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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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pensa
plus qu’à l’éclatante beauté de la forêt. On avait fini de couper les fougères et,
la pluie s’étant enfin arrêtée, de nombreuses clairières encaissées que Margaret
avait seulement aperçues de loin en juillet et en août étaient maintenant accessibles.
Elle avait appris à dessiner avec Edith ; et pendant les périodes maussades
où régnait le mauvais temps, elle avait trop regretté de s’être bornée à se délecter
paresseusement des splendeurs de la forêt alors qu’il faisait beau, pour ne pas
être à présent fermement décidée à réaliser autant de croquis qu’elle le pourrait
avant que l’hiver ne s’installe. Elle était donc fort occupée à préparer sa planche
à dessin un matin lorsque Sarah, la femme de chambre, ouvrit toute grande la porte
du salon et annonça :
    — Mr Henry Lennox.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
III
     
    « Rien ne sert de courir »
     
     
     
    Si tu
veux d’une femme mériter la foi,
    Agis
avec honneur, car c’est là noble tâche,
    Et gravité
loyale assortie de panache,
    Comme
si vie et mort étaient enjeu pour toi.
     
    Éloigne-la
des bals et divertissements,
    Guide
son doux regard vers les deux étoiles,
    Empêche-la
par ta sincérité zélée
    De trop
prêter l’oreille aux éloges galants.
    Mrs Browning [8] .
     
     
    — Mr Henry Lennox.
    Quelques instants plus tôt, Margaret avait pensé à lui en se
rappelant l’intérêt qu’il avait manifesté pour la nature de ses occupations chez
elle. C’était «  parler du soleil et l’on en voit les rayons * [9]  ».
Le visage de Margaret s’illumina comme sous l’effet de l’astre, elle posa sa planche
et s’avança vers le visiteur pour lui serrer la main.
    — Prévenez maman, Sarah, dit-elle. Maman et moi avons mille
questions à vous poser à propos d’Edith. Je vous suis vraiment très obligée d’être
venu.
    — Ne vous avais-je pas dit que je le ferais ? demanda-t-il
en parlant un peu plus bas qu’elle.
    — Mais j’avais eu de vos nouvelles alors que vous étiez
dans les hautes terres d’Écosse, si loin que jamais je n’aurais cru que vous pourriez
venir jusque dans le Hampshire.
    — Oh, reprit-il sur un ton plus léger, notre jeune couple
faisait toutes sortes de folies, ne reculait devant aucun risque, escaladait telle
montagne, se promenait en bateau sur tel lac, tant et si bien que je me suis convaincu
qu’ils avaient l’un et l’autre besoin d’un mentor vigilant. Et ce n’était pas superflu ;
mon oncle était tout à fait dépassé par les événements, en proie à la panique seize
heures sur vingt-quatre. Au reste, quand j’ai vu que l’on ne pouvait pas les laisser
seuls, je me suis fait un devoir de ne pas les lâcher tant qu’ils n’étaient pas
arrivés à bon port à Plymouth et montés sur leur bateau.
    — Vous avez été jusqu’à Plymouth ? Oh ! Edith
ne m’en a rien dit. Il est vrai que ces derniers temps, ses lettres ont été écrites
en grande hâte. Sont-ils partis mardi pour tout de bon ?
    — Oui, pour tout de bon. Et ils m’ont ainsi libéré de mes
multiples responsabilités. Edith m’a confié toutes sortes de messages pour vous.
Je crois que j’ai un tout petit mot d’elle quelque part ; oui, le voilà.
    — Oh, merci, s’exclama Margaret.
    Comme elle préférait le lire seule et sans témoin, elle prétexta
qu’elle devait prévenir à nouveau sa mère (Sarah avait sûrement mal transmis le
message) de la visite de Mr Lennox.
    Lorsqu’elle eut quitté la pièce, il se mit à regarder autour
de lui avec sa minutie coutumière. Inondé par la lumière du matin, le petit salon
se montrait sous son aspect le plus riant. La vitre du milieu de la fenêtre en rotonde
était ouverte, laissant voir dans l’encadrement des grappes de roses et du chèvrefeuille
écarlate. La petite pelouse était ravissante, avec ses verveines et ses géraniums
aux nuances multiples et éclatantes. Mais la vivacité même des couleurs du jardin,
par contraste, faisait paraître fanées celles de l’intérieur. Le tapis avait connu
des jours meilleurs ; la toile indienne avait été souvent lavée ; comme
cadre et environnement pour Margaret, si royale elle-même, la pièce entière semblait
plus petite et plus pauvre qu’il ne l’aurait cru.
    Il prit l’un des livres posés sur la table ; c’était le Paradis de Dante, avec la reliure italienne originale de vélin blanc et or ;
à côté se trouvait un

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