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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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radicaux, comme Aristide Briand ou Clemenceau. Celle où les instituteurs qui vont la défendre en apportant l’instruction aux plus humbles petits paysans dans les villages sont appelés ses « hussards noirs ». Sous cet angle, l’époque pourrait nous sembler héroïque et fondatrice. Elle a aussi des côtés plus sombres, qui apparaîtront lors de crises terribles. Nous y reviendrons bientôt.

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    La colonisation

    À la fin du xix e  siècle, nous disent les livres, lorsqu’un écolier français veut gonfler son cœur de gloire patriotique, il peut faire un geste simple : lever les yeux pour regarder la carte du monde qui orne la salle de classe et perdre son regard sur les immenses taches roses qui s’y étendent sur tous les continents. Afrique blanche, Afrique noire, Madagascar, Indochine, partout l’empire, partout la France, partout le drapeau ! Les livres nous disent moins à quoi peut bien songer alors, de son côté de la planète, l’enfant dont on vient d’obliger le peuple à vivre sous ce drapeau.
    Nous allons parler d’un épisode de notre histoire finalement assez bref, mais qui l’a marquée durablement : la colonisation.

    De fait, la pratique est ancienne. Il y eut, sous l’Ancien Régime, un « premier empire colonial français », c’est son appellation docte. Au xvii e et au xviii e  siècle, dans la foulée des « Grandes Découvertes » et de la première mainmise de l’Europe sur le monde, ont été françaises une immense partie de l’Amérique du Nord (le Canada et la Louisiane) ; une partie de l’Inde ; quelques-unes des plus riches Antilles ; ou encore l’île de France – actuelle île Maurice. Tout, ou presque, a été perdu lors des guerres contre les Anglais sous Louis XV puis sous Napoléon.
    Repères
    – Règne de Charles X (1830) : prise d’Alger
    – Monarchie de Juillet : conquête de Mayotte et Tahiti
    – Second Empire : Nouvelle-Calédonie, Sénégal, Cochinchine et Cambodge
    – Troisième République : Tunisie, Guinée, Haute Volta, Niger, Congo, Tchad, Madagascar, Indochine et Djibouti sous domination française
    – 1919 : mandats français sur les anciennes possessions allemandes ou ottomanes (Syrie, Liban, Cameroun et Togo)
    Charles X, à la fin des années 1820, relance la machine d’une façon qui tient du vaudeville. Très impopulaire, il cherche à mener une petite guerre étrangère, moyen classique de reconquérir une opinion intérieure. Où la faire ? En 1827, de l’autre côté de la Méditerranée, le dey, patron de la « régence d’Alger », dépendance délabrée et lointaine du vieil Empire ottoman, offre un prétexte sur un plateau : exaspéré par une dette datant du Directoire que la France refusait toujours de rembourser, il donne un coup de chasse-mouches à notre consul. On n’est pas très sûr qu’il l’ait atteint et l’on sait bien par ailleurs que ledit consul est un escroc notoire, mais quand on cherche une guerre, on ne fait pas la fine bouche. Paris fait monter la sauce comme il se doit et trois ans plus tard, en juin 1830, 26 000 hommes débarquent à Sidi-Ferruch. En juillet ils prennent la capitale, mais c’est déjà trop tard : le roi à qui ils viennent d’offrir une victoire a perdu sa couronne. Ils se contentent donc de faire à son successeur ce cadeau assez encombrant auquel il tient fort peu : la métropole ne commencera à s’occuper de l’Algérie que dix ans plus tard. Mais, dès lors, le pli est pris : le « second empire colonial » est né, il ne cessera de croître.
    Tous les régimes apporteront leur pierre à l’édifice. Sous la monarchie de Juillet, conquête de Mayotte et Tahiti. Au temps de Napoléon III, la Nouvelle-Calédonie, le Sénégal, et bientôt la Cochinchine et le Cambodge. Sous la III e République enfin, le mouvement prend une ampleur qui donne le vertige : en quelques décennies, la Tunisie, la Guinée, la Haute-Volta, le Niger, le Congo, le Tchad, Madagascar, l’Indochine tout entière, ou encore Djibouti passent sous domination française, et on en oublie forcément. Le Maroc, en 1912, est le dernier joyau posé sur cette couronne avant la Grande Guerre. Mais les traités qui y mettent fin en apportent d’autres, en rétrocédant aux vainqueurs les anciennes dépendances des vaincus : s’ajoutent ainsi à la liste une grande partie du Togo et du Cameroun, qui étaient allemands, ou la Syrie et le Liban, qui étaient ottomans.

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