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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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appris
qu’elle était malade, j’ai appelé, jamais je n’ai pu l’avoir au téléphone. Puis-je
entrer ?
    — Bien sûr. Ne regardez pas le désordre,
nous nous sommes couchés tard. Vous êtes Sarah ?
    — Oui. Voici mon cousin, Daniel
Zederman.
    — Bonjour monsieur, je vous présente
Franck Baudeleau, un ami.
    — Bonjour. Léa est-elle toujours à
Paris ?
    — Non, elle est retournée dans le
Bordelais.
    — Je lui ai écrit chez vous à deux
reprises. Avez-vous fait suivre mes lettres ?
    — Naturellement.
    — Je n’ai eu aucune réponse. J’ai été
absente plus d’un mois, peut-être a-t-elle essayé de me joindre ?
    — Je ne crois pas, fit Laure d’un ton
involontairement sec.
    — Pourquoi dites-vous cela ?
    Laure se renfrogna, ce fut Franck qui
répondit à sa place.
    — Nous ne savons pas ce qui s’est passé
entre Léa et vous, mais après votre rencontre, Léa est tombée malade. Dans ses
accès de fièvre, tour à tour elle vous suppliait de vous taire puis essayait de
vous consoler en pleurant. Ce qu’elle disait était si incohérent, si
épouvantable que Laure et moi avons cru qu’elle devenait folle. Quand elle a
été mieux et que vous avez appelé, Léa s’est mise à pleurer et à trembler, refusant
de vous parler. À peine guérie, elle a pris le premier train pour Bordeaux.
    Franck se tut ; un silence gêné s’installa.
Daniel regardait sa cousine, surpris de remarquer une émotion qui lui
paraissait excessive chez cette femme si terriblement maîtresse d’elle-même. Sarah
se reprit très vite.
    — Comment va-t-elle maintenant ?
    — Très bien, il y a beaucoup à faire à
Montillac et ça ne lui donne pas le temps de trop penser, dit Laure.
    — J’en suis heureuse. Si vous lui
écrivez dites-lui qu’elle me manque. Au revoir.
    La porte refermée, Laure et Franck restèrent
un moment sans échanger une parole. La sonnerie du téléphone les arracha à leur
mutisme. La jeune fille décrocha.
    — Allô, je suis bien chez Laure Delmas ?
    — Oui, c’est moi. Qui est à l’appareil ?
    — Bonjour, ma petite Laure, c’est
François Tavernier. Comment allez-vous ?
    — François !… Je suis bien
contente de vous entendre. Où êtes-vous ?
    — Pas très loin, à l’hôtel du
Pont-Royal. Léa est-elle à Paris ?
    — Non, elle est à Montillac. Une de vos
amies sort d’ici…
    — …
    — … Sarah Mulstein.
    — Que voulait-elle ?
    — Voir Léa. Je lui ai dit que ma sœur
ne voulait pas la revoir. J’ai bien fait, n’est-ce-pas ?… elle me fait
peur cette femme… allô, allô… vous êtes toujours là ?… Vous m’entendez ?…
allô…
    — Oui, je vous entends. Je vais essayer
de joindre Léa. Je passerai vous voir un jour prochain. À bientôt, petite fille.
    — Mais je… allô !… il a raccroché.
    Laure reposa le combiné d’un geste agacé.
    — Il m’énerve, il continue à me traiter
comme une gamine !
    — C’est vrai que tu es si vieille !
dit Franck en la prenant par la taille et en la faisant tournoyer jusqu’à ce
que sa mauvaise humeur fût dissipée.
    Essoufflée, elle se laissa tomber sur le lit
en riant.
    — Quelle heure est-il ?
    — Quatre heures.
    — Allez, sauve-toi, j’ai juste le temps
de me préparer.
    — Pour aller où ?
    — Voir François Tavernier, lui demander
de m’accompagner à Montillac et de me trouver une excuse pour ne pas y passer l’été.
Je préfère partir avec toi dans ce petit village du Midi où tes parents ont une
maison. Comment s’appelle-t-il, déjà ?
    — Saint-Tropez. Tu sais, ce n’est pas
très folichon. À part la pêche et la baignade, je ne vois pas très bien ce qu’on
peut y faire.
    — Ne t’inquiète pas, on trouvera bien. En
attendant, il nous faut absolument une voiture. C’est idiot, on a de l’essence
à ne savoir qu’en faire mais rien dans quoi la mettre. Tu crois que Claudine, ça
va marcher avec son Américain ?
    — Je pense… Pourquoi tu n’en parlerais
pas à ce Tavernier, tu m’avais bien dit qu’il était un peu louche pendant la
guerre ?
    — Oui, mais c’était pour donner le change.
Tu oublies qu’il était à la Libération auprès du général de Gaulle.
    — Tu sais, par les temps qui courent on
a vu des choses plus bizarres…
    — C’est vrai, malgré tout, je ne risque
rien à le lui demander maintenant, laisse-moi. On se retrouvera au « Flore » comme
d’habitude ?… Vers huit

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