mot, mais, pour l’instant, Napoléon semble arrivé au pinacle.

    Au mois d’avril 1810, Victoire de Poutet annonçait à Marie-Louise, son amie d’enfance, le mariage qu’elle devait contracter avec le comte de Crenneville. La nouvelle impératrice lui répondit : « Puissiez-vous jouir bientôt d’un bonheur pareil à celui que j’éprouve ! » Non seulement elle remerciait « le Ciel de la grande félicité » qu’il lui avait donnée, mais aussi son père « de ne pas lui avoir accordé

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