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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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porte garant d’Helena Hollenstein et même de
Karenberg. Tenez, voici sa femme.
    Peggy se dirigeait vers Helena. Elle portait une robe
blanche stricte, une ceinture de velours noir serrant sa taille. Ritzen fut sûr
qu’elle le reconnaissait. Elle le fixa avec ce qui lui sembla être une moue de
mépris.
    Quand Merani voulut le conduire près d’elle, il refusa,
quittant peu après la réception, repassant par son bureau à l’hôtel de police.
Les nouvelles s’y amoncelaient. Rapports d’inspecteurs, notes d’indicateurs,
premières épreuves des journaux du lendemain. L’Éclaireur de Nice avait
barré sa première page d’un titre « Vive l’Italie » ; Ritzen lut
rapidement l’article. L’ambassadeur autrichien à Rome avait réclamé ses
passeports. La déclaration de guerre à l’Autriche était imminente : « Voici
après neuf mois de guerre l’Italie qui rejoint sa sœur latine dans le combat,
pour la défense de la civilisation.
    Ritzen s’attarda, classa ses dossiers. L’Italie alliée,
c’était la possibilité de dégarnir le front des Alpes. Nice n’était plus qu’une
ville parmi les autres, une cité de l’arrière, où l’on préparerait les troupes
coloniales à la bataille, où l’on accueillerait les blessés. Ritzen rentra
lentement chez lui. C’était le milieu de la nuit.
    Marguerite dormait, mais elle se réveilla dès qu’il s’assit
sur le lit.
    — Les enfants ? demanda-t-il.
    — Bien, dit-elle, bien.
    Il s’allongea, les mains sous la nuque.
    — J’ai renouvelé ma demande d’engagement, dit-il. Je
n’accepterai plus de retard.
    Il devina qu’elle se recroquevillait.
    — Si… je n’oserai plus, continuait-il, après, tu
comprends ? Il y a des moments où il faut savoir.
    — Il n’y a que toi qui peux savoir, dit-elle.
    Le lendemain, Ritzen rencontrait le préfet Vidal. Les
cheveux entièrement blancs, cet homme encore jeune avait été formé à l’école de
Clemenceau. Nommé dans les Alpes-Maritimes depuis 1914, il avait trouvé en
Ritzen, un collaborateur actif qui avait aussi connu Clemenceau dans les
moments difficiles de la lutte contre les syndicats.
    — Vous êtes satisfait, j’espère, disait Vidal. Notre
colonie italienne s’enthousiasme pour la déclaration de guerre. Cérémonies,
manifestations, je ne sais plus où donner de la tête.
    — Il y a effectivement très peu d’opposants, monsieur
le Préfet. L’enthousiasme ? peut-être faudrait-il parler d’acceptation
plutôt, au moins chez les ouvriers.
    — L’essentiel, c’est qu’ils marchent, dit Vidal. Vous
avez déjà vu des hommes partir de gaieté de cœur se faire tuer ? On ne
fait ça qu’à vingt ans et encore, le premier jour. Il n’y a que Monsieur Barrés
et l’illustration pour prétendre que les soldats sont contents de
mourir. D’ailleurs personne ne leur demande cela. Pourvu qu’ils tiennent –
il s’interrompit :
    — Je n’ai pas de nouvelles de mon fils.
    — Monsieur le Préfet, commença Ritzen.
    Vidal refusa la demande d’engagement. Mais Ritzen ne céda
pas, déclara qu’il était prêt, s’il le fallait, à s’engager dans la Légion
étrangère.
    — Bien, dit Vidal, comme vous voulez.
    Deux semaines plus tard, le 10 juin 1915, Ritzen fut nommé
commandant du cadre de réserve au 12 e régiment de tirailleurs sénégalais,
qui se constituait à Nice. Les Africains avant d’être dirigés vers le front,
étaient regroupés dans les casernes du Midi où la température était clémente.
Puis après une période d’exercices, ils partaient, au pas cadencé, sans
musique, longeant la mer, traversant la place Masséna, s’engageant dans
l’avenue de la Gare encore déserte à cette heure matinale. Les trains, composés
de wagons à bestiaux et de voitures de première classe pour les officiers,
étaient arrivés deux ou trois jours avant avec des blessés. On avait changé la
paille. Mais parfois, oublié d’effacer une inscription à la craie, peu lisible
sur la paroi d’un wagon. Un nom, une date, un lieu, un « bonne chance les
gars » ou bien « saloperie » ou bien « chair à canon ».
    Les tirailleurs s’entassaient devant les wagons. Ritzen
donnait des ordres aux capitaines et aux lieutenants.
    — Faites monter les hommes !
    Puis, quand le quai fut dégagé, il passa le long du train
attendant l’arrivée du général. Les tirailleurs s’étaient déjà allongés sur la
paille.
    — Comment ça va

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