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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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Timmy s’était penché et avait tiré ; qu’on avait volé le blouson du cadavre et pris la route du retour, pleins de fureur, de vengeance et de rédemption. J’ajoutai qu’on s’était débarrassé de l’arme, pièce par pièce, dans le désert de Sonora.
    J’étais Bird et je savais chanter.
    Tout le monde écouta très attentivement. Quand j’eus terminé, je montrai le carton de la tête.
    — On a des preuves. On savait qu’il faudrait qu’on vous montre quelque chose, mais on ne pouvait pas franchir la frontière avec les preuves d’un meurtre dans le coffre, donc on a envoyé ce colis de Nogales, au Mexique.
    Tout le monde garda le silence. Teddy fixa sur moi un regard paresseux, intense, la tête légèrement inclinée. Il ne fumait plus. Ma cigarette n’était plus qu’un mégot brûlant. Je l’écrasai et j’en allumai une autre. Joby ouvrit le carton.
    — Whoa !
    La pièce était si petite que le corps de Joby faisait écran. Bobby se pencha pour jeter un coup d’œil.
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — Un blouson des Mongols.
    Joby se retourna. Il tenait le blouson par les épaules. Il siffla, incrédule, et secoua la tête. Il leva le vêtement pour que tout le monde puisse bien le voir. Il y avait l’insigne supérieur, l’insigne inférieur de Californie et l’insigne central représentant un Mongol à catogan, qui évoquait un personnage de dessin animé, sur son chopper. Le cuir était usagé… couvert de sable, de sel, de graisse et de crasse. Et il était taché de sang, surtout autour du col et sur les épaules. Devant et derrière, des rigoles de sang séché descendaient jusqu’à l’ourlet.
    Teddy prit trois goulées rapides d’oxygène. Pendant un bref instant, sa nervosité fut visible. Il était impossible de revenir en arrière. Il comprit que les hommes présents dans la pièce étaient des meurtriers, des complices ou les deux. Il se leva et rejoignit le groupe penché sur le blouson. Je compris à cet instant que nous contrôlions la situation. J’avais planté la graine de l’incertitude et elle avait produit la peur. On échangea un regard grave, Timmy et moi, mais j’eus envie de crier OUI ! et de lever le poing.
    Peut-être, finalement, n’allions-nous pas mourir.
    — Il y a aussi des photos.
    Joby plongea une nouvelle fois la main dans le carton. Il en sortit une enveloppe, l’ouvrit, y prit une mince pile de clichés.
    — Ce sont des clichés numériques. Je les ai copiés sur une carte flash et tirés sur une imprimante portable pendant qu’on était là-bas. Il n’y en a pas d’autres. On a brûlé l’imprimante et la carte flash.
    Les clichés montraient un Blanc grisonnant à plat ventre dans un fossé, le torse dans une position inconfortable, les poignets liés dans le dos avec de l’adhésif et les chevilles attachées. Une bande de peau chevelue pendait sur l’arrière de son crâne. Il y avait, sur le sable, au-dessus de son épaule, une tache de sang et une pile de cervelle. Des gouttelettes de sang, sur le sable et la poussière, formaient de petites constellations noires. Son blue-jean était couvert de taches rouges de la taille d’une pièce de vingt-cinq cents. Ses mains étaient molles.
    Joby donna le blouson des Mongols à Bobby. Bobby l’examina et le passa à Teddy. Rudy suivit le blouson des yeux d’un air méprisant.
    Quand les photos arrivèrent entre ses mains, Rudy montra la pile sanguinolente et demanda :
    — C’est son cerveau ?
    Timmy intervint :
    — Je sais pas. J’ai tiré à bout portant. Sa tête était gonflée comme un ballon. Il avait vraiment l’air stupide. Quand je l’ai abattu, ça a fait le même bruit qu’un sac plein d’eau qui tombe par terre. Puis il y a eu un chuintement.
    Rudy eut un rire étouffé.
    — On dirait de la confiture de raisin.
    Joby dit, d’un air d’autorité :
    — C’est pas son cerveau, Rudy. C’est un caillot de sang qui s’est formé quand Bird lui a flanqué un coup de batte sur la tête. Il est sorti au moment où il a été buté.
    — Ah, fit Rudy.
    Teddy se retourna, le souffle court. Il s’assit. Je n’avais pas bougé. Je pensai : maintenant, il va falloir qu’ils viennent à moi.
    Teddy posa ses mains terrifiantes à plat sur la table, entre nous. Elles étaient grasses, bronzées, couvertes de taches dues à l’âge. Il portait des bagues à tête de mort, commémorant les anniversaires des Hells Angels, à tous les doigts.

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