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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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poètes, des chanteurs et des citharèdes.
    Poppée devait lui faire entendre la même musique.
    Mais, après quelques hésitations, Néron se rasseyait comme si un dieu lui avait conseillé la réserve, lui inspirant la prudence, lui rappelant que le peuple de Rome ne désirait pas que son maître, comme un quelconque citoyen, un esclave ou un gladiateur, renonçât à la dignité impériale et se comportât en histrion.
    On murmurait que Néron songeait à se rendre dans une ville grecque, peut-être à Athènes, Alexandrie ou Naples – cette cité peuplée de Grecs où l’on n’avait pas les mêmes préjugés, et c’est le front ceint de la couronne du vainqueur des jeux qu’il rentrerait à Rome.
    Alors le peuple acclamerait son jeune empereur, le prince solaire, le fils d’Apollon, le vainqueur des Parthes, le protégé des dieux, l’homme qui aspirait à marier la grandeur de Rome aux mœurs d’Orient.
     
    Je déambulais dans Rome.
    La plèbe, malgré les espions et les prétoriens qui la surveillaient, semblait les ignorer. Elle se pressait dans les ruelles, s’écartait quand passaient ces troupeaux d’esclaves venus de tout l’Empire pour creuser les canaux que Néron avait décidé d’ouvrir entre Ostie et Rome.
    Les citoyens regardaient avec mépris ces Orientaux dont on disait que beaucoup appartenaient à la secte de Christos, qu’ils tentaient de s’évader, de trouver refuge chez les chrétiens vivant à Rome et dont le nombre augmentait d’autant.
     
    Parfois je surprenais un murmure.
    On critiquait Poppée qui recevait des Juifs au palais impérial et obtenait de Néron qu’il libérât des rabbins emprisonnés.
    On l’accusait de trahir Rome, de ne pas accomplir les sacrifices qu’exigeait la religion des ancêtres.
    On la soupçonnait d’introduire auprès de Néron, en usant de tous les pouvoirs qu’une épouse débauchée peut exercer sur un mari pervers, des Orientaux : ainsi ce mime d’origine juive, Alityrus, dont on affirmait qu’il était en relation avec Joseph Ben Mathias, l’ambassadeur du peuple juif à Rome.
    Mais ces critiques s’effaçaient. Les dieux, qui semblaient partagés, marquaient pourtant leur soutien à Néron puisqu’on annonçait que Poppée avait mis au monde, à Antium, une fille, Claudia, qu’on salua aussitôt du titre d’Augusta. Et les prêtres célébraient des sacrifices afin de remercier les dieux d’assurer à Néron une descendance.
     
    Les sénateurs et tous les courtisans se sont rendus à Antium.
    Sénèque lui-même a fait partie du voyage dont Néron n’avait exclu que le sénateur Thrasea, auquel il reprochait son indépendance d’esprit et ses critiques. Mon maître m’a décrit la joie de Néron, cette ivresse qui l’avait saisie, ces poèmes à la gloire des dieux généreux qu’il improvisa devant les sénateurs. Ceux-ci s’étaient répandus en louanges aux divinités protectrices de Rome.
    Le Sénat avait même proposé qu’on élevât des statues en or des deux Fortunes, les déesses d’Antium, qu’on fit des sacrifices et qu’on bâtit un temple à la Fécondité.
     
    J’écoutais Sénèque en silence.
    Néron avait-il le soutien des dieux ?
    Sénèque avait-il oublié les humiliations subies, les menaces voilées, les crimes commis, et la certitude, qu’il avait tant de fois exprimée, que la mort s’avançait, inspiratrice d’un empereur qui aimait le sang ?
    — La joie l’habitait, a murmuré Sénèque. J’ai retrouvé le jeune élève que j’avais connu quand il n’avait pas encore cédé à ses penchants.
    Il a ajouté, d’une voix hésitante : Peut-être cette naissance…
    Puis il s’est interrompu, me rappelant qu’il fallait se défier de l’espérance, mère de toutes les craintes.
    Il a suffi de quelques mois – quatre seulement – pour que les dieux montrent qu’ils se jouaient des hommes, fussent-ils empereurs.
    Claudia Augusta est morte, et le désespoir de Néron a été plus grand encore que la joie qu’il avait exprimée lors de la naissance de l’enfant.
    Tous les jeux qui avaient été prévus en l’honneur de Claudia ont été remplacés, à l’initiative du Sénat, en cérémonie pour la divinisation de l’enfant décédée.
    Les lamentations des sénateurs que j’entendis revêtaient le ton excessif des plus serviles flatteries. Ils demandaient pour Claudia Augusta un lit sacré, la construction d’un temple, un prêtre pour célébrer sa mémoire.
    Et

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