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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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en voyant les
traces de larmes sur les joues de Léa.
    — C’est à cause de moi que tu pleures ?…
Je vais très bien… dans deux jours je serai sur pied, te voilà rassurée ?…
Mais qu’as-tu ?… Pourquoi pleures-tu ?… Il est arrivé quelque chose ?…
    Ravalant ses larmes, Léa parvint à lui
raconter ce qui venait de lui arriver et lui transmit le message dont son
agresseur l’avait chargée.
    Sarah se redressa sans pouvoir retenir un
gémissement.
    — C’est de ma faute, j’aurais dû
attendre que tu sois rétablie.
    — Ce n’est rien. Ainsi, ils sont passés
à l’attaque. Je ne pensais pas qu’ils oseraient en France. Il faut croire qu’ils
ont des complicités que l’on ne soupçonnait pas ou qu’ils sentent que nous
sommes sur le point d’aboutir. Samuel a eu la confirmation que les deux femmes
que je recherche sont à Paris, elles seraient sur le point d’embarquer pour l’Argentine
avec d’autres criminels. Il faut que tu m’aides…
    — Mais Sarah, tu n’as pas compris, si
tu continues, ils te tueront !
    — Ils m’ont déjà tuée, je ne les crains
plus. Toi, que tu le veuilles ou non, tu fais partie des nôtres, tu n’as pas le
choix : à l’heure qu’il est ils savent tout de toi et de ta famille. Si tu
veux retrouver ta vie calme d’avant, il faut nous aider à les éliminer.
    — Tu es folle, le temps de la
clandestinité est révolu…
    — Nous sommes en plein dedans. Pour eux
comme pour nous, la guerre de l’ombre continue.
    — Ça, je l’ai compris. Pourquoi ne pas
dire à la police tout ce que tu sais sur leurs agissements en France ?
    — Parce qu’on ne voudra pas m’entendre.
Dire aux Français, au monde entier que les nazis sont toujours parmi nous, que
la bête immonde n’est pas morte mais toujours prête à mordre, que dans chaque
pays ils ont des amis désireux de les aider, qu’ils ont des hommes à eux dans
les gouvernements, les journaux, l’industrie, la littérature, dire tout cela, c’est,
dans le meilleur des cas, rencontrer une moquerie incrédule et dans le pire, des
sympathisants à leur cause. Non, je ne peux pas en parler à la police.
    — Aux services secrets alors ?
    — Là, on m’écouterait sûrement, mais on
me prierait de me taire.
    — Je ne comprends pas.
    — Parce qu’ils sont au courant et qu’ils
aident certains nazis à fuir en échange de renseignements…
    — Je ne te crois pas.
    — Pour la France, je n’en ai pas la
preuve, mais les Américains, entre autres, emploient les services de nombreux d’entre
eux. Je ne vois pas ce qui empêche les Français d’en faire autant.
    — Mais parce qu’ils sont français !…
    Sarah, dont le visage s’était durci au fur
et à mesure qu’elle parlait, éclata d’un rire mauvais.
    — Je ne pensais pas qu’après avoir vécu
ce que tu as vécu, vu la trahison, la collaboration jusque dans ta famille, tu
aurais encore tant de naïveté.
    Vaincue, Léa baissa la tête. Oui, même les
Français…
    Une religieuse entra.
    — Madame Tavernier il va falloir que
votre amie vous quitte, vous avez besoin de repos.
    — Merci ma sœur, elle s’en va.
    Un grand froid descendit en Léa. Incrédule, elle
regardait la porte se refermer sur la femme en habit blanc, glacée, la tête
baissée, n’osant affronter le regard de Sarah. Un vague espoir… à l’entrée, elle avait demandé madame
Mulstein…
    — Je vois que François ne t’a rien dit.
Nous nous sommes mariés à notre retour de Montillac. Mais ce n’est rien, ce n’est
qu’une formalité nécessaire. Entre toi et lui, rien ne sera changé. Je ne suis
pas jalouse.
    « Mais moi, je le suis », pensa
Léa au bord des larmes.
    — Il faut que tu voies François au plus
vite, continua Sarah, sans paraître remarquer la pâleur de Léa. À défaut, appelle
Danton 26-27. Tu t’en souviendras ?… surtout n’écris rien. Quand on te
répondra, tu diras que madame Hugo attend monsieur Sainte-Beuve à l’heure
prévue. À neuf heures ce soir, tu te rendras passage Saint-André-des-Arts. Tu
connais ?…
    Léa acquiesça.
    — Fais attention de ne pas être suivie.
Mets des vêtements sombres, tu es trop voyante avec ce tailleur bleu. À ce
rendez-vous, il y aura un des nôtres. Tu m’as bien dit que ton agresseur avait
un accent d’Europe centrale ?… et que tu as senti sa moustache dans ton
cou ?… cela peut être une indication. On s’approchera de toi en te

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