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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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convoqué.
    — Elle sait, maintenant, avait répété Néron. Elle va s’adresser aux prétoriens. Elle va m’accuser !
    Il se tordait les poignets et se tournait vers Poppée qui, glissant la main dans ses cheveux, lui caressait la nuque. De temps à autre, il levait la tête vers elle avec un regard reconnaissant et soumis.
     
    — Le risque était grand, en effet, a expliqué Sénèque. Il fallait désormais choisir entre la mort d’Agrippine et la certitude d’un soulèvement militaire qu’elle allait susciter.
    Il s’est interrompu.
    — Burrus et moi avons choisi. Anicetus a dit qu’il disposait d’hommes sûrs. Et Burrus s’en est félicité, car les prétoriens n’auraient pas accepté de tuer Agrippine. C’est ainsi que des soldats de la flotte de Mycènes ont entouré sa villa, que le capitaine Herculeius et le centurion Obaritus ont fait irruption dans sa chambre et l’ont frappée, puis achevée.
    — Sa mère, ai-je murmuré. La femme qui lui a donné la vie, puis l’Empire !
    — Serenus, il fallait éviter la guerre civile, qui est le mal par excellence, m’a répondu Sénèque.
    Il a poursuivi, le visage sévère :
    — Même à sa mère on peut appliquer cette loi que le bienfait n’est régi par aucune loi écrite. Il dépend du seul jugement. On a le droit de comparer combien telle personne m’a rendu de services et combien elle m’a nui, et décider ensuite si sa dette envers moi l’emporte, ou si c’est la mienne. Agrippine constituait un danger pour Rome autant que pour Néron. Les bienfaits qu’elle avait apportés étaient bien inférieurs aux malheurs qu’elle avait suscités et à ceux qu’elle s’apprêtait à déclencher.
     
    Car elle avait regagné sa villa d’Antium, sûre, après avoir vu sa fidèle affranchie Acerronia tuée à coups d’aviron parce qu’on l’avait prise pour elle, que la perfidie de Néron était sans limites et qu’il n’aurait de cesse de tenter à nouveau de la faire périr.
    Elle avait donc décidé de tromper Néron pour se donner le temps de préparer sa riposte. Elle avait envoyé l’un de ses affranchis, Agermus, dire à Néron qu’elle était sauve, qu’elle avait échappé à un naufrage, et combien elle était heureuse de sa réconciliation avec l’empereur. Il fallait que Néron croie qu’elle n’avait pas compris qu’il voulait sa mort.
    Mais Néron, écoutant Agermus, avait éventé le stratagème. Il avait lancé un poignard aux pieds de l’affranchi et crié qu’Agrippine avait chargé cet homme de le tuer, qu’il fallait s’emparer de lui, le supplicier, déjouer le complot criminel et sacrilège dont lui, l’empereur, avait été la cible.
    À ce moment, les tueurs, le capitaine Herculeius et le centurion Obaritus, étaient déjà entrés dans la chambre d’Agrippine, et Herculeius avait déjà asséné ce coup de bâton qui avait ensanglanté le visage d’Agrippine. Obaritus avait tiré son glaive du fourreau et sa main n’avait pas tremblé lorsque la mère de l’empereur lui avait crié : « Frappe au ventre, c’est lui qui a enfanté Néron ! »
    Néron avait tenu à voir le corps. Il en avait palpé les membres, effleuré les plaies, puis – c’est Sénèque qui ajoute ce détail –, « pris de soif, il a commandé une boisson ».
     
    J’ai vu et entendu Néron dans les jours qui ont suivi. Il passait de la joie à l’abattement.
    Il serrait Anicetus contre lui, disant : « Ce jour est celui où je reçois l’Empire d’un affranchi. »
    Il répétait avec une conviction chaque jour plus affirmée qu’il avait été contraint de se défendre pour briser le complot qu’Agrippine avait fomenté contre lui. Et les dieux lui avaient été favorables. Il ajoutait : « Ma vie est sauve, je ne puis encore ni le croire ni m’en réjouir. »
    Il exprimait ainsi son inquiétude, n’osant rentrer à Rome, s’attardant dans les villes de Campanie, se demandant comment il serait accueilli par le Sénat, la plèbe, les prétoriens dans la capitale de l’Empire.
    J’ai entendu Anicetus le rassurer. Le nom d’Agrippine était honni, disait-il. Néron serait accueilli en triomphateur.
    De fait, j’ai été témoin de l’enthousiasme de la foule romaine, de la servilité des sénateurs qui avaient revêtu leurs vêtements de fête. Les épouses et les enfants s’avançaient en file pour saluer Néron. Les citoyens s’entassaient sur les gradins construits à cette occasion

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