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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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lorsque Napoléon, titubant de fatigue, arrive au hameau de Séranon dont les quelques maisons s’étagent dans une magnifique vallée entourée de montagnes rocheuses. Il a beaucoup de peine à retirer ses bottes mouillées, et s’installe devant un grand feu, assis dans un fauteuil qui a été conservé depuis lors... Enfin arrive le mulet portant, sous la surveillance de Saint-Denis et de Noverraz, le « coucher ». Vivement, au petit château de Brondet, appartenant au maire de Cannes, Marchand, avec ses deux camarades, monte le lit de l’Empereur qui s’étend tout habillé et s’endort durant trois heures.
    Il faut gagner de vitesse Masséna – fidèle à Louis XVIII – et arriver à Sisteron avant la garnison de Marseille, mais c’est seulement ce même 3 mars que la nouvelle du débarquement atteindra Marseille. Aussi, dès l’aube de ce vendredi, les Elbois reprennent les sentiers qui, de hautes vallées en crêtes, de cols en gorges, de cluses en escarpements, vont les conduire à Digne où l’horizon s’élargira. Voici d’abord Castellane, blotti dans un creux et dominé par son écrasant rocher coiffé de sa vieille chapelle. Cambronne s’est fait précéder par ce billet destiné aux « autorités » locales : « Monsieur, je vous prie de donner des ordres pour fournir de suite cinq mille rations de pain, cinq mille de viande, cinq mille de vin, quarante charrettes à quatre colliers ou deux cents mulets de bât. S.M. sera à dix heures à Castellane. Baron Cambronne, général de brigade, major de la garde impériale. »
    Surpris – on l’eût été à moins –, le sous-préfet – M. Francourt – et le maire s’exécutent cependant sur-le-champ. L’Empereur déjeune à la sous-préfecture, un humble petit bâtiment, situé au numéro 34 de l’étroite rue Nationale et qui est devenu le Foyer Sainte-Dévote, maison familiale de vacances destinée aux familles nécessiteuses de la principauté de Monaco...
    La route – toujours des chemins rocailleux – se poursuit malaisée, escarpée, ardue. L’héroïque phalange grimpe jusqu’au col des Lèques – à 1150 mètres d’altitude – et après le défilé rocheux de Taulanne, descend vers la vallée d’Asse de Moriez. Napoléon passe la nuit à Barrême, chez le juge de paix Tartanson. Il est vanné ayant dû effectuer cette pénible étape de quarante-six kilomètres sous une neige épaisse...
    Le samedi 4 mars, l’Empereur atteint enfin Digne, tout au début de l’après-midi et va s’attabler à l’Auberge du Petit-Paris, cours des Arès, ¡que borde l’actuelle place de la Libération. La foule s’amasse, curieuse et peu enthousiaste. Tandis que l’on trouve un imprimeur qui accepte de composer et de tirer la proclamation de la « Garde Impériale à l’Armée », l’Empereur prononce une courte harangue saluée par quelques applaudissements.
    Et les Elbois s’engagent enfin sur une véritable route.
    Seuls Cambronne et son avant-garde pourront, à une heure du matin, atteindre le pont de Sisteron, la porte du Dauphiné, tandis que l’Empereur passe la nuit au château du marquis de Malijaï, qui dresse encore ses deux tourelles pointues, non loin du confluent de la Bléone et de la Durance. Ici aussi, on conservera le fauteuil où il s’est assoupi, près d’un feu de bois {46} . Le dimanche 5 mars, après avoir déjeuné d’un canard aux olives servi à l’hôtel du Poisson d’Or de Volonne, l’Empereur marche vers l’extraordinaire village de Sisteron, tapi au pied de sa célèbre forteresse. Le maire – Joseph Laurent de Gombert – qui a refusé d’obtempérer aux ordres de Cambronne se porte au-devant de l’Empereur, la décoration du lys bien en évidence sur la poitrine.
    — Otez cela pendant que je suis ici, lui conseille Napoléon, mes soldats pourraient vous insulter.
    On a préparé pour l’Empereur une chambre à la pauvre auberge du Bras d’Or, au numéro 20 de la sombre rue de la Saunerie. La pièce – elle existe toujours – est au premier étage, côté ville, mais au quatrième étage, côté vallée. De son unique fenêtre, on découvre une admirable vue sur la Durance et les grands pans de roche du défilé. C’est là que, tout en se restaurant, Napoléon engage la conversation avec le sous-préfet :
    — Quelle impression fera mon retour en France ?
    — La surprise est le sentiment qui prime tous les autres.
    — Mais, aura-t-on plaisir à me voir sur le

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