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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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comme ça.
    Carlo s’appuya au mur sans répondre. Quand il restait
debout, deux poignes glacées saisissaient ses reins, ses genoux.
    — Les tiens aussi ont des enfants, dit Vincente.
    Carlo n’avait pas encore vu Yves, le fils d’Alexandre et de Nathalie.
Anna seule était montée à Saint-Paul. « Viens », répétait-elle à
Carlo. Il avait refusé. Pourquoi ne se déplaçaient-ils pas, eux, les plus
jeunes ?
    — J’en ai deux, dit-il, Robert, le fils de Mafalda.
Yves.
    Il s’arrêta. À lui ces petits-fils ?
    — Alexandre, il a un fils depuis deux mois. Il
s’appelle Yves, reprit-il.
    — Ils nous poussent, dit Vincente. Che vouas, qu’est-ce
que tu veux ?
    Chacun son temps.
    Carlo se redressa. Vincente, toujours prêt à accepter.
    — Tu viendrais à Mondovi avec moi ? demanda-t-il.
    Vincente poussa une exclamation, il commença de sourire :
    — Da bouan ? Vraiment ?
    — Pas à pied, dit Carlo.
    Il se mit à rire, et Vincente rit, lui aussi.
    — Il faudrait que Luigi…
    — Il viendra, dit Carlo.
     
    Luigi était rarement au Castèu. Rose expliquait qu’il
voulait s’installer à Marseille.
    — Je sais pas ce qu’il a, je le vois plus, disait-elle.
Peut-être son bras qui lui fait mal. Vous savez, en vieillissant.
    — Il faut qu’il passe me voir, insistait Carlo.
    Un matin, Luigi était entré dans le bureau de Carlo, au
port, la main gauche trop mobile, comme s’il voulait, à force de gestes, faire
oublier que la droite n’était que cette raideur gantée de cuir que Carlo
regardait, se souvenant des mains mortes de Joseph Merani sur le gilet noir.
    — À Mondovi ?
    Luigi faisait pirouetter sa main gauche devant le visage de
Carlo.
    — L’Italie, finie pour moi. J’ai vendu la Costa
Azzura. Plus je suis loin de la frontière – il montrait maintenant
l’est – et mieux c’est. Ton beau-fils, maître Charles Merani, tu le connais
ton beau-fils, s’il pouvait me…
    De la main raide, le mouvement d’un couperet.
    — Ses petits trafics d’armes, ses combines politiques,
continuait Luigi. Ah, il a de grandes ambitions ! Seulement, attention à
ta fille, ne mets jamais tes œufs dans le panier Merani. Parce qu’il ira pas
loin. Un beau jour…
    De nouveau le geste du couperet.
    — Ils l’auront, les flics, les autres. Complot, c’est
du poker, leur truc, et leurs atouts…
    La main gauche se levait comme si Luigi voulait jeter une
poignée de sable par-dessus l’épaule.
    — Alors, l’Italie, c’est comme si je mettais le cou,
là. Parce que Merani, Darnand, les fascistes, main dans la main.
    Il saisissait sa main droite avec la gauche.
    — On me reverrait plus.
    Carlo, les yeux à peine ouverts, paraissait somnoler.
    — Qu’est-ce que tu leur as fait ? dit-il.
    Luigi sursauta, il avait un visage de gosse fautif, la même
expression qu’il prenait, les yeux aux aguets, l’avant-bras prêt à se lever
pour protéger la joue, la nuque de la taloche que Carlo allait lui donner. Mais
il n’était jamais assez rapide dans l’esquive. Carlo l’attrapait par le bras,
les cheveux, le forçait à faire face, et Luigi se mettait à pleurer.
    — Qu’est-ce que tu leur as fait ? répéta Carlo. Tu
les as vendus à qui ? Aux flics, aux communistes, aux deux ?
    Luigi grimaça, se leva :
    — T’es le même, dit-il. Toujours sûr de toi. T’aurais
dû être flic. Tu m’as aidé ? Je suis venu une fois, tu te souviens, chez
toi. Tu faisais le beau, Monsieur Revelli, dans sa propriété de Gairaut. Je te
demandais presque rien. T’aurais eu ton bénéfice. Et t’as dit quoi ?
Jamais d’affaire avec la famille. Et moi j’ai eu ça !
    Luigi brandit son bras droit.
    — Avec toi, j’aurais pu trafiquer les marchandises de
tous les entrepôts militaires de Marseille. Non. Il a fallu que je me débrouille
seul et avant, quand je faisais le boy pour Merani. C’est ta famille
maintenant, non ?
    — Fous le camp, dit Carlo.
    Luigi avait atteint la porte, il revint vers le bureau de
son frère :
    — Tu voulais te payer le retour triomphal, le roi avec
ses deux cons, Luigi et Vincente, les petits frères. Mon cul, Carlo, t’es un
pauvre vieux, et ça tu l’auras pas. Vincente, c’est un vrai con, un pauvre
type, il te la portera, ta valise. Mais moi, je t’emmerde. C’est toi, toi et
Vincente qui avez décidé de partir de là-bas. À coups de pied vous m’avez fait
marcher. Maintenant, je décide. Salut, Carlo,

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