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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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n’avais été aussi concentré sur une affaire que je l’étais sur Black Biscuit. C’était, dans tous les sens du terme, ma vie.
    Je leur répondais que ça allait.
    Le 21, à Berdoo, on fut chargé de monter la garde. J’y allai avec Joey et restai à l’extérieur du clubhouse sous un soleil brûlant. À un moment donné, on me releva et on me dit d’entrer. Timmy et Pops étaient partis faire une course chacun de son côté. Nous étions séparés et il était pratiquement impossible à l’équipe de couverture d’assurer notre protection. J’étais certain que Slats en avait marre et envisageait de tout arrêter. Joey me vit et me dit que je pouvais boire une bière. Je le remerciai et lui demandai si je pouvais fumer. C’était une blague, mais il ne s’en aperçut pas. Devant les autres Angels, il voulait avoir l’air d’un dur. Il me répondit que non, seulement quand je n’étais pas de service. Je répondis d’accord tout en pensant intérieurement que j’emmerdais ce fils de pute. En rejoignant le bar, je bousculai accidentellement un membre à part entière, un Californien blond que je ne connaissais pas.
    Je dis :
    — Hé, mec, je ne l’ai pas fait exprès. C’était un accident.
    — Rien à foutre.
    — Je ne t’ai pas vu, c’est tout.
    — Putain, tu m’as pas vu ? Fils de pute, faut toujours que tu me voies. C’est ton putain de boulot. Dehors. TOUT DE SUITE !
    Bobby m’avait également fait la leçon sur ce point. Selon les Hells Angels, les règles de la bagarre sont simples. Si un non-Angel provoque un Angel, tous les Angels viennent en aide à leur frère. La situation n’est pas équitable mais, du point de vue des Angels, elle est juste. En revanche, quand un Angel en provoque un autre – ou un hangaround ou un prospect –, c’est un contre un. Les Angels ont le privilège de régler leurs comptes entre eux. Il m’avait dit que la seule attitude honorable, en cas de défi, consistait à se battre.
    J’étais d’accord.
    — Très bien, allons-y, dis-je.
    Je suivis le type. Il portait un jean moulant et des bottes couleur de merde. Il était plus robuste que moi… pas plus grand, mais ses épaules étaient plus larges que les miennes, ses bras plus gros. Ses jambes étaient maigres.
    Avant d’arriver à la porte du clubhouse, j’ôtai mes bagues et les fourrai dans ma poche. J’étais prêt à prendre une raclée, mais je ne me laisserais pas faire. On arriva dehors et il se retourna. Dix ou douze gars se tenaient autour de nous. Nous étions au pied d’un mât de six mètres fiché au centre de la cour. Au sommet trônait un disque – on aurait dit une enseigne de station-service – sur lequel était peinte une tête de mort énorme.
    Dans l’ombre du disque, le type me regarda de la tête aux pieds. Joey Richardson se tenait derrière lui, comme s’il avait décidé de soutenir son frère et pas moi. Je me dis que Joey lui avait peut-être demandé de me provoquer pour voir comment je réagirais. L’Angel me regardait tirer sur une bague que je n’avais pas ôtée depuis plus de cinq ans.
    Il me demanda si j’étais Bird. Je répondis que oui. Il me demanda ce que je faisais.
    — J’ôte mes bagues pour pas trop te démolir la gueule quand je la cognerai.
    Il sourit.
    Joey éclata de rire.
    — Merde, ça c’est Skull Valley.
    Le sourire s’estompa sur le visage de l’Angel. Il haussa les épaules.
    — Et merde. Qu’est-ce que tu bois ?
    Je le regardai dans les yeux et le lui dis.
    J’avais eu la bonne réaction. Je remis mes bagues.
    Quatre jours plus tard, on fut une nouvelle fois de garde à Cave Creek. Là non plus, il n’y avait pas d’ombre. C’était une grosse fête, avec des gars venus de partout. Un Anglais, Marcus, président de Londres, était présent. Bad Bob, Smitty, Joby, Dennis, Mac, Pete Eunice, Sonny Barger, plein d’Angels de la côte ouest… tout le monde. On connaissait tellement de gars, Timmy, Pops et moi, qu’on faisait désormais les présentations. Pendant la journée, on m’avait demandé de la bière, un décapsuleur, des cigarettes, un préservatif, un stylo, cinq dollars, mon numéro de téléphone, du ketchup, une trousse à couture, et enfin de pousser une moto en panne. J’avais tout sauf la trousse à couture. Timmy proposa au type des épingles de sûreté. Il les prit.
    Vers six heures, alors que la fête battait son plein – même rockabilly classique que d’habitude,

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