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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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Quelques-unes étaient là depuis des décennies et faisaient partie de ses mains.
    Il me fixa droit dans les yeux et garda le silence. On n’entendait pas le moindre bruit dans la pièce. Tout le monde était rassemblé derrière lui, et Timmy se tenait derrière le groupe. Si j’avais mal interprété leur attitude et s’ils décidaient maintenant de nous buter, nous risquions de nous tirer dessus, Timmy et moi, et cela m’inquiétait.
    Je posai les mains sur la table et croisai les doigts. Contrairement à celles de Teddy, elles n’étaient pas grasses. Je tendis les jambes sur le côté, dévoilant les tongs que je portais. Teddy ne parut pas s’en apercevoir. C’était une façon de lui dire : je t’emmerde.
    Il leva une main et sortit les tubes de son nez. Un mince filet de morve relia le tube à sa narine, tel un fil de toile d’araignée. Il l’essuya du revers de la main.
    Sa voix fut d’une fermeté de roc.
    — J’aime pas qu’on perde un des nôtres.
    Je répondis :
    — Pops était un de mes meilleurs amis. Un vrai guerrier.
    — C’est comme quand des parents perdent un enfant.
    Teddy fixa tristement la table. On resta quelques instants silencieux.
    Il me regarda dans les yeux.
    — Mais tu as fait ce qu’il fallait. Parfois, les Hells Angels sont obligés de combattre et de tuer. On se souviendra de Pops comme d’un héros, on accrochera son blouson au mur. Avec tous les insignes, naturellement.
    — Formidable, mais Timmy et moi ?
    — Comment ça ?
    — On a fait ce qu’il fallait, comme tu viens de le dire. Ce Mongol était un pédé et il est mort en pédé, grâce à nous. Grâce à vous, les Hells Angels.
    — Bird, tu n’écoutais pas. J’ai dit : les Hells Angels sont obligés de combattre et de tuer. Félicitations, mes frères. Maintenant, vous êtes des Hells Angels.
    Il sourit, tendit les bras, serra ma nuque entre ses mains charnues.
    Voilà.
    Nous avions accompli l’impossible. J’eus l’impression d’être Lewis et Clark lorsqu’ils ont vu le Pacifique, ou Neil Armstrong quand il a posé le pied sur la Lune. J’avais fait mon devoir.
    C’est ainsi que se conduisent les Hells Angels.
     
    On retourna fêter ça au Pinion Pines, mais, comme Pops était mort, le cœur n’y était pas. Bobby libéra un coin de la boîte, ordonna au videur, au barman et au directeur de maintenir tout le monde à l’écart. On prit une tournée de whisky. Joby et Bobby se joignirent au toast. Je dis :
    — À la santé de Pops. Au moins, il est mort dans un bar.
    Cela suscita quelques sourires. On but et on resta immobiles. Teddy nous fit signe de nous pencher vers lui et dit qu’il faudrait qu’on brûle les preuves dans la soirée. Il ajouta, d’une voix où transparaissait la terreur :
    — Putain, personne est au courant.
    Il vida son verre, puis souffla :
    — On fera notre possible pour que vous ayez vos insignes, mais soyez patients.
    Je bredouillai :
    — Qu’est-ce que ça veut dire, Teddy, être patient ?
    — Ouais, putain, qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Timmy.
    — Écoutez, pour nous, vous êtes membres à part entière. Mais faut qu’on prenne l’avis du conseil, on peut pas agir seuls. Vous savez ce que c’est. Il y a des règles.
    — Vous en faites pas, dit Joby. Je partirai demain et je plaiderai votre cause. J’irai à Vegas, Berdoo, Dago, San Fernando, Oakland et je verrai tous les gars. J’ai raconté à Sonny ce que vous prépariez et il a répondu qu’il espérait que vous tueriez ce fils de pute. Donc vous inquiétez pas, il n’y aura pas de problème.
    Je dis :
    — J’espère bien, putain. On l’a fait parce qu’il fallait ; j’en ai rien à foutre de ce Mongol, mais je l’ai fait aussi pour entrer dans le club, et maintenant que Pops est plus là, je veux vraiment y entrer.
    J’étais furax. J’avais l’impression que tout risquait de m’échapper parce que les gars revenaient sur leurs promesses.
    — Je veux mon putain d’insigne.
    Timmy gronda :
    — Moi aussi. On l’a gagné.
    Bobby posa un bras sur mes épaules et dit :
    — Sortons.
    Dehors, il reprit :
    — Va mettre ton téléphone dans le pick-up.
    Il le montra. J’obéis. Puis il m’entraîna dans un coin isolé du parking.
    — Calme-toi, Bird. Tu as eu deux jours difficiles.
    Il alluma une cigarette et revint sur le meurtre qu’il affirmait avoir commis pour son club.
    — Quand j’ai fait le mien, putain, j’étais

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