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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Souham. À plusieurs reprises les conscrits, qui essuient le feu pour la première fois, lâchent pied. La ligne française est percée et Blücher croit déjà tenir la victoire ! Mais Napoléon tire son épée, se met à la tête de la Jeune Garde et part à l’assaut en s’avançant entre deux colonnes, comme au temps de la campagne d’Italie ! Sur les collines de Starsield, les batteries françaises crachent la mort – et le combat « change d’âme ». Au soir, tandis que brûle le village de Kaia qui, sans cesse au cours de la journée, a été pris et repris, Napoléon s’écrie :
    — La bataille est à nous !
    Vingt-deux mille Russes et Prussiens gisent sur le champ de bataille, mais on compte dix-huit mille morts dans les rangs de la nouvelle Grande Armée ! On ne peut – faute de cavalerie – poursuivre l’ennemi qui se retire vers l’Elbe... Quoi qu’il en soit, cette « affaire de Lutzen », selon l’expression de l’Empereur, ouvre la route de Dresde et prouve que l’on peut compter sur les recrues qui se sont battues, ainsi que l’écrira un témoin, « comme des vétérans ».
    Le lendemain, on lit dans les cantonnements la Proclamation de l’Empereur à l’armée : « Soldats, je suis content de vous ! Vous avez rempli mon attente ! Vous avez suppléé à tout par votre bonne volonté et par votre bravoure. Vous avez, dans la célèbre journée du 2 mai, défait et mis en déroute l’armée russe et prussienne commandée par l’empereur Alexandre et le roi de Prusse... Nous rejetterons ces Tartares dans leur affreux climat, qu’ils ne doivent pas franchir. Qu’ils restent dans leurs déserts glacés, séjours d’esclavage, de barbarie et de corruption, où l’homme est ravalé à l’égal de la brute ! »
    Le 7 mai, l’Elbe est franchi et le 8, Napoléon fait son entrée dans Dresde. Les magistrats qui ont reçu les Russes avec enthousiasme se tiennent penauds et Napoléon ne leur dissimule pas sa manière de penser. Cependant « pour l’amour de leur roi » il ne traitera pas la Saxe en pays conquis. Au palais royal de Dresde, avant de s’endormir, il écrit au roi de Saxe qui s’était prudemment rapproché de la frontière autrichienne, en l’invitant à regagner sa capitale « libérée ».

    La main du maître ne s’en fait pas moins lourdement – et cruellement – sentir. L’Allemagne reconquise, les troupes françaises occupent de nouveau Hambourg et les exécutions frappent sans pitié ceux qui se sont rebellés.
    Dès le dimanche 9 mai, Napoléon reprend son épée de général et se porte au bord de l’Elbe, à une lieue de Dresde, auprès du village de Priesnitz, afin de surveiller les travaux destinés au prochain passage du fleuve. L’ennemi occupe l’autre rive et ouvre le feu de toute son artillerie. À plat ventre sur une gigantesque carte, Napoléon semble ne même pas s’apercevoir que les boulets pleuvent autour de lui. L’un d’eux s’enfonce et éclate à dix pas. Voici l’Empereur et sa carte couverts de terre.
    — Ces drôles-là, dit-il en se secouant, n’en font jamais d’autres !
    Trois jours plus tard, le roi de Saxe, suivi d’un corps de trois mille cavaliers, revient – l’oreille basse – dans sa capitale. Dix mille soldats saxons sont aussitôt incorporés dans la Grande Armée. « Nos affaires vont bien, écrit-il à Marie-Louise. L’on cherche à tromper papa François ; l’on veut l’entraîner dans de mauvaises affaires. Metternich n’est qu’un intrigant. »
    Il en a d’autant plus la certitude en recevant – le 16 – le général de Bubna qui lui communique les trois points proposés par Metternich pour établir une paix générale : le grand-duché de Varsovie serait abandonné, la France renoncerait aux territoires réunis en 1811 à l’Empire, enfin Napoléon rendrait l’Illyrie à l’Autriche. L’Empereur ne l’ignore pas : en acceptant ces conditions apparemment raisonnables, c’est le début des concessions dont Metternich profitera pour l’anéantir. Le reste – répétons-le – suivrait, jusqu’à ce qu’il soit à terre ! Aussi Napoléon rejette-t-il les propositions alliées.
    — Je ne veux pas de votre médiation armée. Vous ne faites qu’embrouiller la question. Vous dites ne pouvoir rien faire pour moi : vous n’êtes donc forts que contre moi... Je ne céderai point un village de ce qui est constitutionnellement réuni à la France. Vous voulez

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