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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’était récrié :
    — Mais non, que ce soit de mon vivant !
    Et tout ceux qui l’entouraient l’avaient acclamé, vantant sa verve et son génie de l’improvisation.
     
    Comme Néron, je me suis rendu à Ostie.
    Je voulais embarquer sur un navire que la fortune et les dieux me désigneraient et dont je souhaitais qu’il m’emportât dans quelque province de l’Empire, de l’autre côté de la mer, peut-être en Arménie où les troupes de Corbulon affrontaient toujours les Parthes. Ou bien à Jérusalem : la ville des Juifs m’attirait.
    Poppée avait reçu le grand prêtre de la ville et avait convaincu Néron d’accepter la requête du Juif qui voulait que son peuple fut autorisé à élever un grand mur séparant le Temple de Jérusalem du palais du roi Hérode.
    J’étais curieux de ce peuple juif, de cette secte de Christos qui en était issue, de la querelle qui les opposait. Depuis le supplice des esclaves de Pedanius, les Juifs de Rome avaient dénoncé ceux qu’on appelait les « chrétiens » comme des ennemis de l’empereur du genre humain. Certains membres de la secte de Christos avaient été livrés aux bêtes, les membres liés, sans pouvoir se défendre. Et, une fois encore, la plèbe les avait invités, dans l’amphithéâtre, au milieu des rires, à ressusciter comme leur Christos l’avait fait.
    J’étais aussi tenté de gagner une ville de la Gaule narbonnaise, Massalia, où se trouvait en exil le noble Sulla qui avait défié Néron, ou encore de me rendre en Asie où vivait, lui aussi chassé de Rome, Rubellius Plautus, entouré de quelques sages stoïciens.
    Peut-être ces hommes-là, un jour, soulèveraient-ils les provinces contre un empereur d’à peine vingt-cinq ans dont la tyrannie, le désir fou de vouloir tout et de tout pouvoir s’affirmaient chaque jour davantage.
     
    Mais quand je suis arrivé à Ostie, une tempête comme jamais de mémoire d’homme on n’en avait vue avait dressé contre les quais et les rochers près de deux cents navires, coques brisées, équipages souvent noyés, et qui gisaient comme des épaves démâtées que les vagues et les pluies d’averse achevaient de submerger.
    Je suis resté face à la mer grise, cette divinité échevelée qui me faisait ainsi savoir qu’elle se refusait à satisfaire mon désir, qu’elle voulait que je demeurasse à Rome.
     
    Je suis donc rentré. Et il m’a semblé que je découvrais pour la première fois cette ville qui m’avait jadis attiré et même séduit, bien que j’eusse su la corruption et la violence qu’elle recelait, les crimes qui s’y perpétraient, la débauche qui la rongeait.
    Mais j’avais aimé y côtoyer des citoyens de tout l’Empire, faire partie de ce cercle des amis de Sénèque, et même, je l’ai déjà avoué, avoir mes entrées dans le palais impérial et m’y vautrer dans les orgies dorées que Néron offrait à ses convives.
    Avais-je à ce point changé ?
     
    Je ne percevais plus de Rome que ses rictus et sa cruauté.
    Elle puait.
    Elle exhibait ses seins, ses phallus. Tout y était à vendre, le corps d’un enfant ou d’un éphèbe, celui d’une épouse ou d’une vierge.
    Je voyais, comme si elles venaient seulement de se constituer, ces bandes de voleurs et de violeurs, ces gladiateurs qui recherchaient les rixes, et peut-être – je le savais depuis longtemps, et cela m’avait indigné –, parmi eux, Néron, grimé, masqué, mais le plus dévoyé, capable de violer une prêtresse ou un éphèbe.
    L’on disait même qu’il avait abusé d’un jeune enfant avant de l’envoyer à la mort parce qu’il craignait l’ambition et la rivalité de sa famille, celle des Aulus Plautius. La mère de l’enfant, Pompeia Graecina, avait depuis lors rejoint la secte de Christos. On ne l’avait plus vue que vêtue de noir, austère, si digne cependant que même Néron ou l’un de ses affranchis, prêts à toutes les infamies, n’avaient osé la frapper.
    J’avais vu cela et l’avais accepté, comme si les autres facettes de la ville compensaient sa noirceur.
     
    Maintenant, c’était cette obscurité sordide qui s’imposait à moi.
    Quand j’ai retrouvé Sénèque, j’ai su que, même si j’étais devenu différent, la ville aussi avait changé.
    La nuit s’était épaissie. Néron révélait le fond de ses désirs. Un temps réduits au silence, les délateurs étaient à nouveau à l’affût, dénonçant la moindre réserve à l’égard

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