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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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dernière ?
    — Oui, j’étais évanoui, ils m’ont
torturé… ils voulaient savoir si je vous connaissais et quels étaient mes
complices. Je ne leur ai rien dit, sauf que j’étais allemand comme eux et que j’avais
fui l’Allemagne à l’aide de faux papiers.
    — Ils vous ont cru ?
    — À Buenos Aires, les vrais ou faux
policiers argentins qui m’avaient arrêté ont eu un doute mais cela n’a pas duré
longtemps. Ils m’ont jeté dans une voiture et m’ont conduit ici où ils ont
recommencé à me rouer de coups. Ils m’ont bandé les yeux. J’ai repris connaissance
dans une sorte de cave. Me croyant sans doute plus amoché que je ne l’étais, ils
ont négligé de m’attacher. Dans la nuit, j’ai senti un filet d’air, j’ai creusé
et je suis sorti au pied de cet arbre.
    — J’ai suivi le même chemin que vous, mais
je ne savais pas qui j’allais trouver au bout.
    — Est-on loin de Buenos Aires ?
    — Je ne sais pas très bien. Six cents, huit
cents kilomètres. Vous êtes ici àl’ estancia Ortiz , à deux cents
kilomètres de Mar del Plata.
    — Que faites-vous ici ? Vous n’êtes
pas prisonnière ?
    — Non… pas encore. J’habite chez
Victoria Ocampo mais je suis venue passer quelques jours àl’ estancia avec les enfants d’Ortiz. Cette nuit, j’ai surpris ensemble les deux nazis du
bateau avec Ortiz. Rik Vanderveen est aussi àl’ estancia.
    — Rik Vanderveen ?… Que vient-il
faire là-dedans ? Les renseignements de Tel-Aviv à son sujet sont formels :
il s’agit bien d’un industriel hollandais.
    — Peut-être… c’est pour le moins
étrange…
    — Mais…
    — Attendez, je n’ai pas fini : j’ai
également surpris à l’ estancia une réunion à laquelle participait le
fils de la maison, Jaime, devant un portrait de Hitler et des drapeaux à croix
gammée.
    — C’étaient des Allemands ?
    — Il y en avait sans doute, je n’ai pas
pu voir combien ils étaient. De plus, ils parlaient espagnol.
    — Vous avez compris ce qu’ils disaient ?
    — Vous savez bien que je ne parle pas
un mot de cette langue.
    — Moi, j’ai commencé à l’apprendre, j’arrive
à me débrouiller. Il faut que je retourne à Buenos Aires. Pouvez-vous me
procurer de l’argent et des vêtements ?
    — Je vais essayer. Mais vous ne pouvez
pas rester ici. Tout à l’heure j’ai rencontré un camion d’hommes en armes.
    — C’est moi qu’ils cherchent.
    — Comment avez-vous pu leur échapper ?
    — J’ai eu de la chance, ils ont regardé
sous les arbres, dans les buissons mais pas en l’air. J’ai grimpé dans l’arbre
et je me suis caché entre les branches. Quand je vous ai aperçue, j’ai cru que
la fièvre me donnait des hallucinations.
    — Qu’allons-nous faire ?
    — Vous allez retourner vers la maison. Je
vous suivrai de loin, à travers bois et cette nuit vous m’apporterez ce dont j’ai
besoin.
    — Si vous croyez que cela va être
facile. Entre les arbres et la maison, il y a une pelouse grande comme la place
de l’Étoile et la nuit je crois bien que les gardes patrouillent. Il vaut mieux
faire ça en plein jour.
    — En plein jour ?…
    — Oui, ils sont tous partis à cheval
pour la journée, il n’y a que les domestiques. Je vais aller leur demander une
collation que je mettrai dans un panier avec des vêtements.
    — Pour les vêtements, comment
allez-vous faire ?
    — Jaime est à peu près de votre taille,
je vais en trouver dans sa chambre.
    — Très bien, allons-y.
    Daniel se leva péniblement en grimaçant.
    — Vous croyez que vous allez pouvoir
marcher ?
    — Ne vous inquiétez pas, ça ira.
    Quand ils
arrivèrent en vue de la maison, Daniel, épuisé, se laissa tomber ; une
odeur désagréable montait de son pansement souillé.
    — Il vous faut un médecin.
    — On verra plus tard, faites vite.
    Léa s’éloigna en courant vers la maison.
    — Voilà qui
ira, dit-elle à haute voix en décrochant de la penderie un costume de lin
marron.
    Dans le tiroir de la commode, elle prit des
sous-vêtements et une chemise ; dans un placard, elle trouva des
chaussures de toile souple et, dans l’armoire à pharmacie de la salle de bains
de quoi faire un pansement.
    Comme elle sortait de la chambre, le
téléphone sonna. Quelqu’un décrocha. Quelques instants après une voix appela en
bas de l’escalier :
    —  Señorita… señorita, una llamada
para usted [27] .
    Léa descendit quatre à

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