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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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En 1931, porte de Vincennes, à Paris, des millions de visiteurs se pressent pour admirer les temples khmers et les villages indigènes, s’enivrer d’exotisme à deux sous, et se gaver d’une autocélébration qui, elle aussi, coule à flots. C’est la grande « Exposition coloniale ». Elle est considérée depuis comme l’apogée de l’empire. Au début des années 1960, après quinze ans d’une décolonisation plus ou moins douloureuse selon les endroits, il n’en reste rien, ou presque. On voit que cette fameuse colonisation dura peu. On sait aussi que son histoire continue à peser d’un tel poids sur la conscience collective de notre pays et de tous ceux qui en furent les victimes qu’il n’est pas inutile de tenter de la résumer en quelques idées claires.
    Dans le détail, l’épopée est riche et complexe 1 . Les conquêtes se déroulent de façon très différente les unes des autres. Vers les années 1870-1880, l’explorateur Savorgnan de Brazza, un Français humaniste d’origine italienne qui a patiemment remonté le fleuve Congo et appris à connaître les populations, donne à la France un immense territoire sans avoir tiré un seul coup de fusil. Quelques années plus tard, au Dahomey (l’actuel Bénin) ou au Soudan (le futur « Soudan français », c’est-à-dire le Mali), il faut de longues guerres et beaucoup de canons pour soumettre les armées puissantes du roi Béhanzin ou celles de l’empereur Samory, deux irréductibles guerriers qui resteront, pour cette raison, des héros dans la mémoire africaine.
    Les régimes appliqués d’un bout à l’autre de l’empire sont divers. L’Algérie, après une longue « pacification » – c’est-à-dire une guerre impitoyable pour briser toute résistance à l’occupation et chasser de leur terre ceux qui y habitaient –, est devenue une colonie de peuplement , comme le sera la Nouvelle-Calédonie : la métropole y favorise l’implantation d’Européens. En Afrique noire ou en Indochine, les seuls Blancs qu’elle envoie sont les fonctionnaires qui administrent le pays, ou les industriels et commerçants qui y font leurs affaires. La Tunisie et le Maroc sont des protectorats  : ils dépendent du ministère des Affaires étrangères, et la puissance coloniale y règle tout, comme ailleurs, mais elle y a maintenu une fiction de pouvoir national, un bey à Tunis, un sultan à Rabat. Après la guerre de 1914, s’ajoute un nouveau buisson à ce maquis administratif : les mandats , cette délégation de pouvoir octroyée par la Société des Nations (la SDN, ancêtre de l’ONU) pour administrer les possessions des vaincus.

    L’épopée impériale
    Les causes de ce grand mouvement historique sont tout aussi complexes. La politique y a joué son rôle. Dans les années 1880, les grands dirigeants républicains sont très favorables à l’expansion impériale, parce qu’ils pensent qu’elle peut redonner lustre et gloire au pays meurtri par la défaite de 1870. La propagande ne se fait pas prier pour aller dans ce sens : dans les grands journaux illustrés, dans les romans, la colonisation devient une épopée qui doit faire rêver les foules, avec ses grands héros, ses explorateurs et ses soldats partis civiliser les sauvages dans des jungles et savanes d’un exotisme fou. La droite, à ce moment-là au moins, y est hostile : ces chimères lointaines détournent la nation du seul but qui doit être le sien, reconquérir l’Alsace-Lorraine. « J’ai perdu deux sœurs, dit le leader nationaliste Déroulède, et vous m’offrez vingt domestiques. » Il les adoptera bien vite, comme tout son camp. En 1914, excepté ceux qui se situent à l’extrême gauche, tous les Français sont unanimement convaincus des grandeurs du colonialisme.
    Ils ne sont pas les seuls. Cette fièvre a saisi toutes les nations d’Europe les unes après les autres. L’Angleterre, avec ses dominions – le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande –, avec les Indes, l’Afrique du Sud, l’Afrique de l’Est, l’Égypte et Malte, est la première puissance impériale au monde. Les Pays-Bas possèdent la gigantesque Indonésie ; le Portugal des comptoirs en Asie, le Mozambique, l’Angola ; l’Allemagne s’y met tard, mais prend pied au Cameroun, au Togo, au Tanganyika, au Rwanda, au Burundi. Du coup, l’Italie veut sa part, qu’elle aura bien du mal à prendre : partie à la conquête de l’Éthiopie, elle est défaite en 1896

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