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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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certitude en leur amour. Il leur semblait que
leurs corps enlacés ne touchaient plus terre, ils étaient comme portés par une
vague profonde qui les jetait dans un univers de paix et de bien-être. Sans s’être
quittés des yeux, ils se retrouvèrent allongés sur le sol. Presque sans bouger,
leurs sexes s’unirent, alors, de la pointe de leurs cheveux à la plante de
leurs pieds, ils ne furent que jouissance. Jouissance profonde, immatérielle, absolue.
Pas d’autres mouvements que le frémissement de toute leur chair… La houle
montante du plaisir les emportait, interminable… Ils sombrèrent dans une
somnolence bienheureuse.
    Le bien-être les
accompagna jusqu’au moment des adieux. L’émotion qu’éprouva Sarah faillit lui
faire rendre les armes lorsque Léa lui dit a voix basse en l’embrassant :
    — François m’a tout dit. J’essaierai de
ne pas être jalouse. Je t’aime, je suis d’accord.
    La main de Sarah s’agita longtemps à la
portière.

13.
    La maison parut bien vide à tous après le
départ de ses hôtes. Mais le travail quotidien auquel venaient s’ajouter les
préparatifs du mariage occupèrent le temps et les pensées de chacun. Un souci
cependant, l’état de santé d’Albertine dont Françoise et Léa venaient de
prendre conscience après la visite du médecin suite à un long évanouissement. Dûment
chapitré par la vieille demoiselle, il ne révéla qu’une partie de la vérité sur
l’état de santé de la malade. Mais le peu qu’il dit était suffisant pour les
alarmer, sans cependant les inquiéter vraiment. Quant à Lisa, elle ne semblait
pas se rendre compte de la gravité du mal dont était atteinte sa sœur et la
traita en riant de paresseuse quand celle-ci dut rester au lit sur ordre du
médecin.
    Albertine demanda
à voir le père Henri : elle lui avoua qu’elle se savait perdue et priait
Dieu de tenir jusqu’au mariage. À partir de ce moment, le moine, qui passait
quelques jours de repos à La Verderais chez son ami Jean Lefèvre, vint tous les
matins, après sa messe passer de longs moments avec elle. L’affectueuse
présence du prêtre, sa haute spiritualité, son amour profond des hommes lui
apportèrent une force nouvelle et un retour vers Dieu. Sa foi recouvrée, elle
voyait venir la mort sans peur. Ses craintes pour sa sœur s’étaient apaisées
depuis qu’elle avait pris avec le notaire toutes les dispositions nécessaires.
    Laure arriva la veille du mariage en taxi de
Bordeaux, ses bagages remplis de cadeaux pour ses sœurs et ses tantes. Elle fut
douloureusement impressionnée par la pâleur et la maigreur d’Albertine. Comme
elle avait changé en si peu de temps !
    Le lendemain, tôt levée, Françoise descendit
dans le jardin. La journée s’annonçait très belle. La jeune femme, d’un pas
lent, se dirigea vers Bellevue, mélancolique. Dans quelques heures, elle serait
la femme d’Alain Lebrun et toutes ses pensées étaient tournées vers le souvenir
d’Otto. Otto qu’elle avait l’impression de trahir en se mariant avec un autre. Il
était trop tard maintenant pour revenir en arrière. À quoi bon faire de la
peine à un brave homme comme Alain, à ses tantes et au petit Pierre qui s’était
pris pour son futur beau-père d’une grande affection. Sept heures sonnèrent au
clocher de Verdelais. Elle revint sur ses pas.
    Dans la cuisine, Charles et Pierre prenaient
bruyamment leur petit déjeuner préparé par Ruth qui avait recouvert sa
meilleure robe d’un grand tablier blanc.
    — Où étais-tu, Alain te cherche partout ?
    — Je suis allée faire un tour. Il reste
du café ?
    — Une pleine cafetière. Dépêchez-vous
les enfants, les cuisinières vont arriver.
    — Ruth…
    — Oui ?
    — Tu crois que j’ai raison ?
    La vieille gouvernante, qui versait le café
dans une tasse, suspendit son geste et regarda, les sourcils froncés, celle
dont elle avait soigné les maladies d’enfant, consolé les premiers chagrins.
    — Il est un peu tard pour y penser.
    Françoise soupira.
    — Tu as fait un bon choix, continua
Ruth. Pierre a besoin d’un père et toi, d’un homme. Lebrun est quelqu’un de
solide avec un cœur d’or. Tu seras heureuse avec lui, j’en suis sûre.
    — Merci, Ruth, tu me fais du bien. Charles
et Pierre, vous avez fini ?… Venez faire votre toilette.
    À peine venaient-ils de quitter la cuisine
tous les trois que Laure et Léa entrèrent, les cheveux emmêlés, les yeux encore
pleins

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