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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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veut partir dans l’autre sens : des mouvements révolutionnaires éclatent à Lyon, à Marseille. Le plus important démarre à Paris en mars. Le gouvernement veut désarmer la garde nationale et reprendre ses canons. Le peuple parisien, écœuré par la défaite, refuse. Le gouvernement légal sent que l’affrontement est imprudent, il évacue. La ville se soulève et nomme un conseil municipal très à gauche qui aura tout pouvoir : c’est « la Commune ». Ses réalisations seront minces – comment changer l’ordre social en quelques semaines ? –, mais un mythe est né, grandi dans le souvenir, ennobli par l’horreur de la répression qui a écrasé le mouvement. Thiers est réfugié à Versailles, il décide que seule la manière forte peut mettre fin au désordre. Il lance sur Paris l’armée, formée de ceux que l’on appelle donc les « Versaillais » : durant la « Semaine sanglante », du 21 au 28 mai 1871, la reconquête est menée au fusil et au canon. Les communards, par rétorsion, ont fusillé quelques personnalités qu’ils détenaient en otages, dont la plus célèbre est l’archevêque de Paris. Mais le bilan, de leur côté, est lourd : 20 000 des leurs sont massacrées, dont le dernier carré devant le « mur des Fédérés », au cimetière du Père-Lachaise. Par la suite, 13 000 hommes et femmes seront déportés en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie.
    La République commence d’autant plus mal que l’Assemblée n’en veut pas. C’est le paradoxe des débuts de ce nouveau régime : la plupart des députés fraîchement élus n’espèrent que le retour d’un roi. Malheureusement pour eux, le prétendant au trône, le « comte de Chambord », petit-fils de Charles X, est un homme assez stupide et buté, qui a de curieuses prétentions politiques : il veut que l’emblème du nouveau pouvoir soit le drapeau blanc. À quoi se joue le destin d’un pays ? L’Assemblée est monarchiste, mais patriote elle préfère le tricolore. On discute. Très vite, on s’enferre. Exit Chambord. Début 1875, faute de candidat à la couronne, on doit trouver une solution viable pour diriger le pays. Un certain Wallon, député, dépose un amendement qui prévoit l’élection, pour sept ans, par les deux chambres, d’un « président de la République ». L’amendement est voté à une seule voix de majorité, mais la nature du régime est résolue. Reste à assurer sa viabilité politique. Un détail manque à l’édifice. La France a donc désormais une Chambre républicaine et un président de la République, mais il est monarchiste ! Il s’appelle Mac-Mahon, la légende en a fait l’homme le plus bête de la période, mais il est tenace et il entend bien tout faire pour que son point de vue triomphe. S’ensuivent, à partir de 1876, trois ans de bras de fer, de crise, de démission de ministères et de dissolution de la Chambre. Pour autant, les nouvelles élections vont toutes dans le même sens, à gauche. Elles aboutissent en 1879 à la victoire totale de ce camp : la Chambre des députés est majoritairement républicaine, le Sénat également, Mac-Mahon s’avoue vaincu et démissionne enfin. Il est remplacé par Jules Grévy. Ainsi, même le président de la République est républicain. La Troisième peut vraiment commencer et suivre son cours tel que nous l’avons en tête, avec ses présidents en frac qui inaugurent des chrysanthèmes, ses gouvernements qui tombent, ses grands principes et ses nombreux scandales. Ni les uns ni les autres ne manquent.

    La période a en effet un versant lumineux. C’est alors que sont adoptés tous les signes et toutes les lois qui fondent cette idée de la République qui est toujours la nôtre : La Marseillaise devient l’hymne du pays en 1879 ; le 14 juillet, la fête nationale en 1880. La devise « Liberté, Égalité, Fraternité » apparaît au fronton des mairies. Pour rompre avec le corset du Second Empire sont garanties les unes après les autres les grandes libertés publiques : la liberté de la presse (1881), la liberté syndicale (1884), bientôt la liberté d’association (la fameuse loi de 1901, toujours en vigueur). Les lois Ferry, dans ces mêmes années 1880, organisent un enseignement primaire laïque, gratuit et obligatoire (de six à treize ans). C’est la République des grands ancêtres, Gambetta, Jules Ferry d’abord, qui cèdent la place, au tournant du siècle, aux grands

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