No Angel
mes pistolets. Clic, clic. À nouveau. Clic, clic. À nouveau.
Timmy demanda :
— Tu te souviens de cette scène des Incorruptibles où ils ont tendu une embuscade aux gars de Capone sur un pont canadien et où Connery dit à Garcia : « Tu as vérifié ton arme, maintenant n’y touche plus. »
— Ouais.
— Bon, Jay, tu as vérifié ton arme.
— D’accord.
Je posai le pistolet, fouillai dans ma poche et en sortis un jackcaillou. Timmy ne me quittait pas des yeux. Il me demanda si j’avais parlé avec Jack ces derniers temps.
— Non.
— Hmmm. Mes gamins vont bien.
— Parfait. Désolé de ne jamais demander de nouvelles.
— Pas de problème. On est très occupés.
— Exact.
— Ouais.
Je regardai le caillou, le retournai dans ma main.
— C’est drôle. Il y a des mois, Jack m’a dit quelque chose que je ne comprends qu’aujourd’hui. C’était en février ou en mars, avant qu’on soit vraiment liés aux gars.
Je me tus, allumai une nouvelle cigarette, puis repris :
— Peu importe… Donc je sors de la maison, Jack se précipite dehors et me donne un caillou. J’en ai déjà des centaines, donc je n’y fais pas vraiment attention. Il avait envie de parler, de m’empêcher de partir, je lui dis que je n’ai pas le temps. Il me donne le caillou, je le remercie et il me demande si je sais pourquoi il me l’a donné. Je réponds que c’est parce qu’il m’aime, ou qu’il veut me montrer à quel point il m’aime, quelque chose comme ça. Il secoue la tête. « Non, papa, ce n’est pas pour ça. Je te les donne pour qu’il ne t’arrive rien. » Je demande : « Donc ils sont destinés à me porter chance ? » Il secoue une nouvelle fois la tête : « Non. Pour que tu puisses les toucher si tu as des ennuis, si tu as peur, besoin d’aide ou quelque chose, et te rappeler que je suis à tes côtés. »
— Whoa !
— Ouais, sans blague. J’étais trop préoccupé pour comprendre sur le moment. Dans mon esprit, j’ai considéré qu’ils étaient destinés à me porter chance, c’était plus facile. Mais maintenant, alors qu’on attend ces types, je comprends enfin ce qu’il voulait dire. Il voulait dire qu’il pouvait me rendre plus fort, me sauver la vie même… pas les cailloux, mais Jack lui-même.
— Il te manque, hein ?
Je réfléchis pendant quelques secondes. Je regardai Timmy et, l’appelant par son vrai nom, je dis :
— Billy, je ne sais plus.
J’aurais dû pleurer, mais j’étais complètement sec. Penser à ça était trop pénible.
Je rangeai le caillou ; je remis dans ma poche mon fils de huit ans, assez mûr pour élaborer une telle idée, je me haïssais de l’avoir amené à la concevoir.
J’étais Bird et la haine faisait partie de mon mode de fonctionnement.
Je tirai la culasse de mon arme et y fis monter une cartouche. Je décidai que je serais prêt si les choses tournaient mal. J’étais revenu en arrière. Plus de réflexion.
J’étais Bird et Bird était toujours prêt.
Timmy dit :
— Ça va aller, tu sais.
— Peut-être, mec, mais ces types ne nous doivent rien. Quand ils verront ce qu’on va leur montrer, ils risquent de prendre leurs jambes à leur cou.
Timmy gagna le bureau et posa les mains dessus. Il se pencha.
— Impossible, Jay. Je te l’ai dit : on est tranquilles comme un dimanche matin.
— Tu l’as dit. S’il te plaît, ne le chante pas à nouveau.
Il eut un rire étouffé.
— T’inquiète.
— Sérieusement. Si Teddy paniquait ?
Timmy se redressa.
— Ne pense plus à Teddy. Au sein des Hells Angels, on vaut dix fois mieux que lui et il le sait. Pops aussi. Merde, j’ai jamais vu Teddy sur une moto !
Il avait raison. Je tirai une longue bouffée de fumée.
— OK. Mais fais gaffe, ce soir. Ne tourne le dos à personne.
Il acquiesça et se tapota la poitrine. C’était là que se trouvait son arme.
L’attente continua.
Mon téléphone vibra, me rappela mes messages. Je décidai de les écouter.
C’est Gwen. Ta femme. Le système d’arrosage automatique ne fonctionne plus et il faut que tu le répares ou que tu le remplaces. Avec les enfants, je n’ai pas une minute à moi. Appelle-moi vite. Bon, voilà, c’est tout. Tu nous manques. Surtout à Jack. Au revoir.
Bip.
C’est à nouveau Gwen. Jack s’est battu hier, à l’école, et, comme tu es son père, j’ai cru qu’il fallait que tu sois au courant. Pourrais-tu, s’il te plaît, nous
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