Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
rayures blanches.
    — Je n’ai jamais été un militariste ou un fanatique, mais,
les Espagnols, je les connais, nous les avons vus, n’est-ce pas, Jeanne ?
Nous avons visité l’Espagne, au mois de mai 1935, il y a un peu plus d’un an.
Alors, je sais que les crapules ça existe, et quand je lis, il faut lire
n’est-ce pas ? qu’ils ont déterré les corps des religieuses, pour les
violer, ça ne m’étonne pas, mais pas du tout. Frente Crapular, je vous assure,
c’est sûrement plus vrai que Frente Popular.
    Il sortait de sa poche Gringoire, le tendait à Dante.
    — Vous lirez. Le général Franco et les militaires,
comme les policiers, n’est-ce pas ? Ils sont parfois… Mais il faut savoir
si vous voulez vous laissez égorger ?
    Peur que Dante ne se mette à gueuler. Denise se levait.
    — J’ai froid, c’est humide.
    Elle donnait une taloche à Roland, elle avait un sourire
pour les Bidois.
    — Je vous laisse votre journal, disait Dante.
    Il s’éloignait sans les saluer.
    — Je ne voulais pas, commençait Monsieur Bidois. Chacun
est libre, n’est-ce pas ?
    — Il est comme ça, disait Denise, ne faites pas
attention.
    — Il est bien sympathique, ajoutait Madame Bidois.
    « Salopard », répétait Dante comme ils rentraient
à l’Hôtel Impérial.
    — Il n’y a que toi, tu es le seul à avoir le droit,
commençait Denise.
    Au début, elle savait encore ce qu’elle disait, mais, peu à
peu. En marchant plus vite, Roland courait devant, et il fallait qu’elle hurle
pour qu’il ne traverse pas seul la Promenade, avec toutes ces voitures. La rage
emplissait sa bouche.
    — Un salopard, reprenait Dante. Qui est-ce qui l’a
déclenchée la guerre civile en Espagne, qui ?
    — Envieux, disait Denise. Vous êtes des bons à rien.
L’argent…
    Mots du père, des clientes de Haute Couture, de
Madame Bidois, mots que Denise vomissait, dont elle se salissait. Et sa colère
montait encore. Un hasard suffisait parfois, la fille de Hollenstein, Nathalie
Revelli, qui entrait à l’Hôtel Impérial, et qui avait, imaginait Denise, un
sourire méprisant, Alexandre, son mari, le neveu de Dante qui les ignorait, ou
bien, simplement, une femme élégante qui passait comme l’image de ce qu’aurait
pu être Denise. Si.
    — Alors, pourquoi tu m’as épousé, tu n’avais qu’à…,
répondait Dante.
    Roland entre eux, ses yeux vers l’un, vers l’autre.
    Dante ouvrait la porte de l’appartement. Ces rideaux qu’elle
avait piqués, ces tommettes cirées autour desquelles elle avait passé une ligne
de peinture blanche soulignant ainsi l’hexagone rouge, le cosy-corner de noyer
qui servait de lit à Roland. Pauvre. Laid. Pauvre. Elle se laissait tomber sur
son lit. La chaleur qui stagnait dans la cour, celle qui venait du ventre
envahissait sa gorge. Angoisse. Elle touchait son sexe, regardait ses doigts,
rien, rien encore, et cela faisait, elle comptait, bien plus d’un mois, le 14
juillet, elle aurait dû. Enceinte, alors.
    Roland entrait dans la chambre, il se jetait sur elle. Elle
le repoussait. « Tu m’étouffes. » Mais il aimait se blottir. Elle lui
caressait les cheveux. « Tu es en nage, tu vas prendre froid. Tu as faim ? »
    Elle le changeait, lui préparait un goûter, grignotait,
assise en face de lui. « Tu t’ennuies tout seul. Si tu avais un petit
frère ou une petite sœur ? »
    Elle ouvrait la chambre, au bout du couloir, celle qui
servait de débarras. Dante la tapisserait, elle mettrait des rideaux à la
fenêtre, un lit là.
    Le soir, dans la cuisine, Roland à demi endormi, la joue
contre la toile cirée.
    — Raconte, papa, raconte, disait-il.
    — Alors, commençait Dante, on est entré dans une rade,
on a mis le youyou à la mer. « Vous, Revelli, m’a dit le premier maître,
prenez les avirons. » Ramer quand il y a le vent, le courant, c’est pas
facile.
    Denise se tournait vers eux.
    — La chambre du fond, disait-elle. Il faudra la
tapisser. On la mettra là, si c’est une fille.
    Dante venait vers Denise. Il posait les mains sur ses
hanches, tentait de caresser son ventre.
    — Si je pouvais, disait Denise en se dégageant, mais je
n’ai pas le courage.
    — Et moi, j’accepterais ?
    — C’est moi qui les fais. Pas toi. Si je voulais.
    Dante levait le poing, prenait Roland dans ses bras,
commençait à chanter.
     
    Allons
au-devant de la vie
    Allons
au-devant du matin
    Il va vers le
soleil levant
    Notre pays…
     
    Roland

Weitere Kostenlose Bücher