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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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frappé de stupeur : L’Incomstant a disparu. Un peu plus tard, consterné, anéanti, il constate que la garde nationale elboise a remplacé aux postes habituels, près de la Porte de Mer et à l’entrée de la Darse, les grenadiers de la Garde.
    Après avoir vainement interrogé la générale Bertrand et soumis la princesse Pauline à un véritable interrogatoire, Campbell reprend la mer pour se lancer à la poursuite de Napoléon. Il ne sait qu’une chose : la flottille se dirigeait vers les côtes de France ou de Piémont.
    Ayant perdu du temps à tourner autour de l’île de Capraja – avec le vain espoir de surprendre l’évadé caché dans quelque crique – il arrivera à Antibes le dimanche 5 mars. Ce jour-là, l’Empereur atteignait déjà Sisteron, et le colonel retrouvera seulement Napoléon – de loin – à « Waterloo...
    La carence de Campbell parut si ahurissante que certains accusèrent le Foreign Office d’avoir donné l’ordre de laisser échapper son soi-disant prisonnier, afin de pouvoir, soit faire la guerre aux Bourbons – le marchand d’huile l’écrira dans l’un de ses rapports – soit vaincre une fois pour toutes Napoléon et l’expédier à Sainte-Hélène. Comme l’a dit Henry Houssaye, c’est bien là l’idée « la plus chimérique » qui ait pu « hanter des imaginations troublées ».
    D’autres « imaginations » en délire ont affirmé que l’Autriche se trouvait d’accord en 1815 pour laisser Napoléon reprendre son trône. Ici, l’Empereur lui-même est le responsable de la naissance de cette légende. Afin d’apaiser les scrupules du malheureux Ney, venu le rejoindre à Auxerre, il lui fera croire que son beau-père n’avait en vue que l’intérêt de sa fille et de son petit-fils – et cet intérêt n’était-il pas de les replacer sur le trône de France ? Entre Parme et Paris pouvait-on hésiter ?
    Aux Tuileries, Napoléon lui-même avouera sa supercherie en confiant à Davout :
    — Je vais vous parler à coeur ouvert, vous dire tout. J’ai laissé et je dois laisser croire que j’agis de concert avec mon beau-père l’empereur d’Autriche. On annonce de tous côtés que l’Impératrice est en route avec le roi de Rome, qu’elle va arriver d’un moment à l’autre. La vérité est qu’il n’en est rien, que je suis seul en face de l’Europe.
    L’Europe fut la première surprise par l’envol de l’Aigle. Les Alliés avaient bel et bien laissé échapper le prisonnier placé sous la sauvegarde de Campbell. Mais ils n’avaient point compté avec le charme de la ravissante comtesse Miniaci, qui est, assurément, la cause du fâcheux égarement du colonel amoureux. Depuis Cléopâtre – et même sans doute auparavant – combien de trop beaux yeux sont à l’origine des grands bouleversements de l’Histoire !...

XXVI
  LE VOL DE L’AIGLE
    Avec de l’audace, on peut tout entreprendre, on ne peut pas tout faire.
    N APOLÉON .
    L E mercredi premier mars 1815, le soleil levant fait sortir de la nuit les silhouettes du cap d’Antibes et des îles de Lérins. La flotille impériale pénètre dans le golfe Jouan. Napoléon, la cocarde tricolore au chapeau, apparaît sur le pont de l’Inconstant. « L’exaltation fut telle, raconte Marchand, que l’Empereur, qui voulait parler, ne put placer un mot. Il serait difficile, en effet, de peindre la joie, l’enthousiasme, l’attendrissement qui se manifestèrent sur le brick ; les vivats, les battements de mains, les trépignements de pieds se firent entendre si fortement que toutes les batteries du brick jouaient à la fois. C’était le délire... » Les soldats jettent leurs cocardes blanches et rouges aux couleurs elboises et les couleurs françaises, saluées par les acclamations, montent à la corne d’artimon du navire.
    La veille, Napoléon, en les datant de «  Golfe Jouan, premier mars  », a dicté « avec feu » les proclamations au Peuple français et à l’Armée. « Électrisé » – le mot est de son valet de chambre – scandant les phrases qui ont résonné dans la petite cabine du navire, il a lancé :
    « ...Français ! dans mon exil j’ai entendu vos plaintes et vos voeux ; vous réclamez ce gouvernement de votre choix qui, seul, est légitime ; vous accusiez mon long sommeil ; vous me reprochiez de sacrifier à mon repos les grands intérêts de la patrie. J’ai traversé les mers au milieu des périls de toute espèce ; j’arrive

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