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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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mille soldats montés aux trente-sept mille cavaliers alliés. De plus, bien des hommes, s’ils savent monter à cheval, ignorent tout de leur métier ! Il suffit pour s’en convaincre de lire le pittoresque récit inédit, écrit par le brigadier Lambry, des Gardes d’honneur du département de la Sarre. Après avoir passé les hommes en revue, l’Empereur souhaita les voir manoeuvrer :
    « On nous fit faire, raconte le brigadier, quelques à droite par quatre, quelques demi-tours à gauche par quatre, et il n’en fallut pas davantage pour nous embrouiller complètement. Les maréchaux d’Empire et généraux de l’état-major qui avaient accompagné l’Empereur, voulant lui épargner la vue de ce désordre, s’approchèrent de nos rangs pour tâcher de nous guider i Nous voilà de nouveau en bataille. Voyant que nous ne réussissions pas dans les simples manoeuvres, on voulut nous faire briller dans les grandes, et l’on en commanda une que l’Empereur aimait beaucoup à voir exécuter à la Cavalerie, qui était : Par les pelotons des ailes, en arrière du centre, passez le défilé. À un commandement aussi nouveau qu’étranger pour nous et quelques-uns de nos officiers, nous nous regardâmes tous pendant un instant, et puis nous voilà partis un peloton d’un côté, l’autre d’un autre, malgré les cris de nos officiers, et des officiers généraux qui se trouvèrent au milieu de nos rangs rompus et mêlés. Ici un lieutenant ou un maréchal des logis-chef demandait à grands cris son peloton fondu avec le peloton voisin ; là un maréchal d’Empire ou un général se trouvait pris entre deux pelotons qui, n’ayant pas conservé leurs distances, l’écrasaient de leur choc. Tout cela produisait un tumulte vraiment risible, et néanmoins déplorable, lorsqu’on songeait qu’une cavalerie semblable serait peut-être dans le cas d’aller au feu. L’Empereur conservait un sérieux glacé ; il fit venir nos officiers supérieurs à l’ordre, leur adressa de vifs reproches sur notre peu d’instruction, leur recommanda de la soigner davantage, et promit d’attacher à chaque compagnie un certain nombre d’instructeurs pris parmi les sous-officiers et brigadiers de sa vieille Garde.
    « C’est ainsi qu’il prit congé de nous... »

    Napoléon espère toujours que l’Autriche abandonnera son attitude équivoque et reviendra vers lui. Avant de se porter à la tête de l’armée, il charge Marie-Louise de mettre son père au pied du mur : « Dis-lui que c’est mal de vouloir que ce soit moi qui ne veux pas la paix, lorsqu’on n’a pas encore consenti à ouvrir les négociations, lui écrit-il... Prie-le de prendre garde que cela n’ait pour but de l’entraîner dans la guerre... Laisse-lui voir que ce pays-ci ne se laissera pas maltraiter ni imposer des conditions honteuses par la Russie ni l’Angleterre et que si j’ai actuellement un million d’hommes sous les armes, j’en aurai autant que je voudrais... »
    Le même jour, il quitte Mayence pour entrer en campagne. Quel est le plan de l’Empereur ? Tendre la main derrière la Saale aux troupes d’Eugène, fortes – en théorie – de cent mille hommes, mais dont près de soixante mille occupent encore Dantzig et les places prussiennes... Les deux armées réunies se porteront à la rencontre de l’ennemi.
    Le 28 avril, Napoléon est à Weimar. La campagne d’Allemagne commence. Ney franchit la Saale, bat les Russes et la liaison entre l’armée d’Eugène et celle de l’Empereur est faite. En voyant Napoléon remonter leurs rangs, les conscrits poussent des vivats, mettent leur shako au bout de leur baïonnette. Ce jeune enthousiasme lui fait chaud au coeur et compense les mines renfrognées des maréchaux qui ne cachent pas leur lassitude.
    Il déplace son armée vers la plaine de Lützen. De là, grâce à l’un de ces mouvements dont il a le secret, on pivotera sur les ailes – la droite française formant le manche de la faux – et on acculera l’ennemi aux monts de Bohême. Ce même premier mai, Bessières, en marche vers Lützen, est frappé de plein fouet par un boulet russe. Lorsqu’on annonce la nouvelle à l’Empereur il baisse la tête, accablé, et on l’entend murmurer :
    — Enfin, il est mort de la mort de Turenne. Son sort est digne d’envie.
    Le lendemain – dimanche 2 mai –, la bataille de Lützen commence. Les Alliés attaquent deux jours plus tôt que prévu. Ils ont bousculé

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