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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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qu’elles se confieraient leurs secrets. Une
égoïste, Christiane, que les études avaient changée, qui parlait comme un
homme, qui défilait dans les rues avec les étudiants.
    Chaque fois que Denise commençait une phrase : « Oh !
toi maman, toi », disait Christiane avec un soupir de mépris.
    Roland, s’il avait été seul, l’aurait écoutée, comprise.
    Quand elle l’apercevait qui rangeait la voiture sur le parking,
Denise se plaçait derrière la porte et au moment où son fils s’apprêtait à
sonner, elle ouvrait. Elle le surprenait à chaque fois.
    — Une mère, disait-elle, c’est comme une sorcière, je
te sens venir.
    Il riait, l’embrassait, prenait une pomme sur la table de la
salle à manger. Dante s’approchait, prononçait quelques mots. La gêne entre le
père et le fils, Dante qui répétait :
    — Tu n’as pas d’ennuis, ça va ?
    Denise s’emparait de cette phrase.
    — Tu crois qu’il te ressemble ? Qu’est-ce que tu
veux ? Attirer le malheur ?
    Elle voulait rester seule avec Roland, lui parler, chuchoter
comme elle le faisait quand il était petit, qu’elle le prenait entre ses seins,
et il avait si longtemps tété.
    Elle sortait quelques photos.
    — Je les regardais, disait-elle, tu étais beau.
    Il mordait dans une autre pomme, ouvrait la fenêtre et
Denise devinait l’inquiétude, la nervosité de Roland.
    — Elsa, interrogeait-elle, je ne la vois plus, Jeanne
pourrait venir.
    Roland se retournait, repoussait sa mère qui murmurait :
« Qu’est-ce qu’il y a, Roland ? »
    Elle reconnaissait ce visage, celui de l’enfance, quand
Roland rentrait tard, qu’elle l’attendait dans la cour, qu’il se mettait à
pleurer :
    « Ils m’ont, maman, ils m’ont… » « Qu’est-ce
qu’il y a, qu’est-ce qu’il y a ? » avait-elle dit alors et elle répétait
tant d’années plus tard avec la joie et l’anxiété des retrouvailles, la
question.
    Roland haussait les épaules, allait fermer la porte de la
salle à manger, comme s’il ne voulait pas que son père entende.
    — Je l’ai mise dehors, disait-il.
    Il s’interrompait, regardait à nouveau vers le parc.
    — Je suis seul maintenant, je vais pouvoir vivre.
    — Tu es seul, répétait Denise, mais tu mangeras où ?
Viens ici.
    Il riait.
    — Je reprendrai Elsa aux vacances.
    — Je t’avais dit, murmurait Denise, je t’avais dit.
    Roland tout à coup la bousculait, hurlait :
    — Oui, tu m’avais dit.
    Il claquait la porte, Denise courait derrière lui, le
rejoignait sur le parking, l’obligeait à remonter.
    — Ne fais pas de bêtises, disait-elle. Dans ta
situation surtout. Tu vas dîner ici ce soir.
    Déjà elle disposait la table, s’arrêtait.
    — Tu n’es pas le premier, tu sais. Moi, Jeanne, si
j’avais rencontré quelqu’un comme toi, ah ! elle le regrettera. Une femme,
un homme comme toi, elle regrettera, toi tu pourras toujours trouver.
    Dante poussait la porte :
    — Tu dînes ici ?
    Roland ouvrait la télévision.
    — Jeanne, ça va ? interrogeait Dante.
    — Il l’a mise à la porte, disait Denise, et il a bien
fait.
    Dante s’approchait de son fils, éteignait le récepteur.
    — Qu’est-ce qui se passe ?
    Il n’aimait pas l’expression de Roland, ce menton en avant,
cette manière de tenir les yeux baissés.
    — Tes affaires, dit-il, tu réussis, c’est bien, mais le
reste ? Elsa, Jeanne, tu es sûr d’avoir raison ?
    Roland se levait.
    — Je m’en vais, disait-il à mi-voix.
    Dante s’avançait, poussait violemment Roland dans le
fauteuil, appuyait sur le bouton de la télévision et la lumière bleutée de
l’écran envahissait la pièce.
    — C’est moi qui m’en vais, disait Dante. Reste avec ta
mère.
     
    Dès les premiers pas dans la nuit, Dante regrettait son
geste, sans qu’il ait envie de les revoir, la mère, le fils. Il allumait une
cigarette, mais le tabac lui semblait trop âcre, il crachait, s’asseyait un
moment sur l’une des bornes qui marquaient l’entrée du parking, puis parce
qu’il commençait à avoir froid, il descendait l’allée, la rue, se retrouvait
dans son quartier de la rue de France, devant l’entrée de la cour.
    Il fit quelques pas sous le porche de l ’Hôtel Impérial. L’appartement
était occupé par le nouvel électricien de l’hôtel. Ils avaient remplacé les
vieux volets par des stores et l’un des rares dimanches où Dante avait
accompagné Denise sur la Promenade,

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