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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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amis. Dès son retour, elle
viendrait chercher son hôte et la conduirait à San Isidro. En attendant, le
directeur se tenait à sa disposition pour la piloter dans la ville.
    — Quelle chance tu as de descendre au « Plaza hotel », c’est un endroit que j’adore. Veux-tu que nous nous
retrouvions au bar ce soir à 9 heures ? Ensuite, nous pourrions dîner
ensemble.
    — Avec plaisir, à ce soir.
    Au « Plaza », le directeur l’attendait
et la conduisit lui-même à sa chambre.
    — N’hésitez pas à me déranger si vous
avez besoin de quelque chose. Je vous envoie la femme de chambre. Me ferez-vous
l’honneur de déjeuner avec moi ?
    — Bien volontiers.
    — Alors, à tout à l’heure, je vous
attendrai au grill.

20.
    — On m’avait prévenu, mais je ne
voulais pas le croire. Que fais-tu ici ?
    — Tu le vois, je suis en vacances.
    Léa réfréna l’élan qui la poussait vers lui.
Surtout, ne pas lui montrer sa joie de le revoir, qu’il ne devine pas l’envie
qu’elle avait de lui.
    Bon Dieu, qu’elle était belle, encore plus
désirable si c’était possible ! François avait beau essayer de montrer sa
colère, il était heureux, très heureux qu’elle soit là malgré tous les
problèmes qui allaient fatalement en découler.
    — Victoria Ocampo m’avait bien dit qu’elle
t’avait invitée et que tu avais accepté, mais je ne pensais pas que tu
viendrais.
    — Tu t’es trompé, je suis là.
    — Tu comptes rester longtemps ?
    — Je ne sais pas. Oh ! François… c’était
si dur là-bas, si triste !… J’avais l’impression de m’enfoncer dans un
ennui sans fin… Sans cesse, je pensais à Laure… à cette mort absurde… que c’est
moi qui aurais dû être à sa place… Et puis, cette morosité, ce désenchantement
en France… C’est pire que pendant la guerre, chacun ne pense qu’à soi, à son
porte-monnaie, à son garde-manger. Le marché noir n’a jamais été aussi
florissant, le trafic des tickets d’alimentation aussi important… La présence
des Américains est presque aussi pesante que celle des Allemands ; nous
avons troqué des troupes d’occupation contre d’autres… On a l’impression que
cela est sans issue… Ici, tout à l’air plus facile, les femmes sont élégantes, les
hommes bien habillés, les marchés regorgent de victuailles, les magasins de
marchandises. Il y a même du vrai chocolat en abondance. Les Argentins ne
semblent penser qu’à s’amuser et à courtiser les femmes.
    — C’est une spécialité du pays. Le mâle
argentin, quel que soit l’endroit, s’arrange toujours pour faire du coude ou du
genou à une femme, quand ce n’est pas davantage.
    — Je croyais que tous les hommes
étaient comme ça.
    — Avec toi, sans doute, dit-il en la
prenant dans ses bras.
    — Laisse-moi !
    — Pas question, il y a des semaines que
je pense à toi et que je n’ai pas…
    — Que tu n’as pas quoi ? dit-elle
en se débattant.
    — Tu sais très bien ce que je veux dire.
Mais peut-être n’en est-il pas de même pour toi. Je me suis laissé dire que sur
le bateau tu ne t’étais guère ennuyée, qu’on te faisait la cour et que ça n’avait
pas l’air de te déplaire.
    — Oui, et alors ?… Je suis libre, moi.
    — Non ! Tu es à moi.
    Avec quelle certitude il avait dit cela !
Il la bascula sur le lit. Mais Léa, malgré son désir, était bien décidée à ne
pas céder. C’était trop facile : il suffisait qu’il apparût et hop ! elle
se retrouvait dans ses bras, amoureuse et ronronnante. Il fallait que cela
change !
    Contre toute attente, il la laissa, se
releva et alluma une cigarette.
    — Je suis invité à la réception donnée
pour le mariage de la fille du chef de la police, le général Velazco. Il y aura
toute la société péroniste, ce peut être amusant pour toi.
    — Sarah sera là ?
    — Évidemment, elle est presque intime d’Eva
Perón. C’est très utile pour nous. As-tu une robe élégante ? Il faut que
tu sois la plus belle.
    — Je crois que ça ira. C’est à quelle
heure ?
    —  à vingt heures.
    Il était vingt et
une heure passées, quand François Tavernier, Sarah et Léa arrivèrent à la
réception. La mariée, en robe à volants à traîne, le corsage égayé par une
lavallière bleu foncé, recevait les compliments des invités en compagnie de son
mari, Léo Max Lichtschein, et de son père en uniforme. Assise, entourée d’une
cour de jeunes hommes,

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