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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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lit par une redoutable attaque de goutte.
    Le lendemain, jeudi 7 avril, un brouillard épais couvre Paris. « Les commissaires de la Pitié », ainsi que Caulaincourt a baptisé ses deux compagnons – Ney et Macdonald – et lui-même, sont reçus par le tsar qui parle maintenant de Napoléon avec tristesse – et même avec attendrissement. Les négociations commencent... Alexandre va se montrer le meilleur soutien de l’Aigle blessé. C’est lui qui, le premier, proposera la souveraineté de l’île d’Elbe pour son ami de Tilsit, et fixera à deux millions la rente que Louis XVIII devra verser au « roi de l’île d’Elbe ».
    Autour du maître vaincu, tout s’écroule. Maréchaux, généraux, domestiques s’empressent de fuir. Lorsque le préfet de Seine-et-Oise, le comte de Plancy, arrive au château, il ne trouve même pas un domestique pour l’accueillir... Il pousse une porte, puis une seconde, et se trouve en face de l’Empereur « seul, tristement appuyé contre une embrasure de fenêtre ». « On aurait dit que Sa Majesté était déjà enterrée », racontera le général Petit.
    Napoléon, dans ce même palais où il a reçu le Pape et six rois, erre comme une ombre. Plus un mot ne s’échappe de ses lèvres. Il tombe, nous dit son valet de chambre, dans « une espèce de marasme, au point de ne rien voir de ce qui est près de lui ». Lorsqu’on lui adresse la parole, il ne répond pas. Bien plus, « rien sur sa figure, que j’observais attentivement, nous dit Constant, ne pouvait me faire croire qu’il m’avait entendu ». Une seule consolation : le soir, les régiments de la Garde sortent de leurs cantonnements et, portant des torches, parcourent les rues de la petite ville en acclamant l’Empereur – Leur empereur – et en criant : À bas les traîtres ! À Paris... à Paris !
    Mais à Paris, c’est un déchaînement de brochures anti-bonapartistes. Le vaincu est traité « d’infâme, d’assassin et de tyran ». Il devient à la fois Cromwell, Attila et Robespierre ! On lance des distiques :
    Enfin ! grâce à Napoléon
On ne parle plus de Néron !

    À Blois, Marie-Louise ignore encore l’ampleur de l’effondrement. Autour d’elle règne la consigne du silence. Elle n’a qu’un désir : rejoindre son mari.
    Elle se sentirait « plus courageuse et plus calme » – elle le lui écrit – si elle pouvait se trouver auprès de lui, partageant son sort et le consolant de ses revers. Elle espère même pouvoir lui être utile « à quelque chose ». Il est certain qu’en faisant venir près de lui sa femme et son fils, l’Empereur constituerait encore une manière de puissance. Déjà, si le roi de Rome et sa mère avaient été à ses côtés dès le 2 avril, le règne de Napoléon II eût été infiniment plus réalisable. Quelle belle carte dans le jeu de Caulaincourt, que la présence à Fontainebleau de la fille et du petit-fils de l’empereur d’Autriche !
    Mais Napoléon semble vouloir abandonner à Marie-Louise le soin de sa décision. Il ne l’empêche pas de venir le rejoindre à Fontainebleau, mais il ne le lui ordonne point. C’est laisser le champ libre à l’Autriche – et même aux Bonaparte ! Le 8 avril, le roi Joseph et le roi Jérôme viennent voir leur belle-soeur... Mais il vaut mieux laisser la parole à Marie-Louise elle-même puisque, depuis peu, nous connaissons, grâce à elle, ce que fut au juste cette scène affreuse. À travers les mots désordonnés, les phrases hachées de l’Impératrice, on devine son angoisse et son immense désarroi. Quelle épreuve pour cette femme languissante, affaiblie au surplus par douze journées dramatiques ! On la devine, les larmes aux yeux, le coeur encore tremblant, traçant ces lignes angoissées :
    « Le roi Joseph est venu pour m’engager à aller me jeter dans les bras du premier corps autrichien que je trouverais. Il m’a dit qu’ils me suivraient, qu’ils n’avaient de sûreté que là, que l’empereur d’Autriche leur assurait un sort et qu’il ne fallait pas te conseiller ( consulter, voulait dire Marie-Louise) dans un moment où il n’y avait pas de temps à perdre et où tu désapprouverais peut-être cette démarche. Je lui ai répondu que je croyais que ce serait une trahison de ma part, que tant qu’il me resterait un souffle de vie je te resterais attachée... »
    Ce même 8 avril arrive à Blois le comte Schouvalov, aide de camp d’Alexandre. Il

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