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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Nathalie, je ne peux
plus danser.
    Violette bouscula des couples, toucha l’épaule de Sam :
    — Nous partons tous, dit-elle.
    Katia suivait avec regret, lançant des poignées de confettis
sur les passants qu’elle croisait, chantonnant.
    — Vous êtes tristes, répétait-elle.
    Elle eut, rue de France, une bataille endiablée avec un
couple, puis, dans la cour de l’hôtel, elle commença à danser, interrompue par
Gustav Hollenstein.
    — Toute la soirée, lui expliquait-elle, ils ont refusé
de s’amuser, prédit le pire, la guerre, que sais-je.
    Elle tendait le doigt :
    — Violette, c’est la coupable.
    — Moi aussi, dit Nathalie.
    — Vous ne savez pas vivre, ajouta Katia.
    Elle enlevait ses chaussures dans le hall de l’hôtel,
demandait à l’un des grooms de lui faire apporter une bouteille de champagne, puis
elle se laissait tomber dans un fauteuil, près de l’ascenseur.
    — Quand on ne sait pas vivre, il faut mourir, dit-elle.
    Un garçon lui versait une coupe de champagne, elle soufflait
dans le serpentin, faisait la grimace, puis se mettait à rire.
    Le visage de Nathalie s’amincissait, comme s’il se vidait,
ne laissant que les os, le menton accusé, le front large et bombé. Elle
embrassa son père, puis, sans un mot, traversa le hall, Alexandre la suivant à
quelques pas. Il se retournait, déposait au passage, sur une chaise, le kimono,
le masque.
    Gustav Hollenstein ouvrait la porte de l’ascenseur, touchait
le poignet de Katia :
    — Je crois qu’il vaudrait mieux que tu montes,
disait-il.
    Elle se levait, pouffait, le loup de velours sur le front
dessinant comme un autre visage, inquiétant.
    — Ce carnaval, dit Sam, en se servant une coupe, ce
n’est plus qu’une singerie ridicule de vieillard.
    Il but, prit Violette et Rafaele chacun par un bras, saluant
d’un signe de tête Gustav Hollenstein.
    — Pour savoir vivre…, commença-t-il.
    Il s’interrompait, ouvrait la portière de sa voiture,
interrogeait Rafaele :
    — Comment la trouvez-vous ?
    — Bête, dit Rafaele.
    Violette se mit à rire. Elle s’installait près de Sam,
Rafaele s’asseyant à l’arrière, et elle avait envie de se retourner pour le
voir.
    — Non, dit Sam. Katia joue à être bête. C’est commode.
Comme cela, on ne voit que son corps. Il est beau.
    Violette avait appuyé le coude sur le dossier du siège et,
ainsi placée, elle apercevait le visage de Rafaele, attentif.
    — Pour savoir vivre, reprit Sam, il faut d’abord savoir
mourir. Nous trois, ici, nous savons, Katia, non.
    — Moi, dit Violette, mourir ?
    — Tu sais aussi, dit Sam, comme Rafaele. Les autres,
ceux qui ne savent pas, je les crains.
    Violette revit sur le front de Katia Lobanovska le loup
noir.
43
    Il y a combien d’années ?
    Carlo Revelli était assis, le dos appuyé à la façade de
l’Hôtel Impérial, sur la terrasse du dernier étage où, à l’abri du vent, Gustav
Hollenstein avait dressé la table.
    — Vous vendre, disait Gustav.
    Carlo, avec le pouce, détachait des écailles de plâtre. Sous
la pression de l’ongle, elles s’effritaient, boursouflures terreuses, plus
foncées, qui laissaient une poudre blanchâtre sur les doigts et un chancre
irrégulier dans le mur. Un geste machinal de Carlo alors qu’il regardait
l’horizon blanchi par les pluies d’hiver, qu’il écoutait Gustav.
    — Vous vendre, répétait Gustav. Pour l’Hôtel des Iles,
je n’hésite pas, nous signerons quand vous voudrez. Ici, l’impérial, c’est
autre chose. J’aimerais rester, directeur, gérant, même si je vends.
    Carlo frotta ses doigts couverts d’une fine poussière.
    — Il y a combien d’années ? demanda-t-il.
    Hollenstein se leva, plaça sa chaise près de Carlo, lui mit
familièrement la main sur le genou.
    — Vous aussi ? Pourtant, j’ai toujours
l’impression que vous ne pensez qu’à l’avenir. Sur le passé… – Hollenstein
tapota le genou de Carlo – sur le passé, vous coulez une dalle de béton.
    Carlo croisa ses jambes comme s’il voulait, en les
déplaçant, forcer Hollenstein à retirer sa main.
    — Mais non, reprenait Hollenstein. Pourquoi seriez-vous
différent ? Cela a passé trop vite, pour vous aussi, comme pour moi.
    — Votre plâtre… – Carlo avait détaché une grosse
écaille qu’il brisait dans sa main droite – c’est plutôt du sable que du
plâtre.
    — Si vous aviez accepté de vous charger de la
construction, dit Hollenstein.

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