Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
Vom Netzwerk:
vous.
    — Ah oui ?… Comment ça ?
    — Comme étant une amie de la belle
présidente.
    — Les nouvelles vont vite en Argentine.
Vous vous plaisez dans ce pays ?
    — Beaucoup. Les Argentins sont des gens
très hospitaliers. Et vous même, madame, vous plaisez-vous ici, loin de Paris ?
    — On trouve à Buenos Aires tout ce qu’on
trouvait à Paris avant la guerre, c’est une ville très francophone, je ne suis
pas du tout dépaysée ici.
    — Et vous, Léa, vous plaisez-vous au
pays du tango ?
    — Beaucoup.
    — Avez-vous revu cette jeune femme dont
vous fîtes connaissance sur le bateau ?
    — Tenez… quand on parle du loup… Carmen !…
    —  Che, Léa !… Chérie que je
suis contente… Comment se fait-il que tu sois ici ?…
    — Je suis venue avec des amis. Tu te
souviens de monsieur Vanderveen ?
    — Comment oublierais-je notre
protecteur des rues de Rio ? Que c’est drôle que vous soyez là. Vous êtes
un ami du marié, peut-être ?
    — Non, du général Velazco.
    Léa et Sarah se lancèrent un bref coup d’œil
qui n’échappa pas à Carmen.
    — Et vous, de qui êtes-vous l’amie ?
De la mariée ?
    — Non, de la señora Perón.
    — Je croyais que vous étiez brouillées ?
    — Oh ! non, on ne se fâche pas
facilement avec moi. Léa, je fais demain une émission à Radio Belgrano, il y
aura le grand chanteur de tango Hugo del Carril. Je t’emmène, ce sera très
amusant… Oh, quel bel homme !
    — C’est mon mari, fit Sarah.
    — Oh pardon !
    — Il n’y a pas de mal. Mon chéri, voici
une jeune fille qui te trouve très séduisant. Mademoiselle ?…
    — Carmen Ortega, répondit-elle en
rougissant.
    Léa s’écarta, le cœur serré. Que
faisait-elle ici, dans ce pays inconnu, avec ces étrangers ?… Elle
regardait l’homme qu’elle aimait, qu’elle était venue chercher jusque-là sans
vouloir se l’avouer en se donnant de fausses raisons, faire le joli cœur avec
cette petite actrice argentine sous le prétexte qu’elle le trouvait « bel
homme » !… et Sarah qui jouait les entremetteuses !… Et Rik
Vanderveen, pourquoi la regardait-il ainsi ?… Pourvu qu’il ne devine rien !…
Elle lui sourit, coquette.
    — Comme vous sembliez loin, tout à l’heure.
On dirait que vous vous ennuyez ?
    — Un peu. Si nous partions ?
    — Ce serait incorrect vis-à-vis de vos
amis…
    — Ça m’est égal, j’ai envie de m’en
aller. Vous venez ?
    François, accaparé par Carmen Ortega, les
vit partir la rage au cœur. Ah, la garce ! elle le lui paierait.
    À la table voisine
de celle occupée par Rik Vanderveen et Léa au restaurant « La Cabana »,
six hommes parlaient fort en allemand, très naturels, comme s’ils étaient dans
une brasserie de Munich. Mal à l’aise, Léa s’agitait sur sa chaise, touchant à
peine la somptueuse viande qui était dans son assiette.
    — Vous n’aimez pas ? demanda
Vanderveen.
    — Je n’ai pas très faim.
    — L’endroit vous déplaît ?
    — Pas du tout, c’est amusant mais nos
voisins sont très bruyants.
    — Comprenez-vous ce qu’ils disent ?
    — Pas du tout. Et vous ?
    — Un peu, ce sont des Allemands. Il y
en a beaucoup ici. Vous n’avez pas remarqué ?
    — Non, je n’ai pas fait attention. Vous
restez longtemps en Argentine ?
    — Cela dépend de vous.
    — Comment cela ?
    — Il m’est très agréable de vous revoir
et j’aimerais que nous fassions plus ample connaissance.
    Léa ne répondit pas.
    — Vous ne dites rien ? Qu’en
pensez-vous ?
    Que lui répondre ? Pourquoi avait-elle
accepté de dîner avec lui ? C’était idiot : tout ça pour rendre
François jaloux.
    — Ce serait charmant, dit-elle d’un ton
désinvolte. Mais pas avant quelque temps, je suis très prise en ce moment.
    — Je suis très patient, chère amie.
    Il y avait comme une menace dans sa façon de
s’exprimer. Léa vit arriver la fin du repas avec soulagement. Il la raccompagna
jusqu’au « Plaza ». Dans le hall, Vanderveen la remercia pour l’excellente
soirée et ajouta :
    — Je quitte Buenos Aires pour quelques
jours. Dès mon retour je vous ferai signe. À bientôt. Je vous souhaite une très
bonne nuit.
    — Bonne nuit.
    En lui donnant sa clef, le concierge lui
remit un message.
    Dans l’ascenseur, Léa lut :
    « Je passe te prendre demain pour
déjeuner. Je t’embrasse, Sarah. »
    Assise dans un
confortable fauteuil du bar du « Plaza »,

Weitere Kostenlose Bücher