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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ajouté.
    Puis il s’est écarté lentement, concluant dans un murmure :
    — Nous sommes tous menacés de devenir esclaves et de périr comme eux.

 
     
     
     
     
SEPTIÈME PARTIE

 
     
29
    Dans les jours qui ont suivi le supplice des esclaves de Pedanius Secundus, j’ai songé à quitter Rome.
    J’étais retourné au forum Boarium. Les cendres des bûchers avaient été dispersées, les croix abattues.
    En écoutant les soldats et les gladiateurs qui s’exerçaient sur ce terrain gorgé du sang de tous les torturés, j’avais appris que les corps des crucifiés avaient été jetés aux fauves dans les fossés qui entouraient les amphithéâtres.
    J’avais entendu les ricanements de ces hommes qui se moquaient des esclaves disciples de Christos et du fait que ceux-ci croyaient à leur résurrection. Les gladiateurs s’esclaffaient : jamais ils n’avaient vu un corps dépecé par les crocs et les griffes d’un lion, d’un tigre ou d’un ours se remettre debout, entier, comme un vivant.
    Ils méprisaient ces fables orientales et, après s’en être gobergés, ils recommençaient à se battre. Souvent, la passion les emportait, et, au lieu de se livrer à un simple exercice, ils s’affrontaient jusqu’à la mort.
    L’on m’a assuré que parmi les spectateurs venus assister à ces combats se trouvait souvent Néron, le visage caché par un pan de sa toge, encourageant les combattants, les incitant à s’entre-tuer, offrant des récompenses à ceux qui survivraient.
     
    — Néron aime le sang, a épilogué Sénèque.
    Néron, me disait-il, avait fait venir d’Égypte un homme aux yeux rouges, aux canines de loup, qui était habitué à se nourrir de chair crue comme une bête sauvage. Et il avait tenu à ce qu’on livrât à cet Égyptien des hommes à déchiqueter, à dévorer. L’empereur avait assisté à ce carnage, puis il avait convoqué au palais toutes les courtisanes, les matrones, les putains des bas-fonds, toutes les joueuses de flûte de Rome afin qu’on l’amuse et le surprenne.
    Il avait déclaré à Sénèque :
    — Nul empereur jusqu’à moi, vois-tu, n’a su tout ce qui lui était permis d’ordonner et de faire.
    Il avait appelé son « épouse », son affranchi châtré, ce Sporus maquillé et habillé comme Poppée, il l’avait chevauché et pénétré comme on fait d’une femme, disant :
    — Nul homme ne respecte la pudeur, mais moi j’ose au su et au vu de tous ce qu’aucun empereur n’a osé avant moi !
    Puis il avait exigé que l’on versât de la neige dans son bain afin que l’eau fut plus fraîche. Et il avait menacé de mort ceux qui tentaient de lui remontrer qu’il était difficile de transporter de la neige des Apennins jusqu’à Rome.
    — Je suis empereur du genre humain ! avait-il crié. Qui ose refuser de satisfaire les désirs et la volonté du fils d’Apollon ?
    Ses affranchis, ses courtisans, ses délateurs, tout cet entourage avide qui espérait recevoir sa récompense, l’applaudissaient.
    On se pâmait en voyant Néron paré chaque jour de bagues, de diadèmes, de colliers, de vêtements nouveaux.
    On l’approuvait d’exiger que, lorsqu’il songeait à pêcher, on lui tressât un filet doré retenu par des cordes pourpres et écarlates. Ses mules devaient être ferrées d’argent, ses muletiers revêtus de laine de Canusium, ville d’Apulie célèbre pour la qualité de ses tissages.
    Lorsqu’il jouait aux dés, c’était à quatre mille sesterces le point, et si un histrion, un acteur, un jongleur, un citharède le divertissait, il lui offrait des villas, des coffres remplis de sesterces, mais il pouvait aussi le dépouiller, l’exiler, le faire rouer à mort si l’homme avait déplu ou s’était montré meilleur que Néron dans l’exercice de son talent.
    L’empereur voulait tout éprouver, le plaisir du lupanar comme la fureur du viol. Et, lorsqu’il se rendait de Rome à Ostie, il ordonnait que toutes les putains de Rome se tinssent sur les bords du Tibre, devant des tavernes créées pour l’occasion, et que, cambrant leurs corps, ouvrant leurs cuisses, elles l’invitent à le visiter.
    Son émeraude sur l’œil gauche, Néron les examinait avec avidité, grognant de plaisir. Puis il s’asseyait à la poupe du navire, demandait à un poète de sa cour de réciter quelques vers, et, lorsque l’un d’eux avait déclaré : « Après ma mort, que la terre disparaisse dans le feu ! », Néron

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