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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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de vous revoir. Vous êtes une amie
de monsieur Tavernier ?
    — Oui. Bonsoir madame, permettez-moi de
vous présenter ma sœur Laure et un ami, monsieur Zederman.
    — Bonjour mademoiselle, bonjour
monsieur. Je suis descendue au « Ritz », venez me voir tous les deux,
cela me fera plaisir de bavarder avec vous avant mon départ.
    Victoria Ocampo regagna sa table.
    — Où l’as-tu connue ? demanda Léa.
    —  à Buenos Aires. C’est une femme très importante là-bas, qui peut nous être très
utile, ajouta Tavernier en se tournant vers Daniel.
    Le meursault arriva et fut servi avec
précaution par le patron lui-même.
    — Vous m’en direz des nouvelles, c’est
une bouteille de derrière les fagots.
    — Hmm… il est aussi bon que celui que j’ai
bu en 43.
    Le patron se renfrogna et retourna à ses
fourneaux.
    — Il n’a pas eu l’air content, dit
Laure.
    — Il est bon parfois de rafraîchir la
mémoire à certains.
    — Encore ! Mais ne pouvez-vous
penser à autre chose ! Vous êtes bien un des rares qui pensez encore à ça.
Tout le monde s’en moque des collaborateurs, pas collaborateurs, des résistants,
pas résistants. C’est fini tout ça, les gens en ont assez, ils ne pensent qu’à
oublier, qu’à trouver de quoi manger, de quoi s’habiller, à vivre quoi ! La
guerre est finie, j’ai envie de m’amuser, pas qu’on me parle de vengeance, d’exécution,
de…
    — Vous avez raison, ma petite Laure, oublions
tout cela… pour ce soir.
    Il but lentement, un silence gêné s’installa
autour de la table. « Elle a raison, pensait Léa, à quoi ça sert de
revenir sur le passé ? Rien ne pourra faire que tout cela n’ait pas eu
lieu. » La plupart cherchaient à oublier, une poignée seulement voulaient
que la mémoire de l’horreur nazie subsistât. Léa était partagée.
    Au café, Tavernier annonça :
    — Nous allons rejoindre Sarah et Samuel
dans une boîte russe. Vous aimez la musique tzigane ?
    Sarah, les
paupières mi-closes, écoutait la plainte des violons. En blouses colorées, les
musiciens du « Shéhérazade » entouraient la table. Léa, un peu
ivre, se laissait aller au bien-être. Laure dévorait Daniel des yeux. Le jeune
homme, nerveux, fumait cigarette sur cigarette. Samuel et François étaient
songeurs.
    — C’est très joli ici, dit Laure, mais
si nous allions dans une cave de Saint-Germain-des-Prés ?
    — Oh ! oui, dit Léa, je n’y suis
jamais allée.
    Ils quittèrent le
cabaret vers deux heures du matin. La nuit était douce.
    Une voiture, tous
phares éteints, roulait vers eux. Des coups de feu jaillirent… des cris… Sarah
tomba. La voiture accéléra et tourna vers la place de l’Europe… Tout semblait
irréel… Samuel se pencha vers la jeune femme… le haut de sa robe blanche était
couvert de sang… elle ouvrit les yeux… François se pencha à son tour et
interpella le portier qui restait debout, bras ballants, interdit.
    — Vite, appelez un médecin.
    On entendit bientôt les sirènes de la police.
Un homme en bras de chemise, une trousse à la main, arriva à son tour, repoussant
les badauds. Il s’agenouilla et examina la blessée.
    — Une balle lui a traversé l’épaule, dit-il
à un policier en civil. Sous réserve d’un examen approfondi, cela n’a pas l’air
trop grave. Cette dame a eu de la chance.
    — Je veux bien vous croire, docteur, fit
Sarah avant de s’évanouir.
    Serrées l’une contre l’autre, Léa et Laure
pleuraient.
    — Vous voyez bien que ce n’est pas fini
pour tout le monde, dit Daniel d’un ton méchant à l’adresse de Laure.
    Les sanglots de la jeune fille redoublèrent.
    On chargea Sarah sur une civière que l’on
mit dans le fourgon de police. Samuel et Daniel montèrent avec elle.
    Après le récit fait au commissaire de ce
dont ils avaient été témoins, François, Laure et Léa regagnèrent leur voiture. Ils
firent le trajet en silence jusqu’à la rue Grégoire-de-Tours.
    — Il vaut mieux que vous passiez la
nuit ensemble. Je vais à l’hôpital et je reviendrai dès que possible. En
attendant, n’ouvrez à personne.
    François Tavernier
ne revint que tard dans la matinée, les traits tirés, le menton sali de barbe.
    — Sarah est hors de danger. Elle n’a
pas d’autre blessure que celle de l’épaule. Dans deux ou trois jours, elle
pourra quitter l’hôpital.
    — Que dit la police ?
    — Elle est dans le vague. Vous vous
souvenez que vous êtes

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